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Voici un entretien avec la baronne Manno de Noto suite à la publication de son ouvrage consacré au mariage de l’empereur François Joseph et de l’impératrice Sissi dont nous avons déjà largement commenté certains exatraits.

N&R : Comment est venue l’idée d’écrire un livre détaillant davantage les fiançailles, la préparation du mariage et les noces de François Joseph et Sissi ?

Cette période courte mais intense de la vie de Sissi reste relativement mal connue et peu étudiée. J’ai eu envie d’en savoir plus et je me suis prise au jeu ! Tellement de choses restaient à dire et à découvrir sur ce qui fut le mariage du siècle à l’époque.

N&R : A quels types de documents avez-vous eu accès ?

Cette recherche m’a amené à voyager un peu partout en Europe, afin d’y exploiter toutes les ressources possibles et tous les indices semés d’un pays à l’autre. Dans une chasse à l’information telle que celle que j’ai entreprise, il faut faire feu de tout bois : journaux d’époque, factures, tableaux, vêtements.

J’ai pu ainsi voir un samedi matin à Budapest, dans une réserve ouverte spécialement pour moi, des vêtements originaux de l’Impératrice. La restauratrice qui a travaillé sur ces vêtements s’est déplacé spécialement pur me parler de son travail et m’a remis son rapport d’expertise.

Les archives de Vienne regorgent de trésors. J’ai pu consulter des documents originaux, comme par exemple l’inventaire du trousseau de Sissi, les croquis de la décoration du maitre-autel pour la cérémonie de son mariage, ou encore la lettre de félicitation que Napoléon III a envoyé au couple impérial. De nombreuses villes ou musées abritent des merveilles peu connues du public. L’accueil est toujours très aimable, mais il faut savoir où aller, car ces endroits restent plus que discrets sur les trésors qu’ils possèdent.

N&R : Avez-vous eu l’occasion de rencontrer des membres de la famille impériale ?

Plusieurs. Malgré leur grande amabilité et leur désir d’aider, la plupart d’entre eux ne possèdent pas de documents. “Vous savez, nous sommes des réfugiés, nous n’avons plus rien” m’a affirmé l’un d’entre eux, descendant de Gisèle, seconde fille de Sissi. L’archiduc Mickael, historien de la famille, m’a longuement reçue ainsi que Markus, le propriétaire de la Kaiservilla. Il a d’ailleurs lu le livre et l’a trouvé “très beau et très élégant” ; Ce compliment m’a fait énormément plaisir.De même, lorsque l’un de ses cousins m’a dit que je lui avais appris des choses sur son arrière-grand mère.

N&R : Bad Ischl fut le théâtre des fiançailles impériales, ressent-on encore aujourd’hui cette ambiance « impériale » ?

Bad Ischl possède un charme extraordinaire, un peu hors du temps. Le monde raffiné de l’époque impériale, disparu avec la première guerre mondiale, y est encore très présent. Et les arrière-petits enfants du couple impérial, quivivent toujours là-bas, sont très aimés de la population. Un peu comme à l’époque de François-Joseph, ils sont accueillis avec chaleur partout dans la ville.

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N&R : Sans dévoiler l’un ou l’autre détail qui est expliqué dans le livre, en tant que spécialiste de Sissi, avez-vous au cours de vos recherches découvert de nouveaux éléments sur sa vie ?

 Oui, et certains faits vont à l’encontre des idées reçues. Par exemple, Sophie n’est pas venue à Laxenbourg pour tenir compagnie à Sissi lors de sa lune de miel. Le mythe de la jeune mariée passant ses journées seule avec sa vilaine belle-mère n’a pas de fondement historique.

Dans un autre domaine, la robe de mariée de Sissi, qui demeurait un mystère total jusqu’à la publication de mon livre. Désormais, on en sait plus sur sa tenue nuptiale.

N&R : Lorsqu’on lit votre livre, on se rend compte que l’archiduchesse Sophie avait des marques d’attention envers Sissi, que ses intentions étaient louables et qu’elle n’était donc pas tout à fait la belle-mère dépeinte dans les films. Pouvez-vous nous en parler ?  

“Ne crois pas que je n’aime pas Sissi” dit l’Archiduchesse dans l’un des films. En tant que mère, Sophie se réjouissait de voir son fils heureux et au fond, il respectait son souhait en épousant une princesse en Bavière. Dans ses lettres, Sophie évoque longuement le bonheur de ces journée de Bad Ischl qui lui font perdre la notion du temps. Bien sûr, l’Archiduchesse sait qu’elle écrit pour la postérité et il est probable qu’elle embellisse un peu les choses. Il est difficile de croire par exemple, comme elle l’écrit, que Grünne, l’aide de camp de François-Joseph, pleure de joie à chaque fois que l’on évoque le futur mariage impérial en sa présence !

Cependant, elle a fait de son mieux pour accueillir Sissi dans la famille. Mais, malgré ses bonnes intentions, elle s’y est très mal prise. Par exemple, elle a mis un soin tout particulier à faire décorer un appartement pour le jeune couple à la Hofbourg. Elle n’a ménage ni son temps ni ses efforts. Rien n’était trop beau pour Sissi. Le problème, c’est que le résultat fut conforme au gout de Sophie, et non à celui de sa belle-fille. De toute façon, entre Sissi élevée en liberté dans la nature et sa tante dont la vie était régie par les devoirs et le protocole, il ne pouvait pas y avoir de terrain d’entente.

N&R : La réalisation de ce livre, vos recherches, vous ont-elles donné l’envie de creuser encore davantage d’autres moments de la vie de Sissi ?  

La littérature publiée sur l’Impératrice pourrait remplir des bibliothèques entières et pourtant, de nombreux points de sa vie restent méconnus. J’avais entamé des recherches sur ses voyages en Italie et en France; La Hongrie est également une source inépuisable de découverte. De même que ses séjours au Royaume-Uni. Un journaliste m’a interrogé sur ses habitudes alimentaires dans le cadre d’une émission sur les banquets royaux. Le sujet est plus riche qu’il ne parait à prime abord. En conclusion, je dirais que de belles découvertes nous attendent encore dans les archives ou dans des collections privées. Sissi n’a pas fini de nous surprendre.

« François Joseph et Sissi : mariage à la Cour impériale d’Autriche », Sophie Manno de Noto, Editions La Couronne d’Or, 2014, 153 p.