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Il y a 110 ans, le couronnement d’Haakon VII et de Maud de Norvège – Première partie : L’histoire d’amour du garçon manqué et de son cousin idiot (Merci à Actarus). Rien ne prédisposait la princesse Maud de Galles à monter un jour sur le trône de Norvège. Tout d’abord, à sa naissance, ce pays était uni au royaume de Suède depuis la fin des guerres napoléoniennes. Ensuite, la princesse n’aspirait pas à devenir reine.

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Quoique timide, Maud de Galles était un véritable garçon manqué que sa famille avait surnommé « Harry ». Outre une tendance à l’effacement devant des parents brillants, promis à un destin royal et qui se posaient en phares de la haute société, l’autre trait de caractère des princesses de Galles, Louise, Victoria (« Toria ») et Maud, était l’indiscipline caractérisée.

Maud de Galles fut ainsi la première princesse à rouler en bicyclette en public, au grand déplaisir de la reine Victoria. Alors que sa grand-mère réprimandait son audace, la princesse rétorqua simplement : « Mais grand-mère, tout le monde sait que j’ai des jambes ! »

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Adolescente, elle ne tenait pas sa parenté danoise en haute estime, en particulier son cousin germain, le prince Charles de Danemark, qu’elle trouvait immature. Il est vrai qu’elle avait trois ans de plus que lui. Suivant l’exemple des frères de Maud, Albert Victor et Georges de Galles, Charles fit ses classes dans la Marine.

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Quand, au propre comme au figuré, il prit le large à l’âge de 14 ans, Maud ne mâcha pas ses mots en relatant les faits à un autre cousin germain, le grand-duc Georges de Russie (ci-desssus), qu’elle surnommait « Musie ». « Comme il est tellement idiot, je suis persuadée que cela lui fera le plus grand bien ! » Elle ignorait que c’était de son futur mari qu’elle parlait en des termes si peu tendres…

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Bien qu’elle éprouvât une grande tendresse pour le grand-duc Georges, c’est du prince Francis de Teck, frère de sa future belle-sœur May, qu’elle était amoureuse. Lui, de son côté, n’était pas du tout intéressé. D’ailleurs, il ne se maria jamais. Le célibat prolongé de Toria et de Maud inquiétait la reine Victoria. Maud rejeta les avances d’un autre cousin germain, le prince Nicolas de Grèce, qui ne s’en offusqua pas outre mesure.

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Concocté par la reine d’Angleterre et sa fille aînée l’impératrice douairière d’Allemagne, un autre projet matrimonial, cette fois avec le jeune grand-duc de Hesse, fut rapidement abandonné. Bien qu’Ernest de Hesse-Darmstadt était loin de mériter cet épithète, Maud considérait tous les Allemands comme des vandales. Fortement marquée par la Guerre des Duchés qui, en 1864, avait amputé d’un tiers le royaume de son père au profit de la Prusse, la princesse de Galles avait communiqué à sa fille son aversion de la race teutonne.

En dépit de cet irritant, la reine Victoria et l’impératrice Frédéric, ainsi qu’on appelait sa fille aînée pour la distinguer de sa mère, s’entêtèrent à trouver pour Maud un mari d’origine germanique. Vers la fin de 1894, le nom du prince Maximilien de Bade sortit des cartons… pour y retourner aussi rapidement. Exaspérées, la reine et l’impératrice s’en remirent au destin qui, lorsque l’occasion se présente, sait se montrer facétieux.

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Vers le mois de septembre 1895, Maud avait perdu tout espoir de convoler avec le prince Francis de Teck, qui poussait la goujaterie jusqu’à ne pas répondre à ses lettres enflammées. Secrètement épris de sa cousine depuis 1892, le prince Charles de Danemark (ci-dessus), celui-là même que, quelques années plus tôt, elle qualifiait d’idiot, sut que le moment était venu de lui déclarer sa flamme, au risque d’être rejeté comme un malpropre.

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En ce radieux automne 1895, la magie de la campagne danoise, censée répandre la bonne humeur sur tout un chacun, a-t-elle prodigué ses bienfaits sur la princesse à bicyclette qui était sur le point de devenir vieille fille ? Toujours est-il que, le 22 octobre, Maud accepta d’emblée la demande en mariage de son cousin, faisant de celui-ci, selon ses propres termes, « l’individu le plus heureux qui existe sur cette terre ».

Outre le fait que Charles lui vouait entièrement un amour sincère et touchant, Maud était aussi séduite par le fait qu’il avait très peu de chances d’hériter du trône de Danemark ou de toute autre couronne et que, de ce fait, elle pourrait mener une vie tranquille. Le destin, une fois encore, allait lui réserver des surprises… (à suivre)