Voici l’Abbatiale Saint Michel de Nantua dans l’Ain. « Sœur ainée et fille de Cluny », l’abbatiale Saint Michel de Nantua est l’édifice roman le plus important du département de l’Ain. Selon la légende, saint Amand serait passé dans la  région et aurait été subjugué par le terre de Nantua. Il veut se retirer dans la solitude et l’endroit lui paraît parfait pour fonder un monastère.

Ce monastère remonterait au VIIème siècle. C’est un monastère bénédictin situé sur un lieu de passage très important entre la Suisse et l’Italie d’une part et la voie romaine au fond de la cluse d’autre part. C’est aussi un lieu de passage incontournable pour les pèlerons qui vont à saint Jacques de Compostelle. La vie monacale se déroule sans problème jusqu’en 959.

En effet, cette année là, les Hongres attaquent d’une manière très violente. Ils détruisent tout sur leur passage et ce jusqu’à Mâcon. Les quelques survivants qui avaient trouvé refuge dans les montagnes avoisinantes essayent de rebâtir tant bien que mal et le monastère a beaucoup de difficultés à se reconstruire malgré les dons des pèlerins et des riches Maisons de Genève et de Savoie.

On fait alors appel à Cluny dont la fondation remonte à 910 et qui prend Nantua sous sa protection. L’abbatiale est reconstruite vers le fin du XIème et début XIIème siècle. Elle se trouve consacrée sous le vocable de saint Pierre et saint Paul.

Mutilée pendant la révolution française, particulièrement pendant la terreur de 1793, elle deviendra église paroissiale au XIXème siècle.

Elle garde, dans son architecture sobre due à sa destination première d’abbatiale, une profonde majesté qui invite au recueillement et au silence. D’ailleurs, le visiteur est accueilli par une phrase latine se trouvant sur le linteau de la porte et dont la traduction peut être : « de peur que le temps ne fasse oublier le passé, cette pierre rend témoignage de ce qui s’est accompli ».

Le superbe chœur roman et gothique et son orgue historique, est unique en France.

La richesse d’ornementation du portail central est l’un des plus beaux de la Bourgogne romane. Selon l’historien de l’art Raymond Oursel, « la sculpture romane brille d’un dernier feu au fond du Bugey ».

Selon l’historien de l’art Raymond Oursel, « la sculpture romane brille d’un dernier feu au fond du Bugey ». Le grand portail occidental, percé dans une façade austère, frappe en effet par la virtuosité de sa sculpture, malgré les visages bûchés. Le linteau affirme le sacrement de l’Eucharistie avec une représentation de la Cène, le dernier repas que le Christ partagea avec ses douze apôtres avant son arrestation. La densité des plis aux arêtes vives des vêtements et de la nappe se détachant sur un fond de vaguelettes, est l’œuvre d’un artiste talentueux dont le style dénote l’influence bourguignonne. Leurs noms latins sont gravés dans la pierre au-dessus d’eux. Selon l’iconographie classique, le tympan bûché à la Révolution présentait le Christ en majesté entouré des quatre évangélistes ; des scènes de la vie de la Vierge sont visibles sur les chapiteaux : Visitation, Annonciation et Purification. Les détails finement ciselés se retrouvent dans la seule voussure subsistante et dans les tailloirs des chapiteaux aux longs entrelacs dans lesquels picorent des oiseaux.

La coupole du clocher est haute de 30 mètres. La remarquable acoustique de l’église est fortement appréciée par les amateurs de musique notamment lors des concerts des Amis de l’orgue.

L’un des joyaux de l’église est la chapelle Sainte-Anne, de style Renaissance, avec les magnifiques arceaux de sa voûte, son retable en pierre, ses vitraux et « le martyre de Saint Sébastien » d’Eugène Delacroix.

La visite est libre et gratuite. Ouverte tous les jours de 8h30 à 19h sauf dimanche matin. Visite commentée pour les groupes momentanément indisponible. (Merci à Guizmo)