C’est grâce à l’aimable entremise de Patrick Germain dont les lecteurs de Noblesse et Royautés ont pu apprécier depuis de nombreuses années les articles historiques, qu’une entrevue en marge de la venue de l’archiduchesse Catharina d’Autriche à Nice, a pu être organisée. Le rendez-vous fut fixé en fin de matinée à l’hôtel Westminster sur la Promenade des Anglais. L’archiduchesse venait d’arriver quelques instants plus tôt de l’aéroport en provenance de Genève où elle réside. Le contact est immédiatement très chaleureux, permettant un dialogue franc et sincère tout au long de l’entrevue qui a duré plus d‘une heure.

Ce qui retient immédiatement l’attention au contact avec l’archiduchesse c’est sa grande affabilité, son extrême gentillesse, qui sont intimement liées à son éducation. Noblesse et Royautés vous propose en plusieurs volets de découvrir mieux la personnalité de l’archiduchesse et l’histoire de sa famille.

Noblesse et Royautés : Madame, vous êtes née en Bavière mais vous avez grandi en Belgique puis étudié et habité en Espagne, en France, en Italie et en Suisse. Quand on est qui plus est la petite-fille du dernier empereur et de la dernière impératrice d’Autriche-Hongrie, comment se sent-on ? Européenne avant tout ?

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : En fait citoyenne du monde. D’une certaine manière, c’est positif de ne pas disposer de racines car cela vous donne une ouverture d’esprit énorme, cela vous permet plus facilement de pouvoir vous adapter rapidement dans les différents endroits où vous êtes amenée à vous établir. Lorsque je parle de racines, je veux bien entendu dire pas de racines physiques mais je suis pleinement liée de corps et d’esprit à l’Autriche. Je possède d’ailleurs uniquement la nationalité autrichienne alors que j’aurai pu aussi être allemande, belge ou italienne.

Noblesse et Royautés : Le fait que vous appartenez à la famille impériale d’Autriche, suscitait-il l’intérêt voire la curiosité de vos camarades d’école ?

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : Lorsque j’étais scolarisée en Belgique, je ne portais pas le patronyme de Habsbourg-Lorraine mais celui de « de Bar ». Lorsque ma grand-mère l’impératrice Zita s’est installée en Belgique avec ses enfants, il lui fut demandé par le roi des Belges, Albert I que son fils Otto ne fasse pas état d’un titre qui serait supérieur à celui du prince héritier Léopold III. Compte tenu de l’exil et des difficultés de cette époque, l’impératrice prit le titre de duchesse de Bar, ses enfants étant les princes de Bar. Mes diplômes sont donc à ce nom mais aujourd’hui j’ai fait rétablir mon patronyme Habsburg (en allemand)

Noblesse et Royautés : Pouvez-vous nous parler de vos études universitaires ? Vous êtes en effet diplômée de l’université de Louvain-la-Neuve en Sciences Politiques et Droit.

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : J’ai tout d’abord décroché ce que l’on appelait alors des candidatures (aujourd’hui bachelor) en Droit à l’université Saint Louis à Bruxelles puis une licence (aujourd’hui master) en Sciences politiques et Droit à l’Université de Louvain-la-Neuve.  J’ai pris part à un stage Erasmus d’un an à Madrid où j’ai pu perfectionner ma connaissance de la langue.

Noblesse et Royautés : Etes-vous attachée à la Belgique, pays où vous avez grandi ?

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : Je suis effectivement très attachée à la Belgique où j’ai vécu une très belle enfance et adolescence. J’étais très investie dans les mouvements de jeunesse comme le scoutisme. J’ai pris part à des démarches associatives visant à l’intégration. La Belgique est un pays où l’on est doté d’une grande ouverture d’esprit. Le Belge a le sens de la fête, il est très hospitalier, le tout sans aucune prétention.

Noblesse et Royautés : Après avoir décroché votre diplôme universitaire, vous mettez le cap sur l’Espagne.

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : J’ai eu la grande chance de pouvoir travailler à Radio España qui était alors LA radio de référence et de grande écoute. J’animais avec un collègue sud-américain une émission politique très suivie. C’était l’époque du gouvernement de José Maria Aznar. L’Espagne vivait alors une période assez insouciante. Mais la situation ne tarda pas à changer au cours de l’été  1997 avec l’assassinat par l’ETA du jeune conseiller communal d’Ermua Miguel Angel Blanco (kidnappé avec menace d’exécution dans les 48 heures si les détenus de l’ETA n’étaient pas transférés vers des prisons du Pays basque). La mort de ce jeune élu déclencha une vague populaire sans précédent. Ce que l’on a appelé « L’esprit d’Ermua » et qui a permis y compris au Pays basque de faire évoluer les mentalités. Les réseaux sociaux n’existaient pas encore comme aujourd’hui. Nous recevions de nombreuses personnalités et hommes et femmes politiques dans notre émission. Il y eut aussi les décès de la princesse Diana et de Mère Térésa.

Noblesse et Royautés : Vous avez ensuite travaillé pour l’université SEK à Ségovie

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : Ségovie est l’une de mes villes préférées. J’ai de plus toujours aimé le monde universitaire. J’étais chargée des relations internationales de cette université qui venait de voir le jour. L’objectif était de faire connaître l’université. Grâce aux moyens disponibles pour la communication, j’ai pu mettre en place de nombreuses activités, des colloques, des expositions. Parmi nos invités, il y a eu Mikhael Gorbatchev. C’est un très beau souvenir.

Noblesse et Royautés : Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages sur les femmes de la maison Habsbourg. Comment a surgi l’idée de vous lancer dans ces écritures biographiques ?

SAI Archiduchesse Catharina d’Autriche : La personne qui m’a poussée à me lancer dans l’écriture, je l’avais rencontrée lors de ma thèse universitaire consacrée au Général Franco. Il trouvait que j’avais une belle plume et une capacité rédactionnelle. Mais franchement à cette époque, j’avais d’autres visées. Je me voyais plutôt mener une vie trépidante. Bref bouger et certainement pas me consacrer pendant des heures aux recherches en bibliothèques, toute seule. Il m’a relancé à quelques reprises. Lorsque mes deux aînés étaient à l’école, je me suis dit que c’était probablement le moment idéal que pour franchir ce pas. J’ai vraiment adoré cette période.