Le 3 septembre 1951 eut lieu à Venise au palais Labia (sur le Grand Canal) un bal resté célèbre : le Bal Besteigui. Un bal fantastique et d’annunzien organisé par Carlos de Besteigui ( Charlie pour les intimes) qui souhaitait célébrer sa pendaison de crémaillère. Ce fut sous un ciel nuageux que les invités arrivèrent en gondoles, un ciel qui à deux reprises humecta d’averses ses invités. Cela ne gâcha pas la fête qui coûta 100 millions de francs de l’époque.

Les têtes couronnées, gênées peut-être par l’étalage ostentatoire de tant de luxe, se décommandèrent. Ni le duc et la duchesse de Windsor, ni Sir Winston Churchill, ni Jennifer Jones et son époux David O’ Selznick n’y assistèrent. Cependant, Barbara Hutton était là, naturellement, dans un costume de satin noir brodé de pierre précieuses, ainsi que Lady Diana Duff Cooper en Cléopatre de Tiepolo, Christian Dior en géant, Arturo Lopez en mandarin, Jacqueline de Ribes en belle orientale et l’Aga Khan en Aga Khan.

Ils arrivèrent tous au palais Labia en un cortège tapageur de gondoles richement décorées. Le clou de la soirée fut Orson Welles qui se fit transporter à l’intérieur du palais dans un cercueil, et qui apparut vêtu d’un linceul: Edgar Poe chez la Duse ! Un feu d’artifice, un spectacle de ballet et un souper monstre réjouirent les invités. Seule fausse note : d’habiles trafiquants avaient vendu jusqu’à la dernière minute de faux cartons d’invitation au marché noir. (Merci à Bertrand Meyer)