En 1919, le juge Nikolai Sokolov se voit confier l’enquête sur l’assassinat de la famille impériale. Il commença ses investigations en février 1919, mais fut contraint de les interrompre quelques mois après, et de quitter Ekaterinbourg pour fuir l’avancée de l’armée rouge. Réfugié en France, il mourut en 1924, date à laquelle son rapport fut publié.

Le manque de temps dont il disposa pour mener à bien son enquête explique probablement la confusion qui règne encore aujourd’hui dans l’esprit du grand public concernant le lieu d’inhumation des corps en 1918. Les cadavres furent d’abord jetés à Ganina Yama, où les assassins tentèrent de les faire disparaître, en les dissolvant dans l’acide et les brulant.

Mais ivres pour la plupart d’entre eux et n’ayant emporté qu’une seule pelle pour enterrer 11 corps, ils réalisèrent le lendemain que le lieu de sépulture sera trop facilement identifiable. Ils prirent donc la décision de reprendre les corps, et de les enterrer ailleurs, dans un lieu qui n’a jamais été révélé. En chemin, le camion s’embourba à Parassionkov log et les hommes, exaspérés, décidèrent, passant outre les ordres de leurs chefs, de jeter les corps à l’endroit où le camion s’était arrêté. Dans une tentative maladroite de brouiller les pistes, ils séparèrent les corps, enterrant Maria et Alexei à part.

Sokolov photographia Parassionkov log, mais crut que le camion s’était d’abord embourbé là, que les corps avaient été repris puis jetés et brûlés à Ganina Yama. Il ne comprit pas que c’était l’inverse qui s’était passé. Cette confusion explique en partie les doutes qu’exprima l’Eglise orthodoxe, lorsque des corps identifiés comme ceux de la famille impériale et leurs serviteurs furent retrouvés a Parassionkov log.

Cet endroit qui fut pourtant la sépulture de Nicolas, Alexandra, Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, Alexis, du Docteur Botkine, d’Anna Demidova, d’Ivan Kharitonov et d’Alexei Trupp pendant 70 ans est un lieu ignoré des habitants eux-mêmes. Notre chauffeur de taxi, pourtant âgé d’une soixantaine d’années, ne s’y était jamais rendu et en ignorait l’existence.

De plus, Parassionkov log se traduit en français par « le ravin du porcelet » et les standards des compagnies de taxis croient invariablement à une plaisanterie quand elles entendent que vous voulez commander une course pour une telle destination Si vous précisez qu’il s’agit du lieu d’inhumation des Romanov, elles vous renvoient vers Ganina Yama.

Ci-dessus, l’entrée du mémorial des Romanov. Bien plus modeste que Ganina Yama, il n’est connu que des spécialistes et de quelques passionnés.

Cependant, pour le centenaire de l’assassinat, même si le pèlerinage ne s’y arrêta pas, des fleurs y furent déposées. Dans la tradition russe, les oeillets rouges sont utilisés pour commémorer les morts. Lieu où les corps de 9 des 11 suppliciés de la maison Ipatiev furent retrouvées.

Croix marquant l’endroit où furent retrouvés les restes d’Alexis et de Maria.

Le peloton d’exécution s’est acharné sur les corps, brûlant, découpant, dispersant aux 4 vents. De modestes croix ou icônes rappellent que des restes humains reposent aujourd’hui encore éparpillés dans la forêt.