Le roi Philippe a prononcé le traditionnel discours à la veille de la Fête nationale. En voici son contenu dans son intégralité.

Mesdames et Messieurs,

Notre monde est déconcertant. Il est passionnant par son interconnectivité. Il peut aussi être angoissant par sa complexité et l’accélération des changements. Au cours de ma première année de règne, j’ai pu constater à nouveau combien ce monde offre des opportunités valorisantes, mais aussi combien il plonge trop de nos concitoyens dans le désarroi.
Les restructurations d’entreprises, dont certaines encore annoncées récemment, nous rappellent que notre prospérité est vulnérable. La pauvreté infantile et le chômage des jeunes continuent à nous interpeller. Des foyers de violence et d’instabilité apparaissent ou perdurent aux portes de l’Europe. Ils nous montrent que la paix n’est pas une évidence et à quel point il est nécessaire de continuer à lutter contre la propagation de la haine.

Face à tout cela, nous ne devons pas perdre confiance.  Au contraire, plus que jamais, elle doit nous guider.  Pas seulement une confiance calculée, mais une confiance généreuse qui tire parti de nos capacités d’être et d’agir sans ignorer pour autant nos fragilités.  Cette confiance-là est véritablement créatrice. Un bel exemple est la foi des jeunes en l’avenir. Comme l’a montré une étude récente, trois quarts des jeunes adultes en Belgique estiment que leurs perspectives d’avenir sont meilleures que celles de leurs parents, malgré le contexte actuel difficile. Travaillons à ce que leurs attentes se réalisent pleinement.
Ce qui m’a frappé dans le beau parcours des Diables Rouges au Brésil, c’est précisément l’importance de la confiance : confiance en soi de chacun des joueurs, construite patiemment, à force de discipline et d’exercice ; confiance de chacun des joueurs dans ses coéquipiers et dans les choix de l’entraîneur ; confiance enfin des supporters dans l’équipe nationale. Tout cela a suscité un vrai bonheur partagé et un  dynamisme collectif porteur de réussite.

Il en va de même dans notre pays : nous avons besoin de pouvoir compter sur nous-même, sur  les autres, et sur nos institutions.  Celles-ci sont l’expression de notre capacité à dialoguer, à trouver des solutions qui rassemblent, à prendre en compte les points de vue minoritaires, à assumer collectivement nos responsabilités. En  d’autres mots : nos institutions constituent la clef de voûte d’une société qui invite à se mettre à la place de l’autre.

C’est dans cet esprit que nous avons, au cours de notre histoire, construit une société dont nous pouvons être fiers.  Notre système économique et social, basé sur le respect, le dialogue et la solidarité, a fait la preuve de son efficacité.  Il a permis à notre pays de résister mieux que d’autres à la crise que nous vivons depuis 2008.  Nos services publics et nos entreprises sont à la pointe dans de nombreux domaines et se montrent capables de saisir de nouvelles opportunités.  Continuons à les soutenir et à les renforcer.

Le 25 mai dernier, vous avez élu des hommes et des femmes appelés à vous représenter pendant les cinq prochaines années. Avec vous, je forme le v?u que les gouvernements de l’État fédéral et des entités fédérées soient tous à pied d’?uvre sans tarder.  Ces gouvernements seront appelés à coopérer dans un esprit de loyauté et de reconnaissance mutuelle. Cela sera nécessaire pour la mise en ouvre de la réforme de l’État qui vient d’entrer en vigueur, mais aussi pour continuer à relever les défis économiques et sociaux.

Mesdames et Messieurs,

Pour créer de la valeur – économique, sociale, et avant tout humaine – la coopération et la confiance sont indispensables. Poursuivons ensemble nos efforts pour construire une société dans laquelle l’une et l’autre se renforcent mutuellement.
Avec l’intime conviction que nous y parviendrons, la Reine et moi vous souhaitons une bonne Fête Nationale.