P_ Sophie - Bretagne

Son Altesse Royale la princesse Sophie de Roumanie est la quatrième fille du roi Michel et de la reine Anne de Roumanie, a aimablement répondu à la demande de Noblesse et Royautés pour un entretien centré sur sa passion pour la photographie, qui est aujourd’hui son métier.

Pour en savoir plus sur le travail de la princesse Sophie de Roumanie, consultez son site internet et cliquez ici pour feuilleter son ouvrage contenant de superbes paysages aux différentes saisons. (Copyright photos : SAR princesse Sophie de Roumanie)

Noblesse et Royautés : Comment est née cette passion pour la photographie ?

Princesse Sophie : Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours vu mon père avec un appareil photo ou une camera entre les mains. Bien avant l’acquisition de notre première télévision, il nous montrait ses diapositives lors des soirées en famille. Mes sœurs et moi l’assistions aussi à intervalles réguliers en nettoyant les carrés de verres qui composaient une partie du montage des diapos. Etant petite, cela m’ennuyait beaucoup, mais passer une soirée à voir les images magnifiques qu’il prenait en valait la peine et était notre récompense .

Ses photos, ainsi que les films qu’il réalisait de nos vacances et de ses voyages, nous transportaient dans un monde magnifique, baigné de souvenirs, de couleurs et de prises de vues qui m’éblouissaient. Ce fut la naissance de ce qui deviendrait plus tard une passion.

J’ai toujours eu un appareil photo. Jeune fille, je voulais prendre des photos aussi belles que celles de mon père, et je me suis donc appliquée. Il faut bien avouer que j’étais plus concentrée sur le dessin à l’époque.

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Noblesse et Royautés : Pouvez-vous nous parler de vos études en photographie à l’Université de Caroline du Nord et en Arts graphiques au Corcoran College of Art and Design à Washington DC ?

Princesse Sophie : Avant mon inscription à l’université – j’ai commencé mes études universitaires sur le tard – j’écrivais et je peignais déjà pendant mon temps libre, lors des weekends.

J’avais déjà timidement montré mes œuvres en Europe, mais ce n’est que lorsque je me suis rendue aux Etats-Unis, au début des années ’80 que les choses ont vraiment démarré. J’ai réussi à décrocher plusieurs expositions de mes tableaux en Floride, puis dans le Massachussetts.

Suite à ces expositions, je me suis naturellement inscrite à l’université pour poursuivre une licence en Beaux Arts. C’est ainsi que je me suis retrouvée en Caroline du Nord à l’Université de Asheville, dans les Appalaches, une région magnifique qui me plaisait beaucoup.

Pendant ma première année, il fallait étudier un éventail de sujets, allant des maths à l’histoire de l’art, et parmi ceux-ci, nous devions prendre un cours de photographie. C’est là que les choses sont devenues beaucoup plus claires, et j’ai passé les trois quarts de mon temps dans la chambre noire de l’université, à explorer un monde qui s’ouvrait à moi. Cet univers est devenu le mien par la suite. Je me suis donc inscrite à d’autres cours en photos, un en noir et blanc et un autre en Cibachrome, une technique où l’on transfère un diapositif sur papier. La technique à l’époque se passait bien sûr dans la chambre noire, et chaque tirage prenait environ 45 minutes. Une partie du travail se passait dans le noir le plus total, et il fallait manipuler les produits dans l’obscurité.

J’ai dû malheureusement interrompre mes études à mi parcours, faute de moyens financiers, mais je suis restée en Amérique. Mon temps était divisé entre la Floride et le Maine. Je peignais et j’exposais. Il était cependant évident pendant cette période que je ne désirais plus vraiment poursuivre les Beaux Arts.

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Les Arts Graphiques me tendaient les bras. Heureusement j’ai pu rapidement reprendre mes études, mais Asheville et ses belles montagnes n’offraient pas de licence dans cette matière. J’ai donc continué mes études au Corcoran College of Art and Design à Washington DC.

Au bout de ma deuxième année au Corcoran, je savais qu’une fois ma licence en Arts Graphiques obtenue, je désirais plus que tout obtenir mon Masters en Photographie. J’étais restée sur ma faim avec les trois classes en photos suivies à Asheville !

Pendant ma troisième année au Corcoran la révolution en Roumanie éclata. Je me suis rendue dans mon pays avec ma sœur Margarita pour la première fois trois semaines après les évènements, en janvier 1990.

Nous avons vu des choses terribles, des souffrances physiques et psychologiques inimaginables. Il était inconcevable pour moi de poursuivre mes études devant les horreurs découvertes dans cette Roumanie brisée. Pendant les années qui ont suivi, je me suis dévouée cœur et âme à aider mon pays, à panser ses blessures, à venir en aide aux enfants, à récolter des fonds, à participer à la reconstruction de la Roumanie.

En 1995 J’ai réussi à faire publier à Bucarest un recueil de contes pour enfants en Roumain, et j’ai versé les profits à la Fondation Princesse Margarita de Roumanie pour venir en aide aux enfants. Je voulais aider par tous les moyens !

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Noblesse et Royautés : Après vos études aux Etats-Unis comment a débuté votre carrière professionnelle ?

Princesse Sophie : Ma carrière de photographe a attendu jusqu’en 2007, lorsque je me suis installée en Bretagne. C’est à ce moment que j’ai renoué avec la photo. J’ai commencé tout doucement. J’ai eu la chance d’avoir un mentor qui m’a énormément encouragée et par lequel j’ai beaucoup appris dans les premiers temps sur l’art de prendre des photos digitales et comment les éditer.

Mon mentor est aujourd’hui décédé, mais grâce à lui et aux réseaux sociaux, j’ai pu vendre quelques photos en ligne ce qui m’a beaucoup motivé et encouragé. Les choses se sont tranquillement mises en place. Pendant trois ans j’ai pris mon mal en patience en « apprentissage ». J’ai appris comment éditer une photo correctement pour obtenir un rendu spécifique.

Mon ordinateur est ma chambre noire, car le programme que j’utilise dans mon appareil photo offre l’équivalent d’un négatif développé d’un film argentique. Il est impératif d’utiliser un logiciel approprié pour présenter une photo correcte. J’en ai deux que j’utilise en tandem, plus un troisième pour un travail plus poussé et artistique.

N’importe qui peut prendre une photo avec un appareil digital, et le présenter « photoshopé ». C’est un terme devenu générique et qui, dans ce sens, n’a que peu de rapport avec le travail des gens du métier.

Il y a énormément de photographes, certains vraiment excellents, et ce sont eux qui m’ont inspirée, qui m’ont poussé à donner le meilleur de moi-même. J’ai trouvé mon propre style et j’ai appris à utiliser les logiciels. J’ai aussi appris à exploiter certains supports, le genre de papier à utiliser en expo, etc.

J’ai un peu de mal avec la patience. Il arrive qu’une photo me demande plusieurs heures, voire des jours! Il m’est même arrivé de retourner sur un site à photographier pendant 3 ans pour capturer la scène telle que je la voulais. La photo s’est d’ailleurs vendue de suite, dès sa présentation au public.

Je suis une photographe de paysages. C’est le chemin que j’ai pris car il me convient le mieux. Je trouve mon inspiration première dans la campagne et les bords de mer qui m’entourent. J’ai touché un peu à tout au début, mais la nature et la beauté qui nous entoure me touchent profondément. J’ai envie de partager ce que je vois, ce que je perçois, et offrir ma vision dans un produit fini.

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Noblesse et Royautés : Madame, vous avez remporté plusieurs prix récompensant votre travail photographique dont la 1ère place au concours photo « A l’ouest de Paris » en 2011 et le Prix « Coup de Cœur du public » lors d’une exposition au château du domaine de Tronjoly. C’est à chaque fois un encouragement à poursuivre votre travail ?

Princesse Sophie : Certainement ! Je crois que chaque artiste a besoin d’être poussé. Gagner un concours, qu’il soit international ou local, grand ou petit, vous redonne un élan, vous rend plus confiant dans ce que vous faites.

Le prix « Coup de Cœur Du Public » au Château de Tronjoly m’a beaucoup apporté. Je me suis faite violence pour exposer mes photos la première fois. Afin d’avancer dans mon travail, je devais impérativement tâter le terrain, échanger avec mon public prendre la température. J’ai voulu voir si mes photos plaisaient suffisamment pour m’investir dans de nouvelles expositions.

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Noblesse et Royautés : Pouvez-vous évoquer vos récentes expositions et celles qui sont prévues dans les prochains mois ?

Princesse Sophie : Suite à ma première exposition au château de Tronjoly en 2011, l’association A Ciel Ouvert m’a invité à exposer tout l’été de 2012 au château avec d’autres artistes professionnels. J’ai pu ainsi montrer une cinquantaine de photos. Environ quinze mille personnes sont passées par Tronjoly cet été là et j’ai fait de belles rencontres, tant sur le plan humain que professionnel.

J’ai exposé plusieurs fois dans des restaurants, puis une exposition à l’Office du Tourisme de Carhaix en centre Bretagne en mars 2013.

J’ai ensuite enchaîné en exposant à l’Institut de Locarn, un centre de prospective économique pour la Bretagne. L’exposition a duré de fin mai à la fin septembre 2013.

Cela m’a donné une opportunité nouvelle de développer une nouvelle visibilité, d’acquérir de nouveaux contacts, de rencontrer de nouveaux clients, de susciter de l’intérêt dans mon travail, et d’exposer dans un cadre autre que celui d’une galerie. C’était très intéressant et motivant.

Cette exposition sera suivie le temps d’un weekend au Château de Bogard dans les Côtes d’Armor à la fin novembre. L’exposition sera ouverte au public, en même temps qu’un marché de Noël organisé par l’association « Vieilles Maison de France » – vente privée.

Ensuite, au printemps 2014, mes photos orneront les murs du restaurant “Chez Max”, dans la ville de Quimper. Le restaurant est aménagé dans l’ancienne maison du Quimpérois Max Jacob, poète, romancier, et peintre. Parmi ses amis, on pouvait compter Picasso, Apollinaire, Cocteau, Jean Moulin et de bien d’autres esprits encore.

La prochaine exposition importante se teindra à l’Auberge Bretonne (membre des « Châteaux et Hôtels Collection) l’été de 2014 dans la Petite Cité de Caractère, La Roche Bernard. Il y aura environ cent pièces exposées partout dans l’hôtel.

Par Ailleurs, hors des expositions, il m’arrive de montrer mon travail lors des marchés de Noël, des salons. Je présente alors mon travail par le biais de produits dérivés tels des agendas, des calendriers. J’ai d’autres projets que j’espère pouvoir présenter pour les fêtes de fin d’année 2014.

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Noblesse et Royautés : Sur votre site internet, on peut découvrir une sélection de vos photos. On est d’emblée attiré par la luminosité particulière qui s’en dégage. Est-ce cela qui a motivé votre choix de vous installer en Bretagne ?

Princesse Sophie : La lumière est le fil d’or qui tisse son chemin à travers tout ce que je photographie, une vague déferlant sur le rivage ou un champ au petit matin, sur un détail de la vie quotidienne.

La luminosité bretonne m’a beaucoup touchée, et lorsque qu’en 2007 j’ai eu une opportunité de travailler avec quelqu’un qui vivait en Bretagne, je me suis dirigée tout naturellement vers cette région.

Comme souvent, les choses ne se passent pas toujours comme prévu professionnellement, mais je suis restée. J’ai pu ainsi développer ma carrière photographique à plein temps et profiter au maximum de cette lumière délicieuse propre à la Bretagne.

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Noblesse et Royautés : Vous publiez prochainement un ouvrage, pourriez-vous nous en dire davantage ? 

Princesse Sophie : Comme pour mes quatre livres photos précédents, je viens de publier un tout nouvel ouvrage en auto-édition « Portfolio », rempli de plus de cent vingt photos et quasiment pas de texte. Je tenais à partager par le biais de « Portfolio », quelques-uns des moments magiques qui composent une journée, une nuit, moments qui disparaîtraient à jamais si je ne les avais pas saisis avec mon appareil photo.

En parcourant la France de l’extrême ouest des côtes Bretonnes aux régions méditerranéennes du sud de la France et de la Corse, en passant par la Provence, et retour, je dépeins avec « Portfolio » une humeur, un sentiment, un détail insoupçonné.

Noblesse et Royautés : Avez-vous l’occasion de vous rendre régulièrement en Roumanie ? Quelle est la région en tant que photographe que vous préférez pour immortaliser des paysages ?

Princesse Sophie : Premièrement j’élève ma fille seule, et je suis limitée par les horaires scolaires. Ensuite, aller sur le terrain pour prendre les clichés n’est qu’une partie du travail de photographe. Il faut que tous les éléments soient réunis pour la réussite d’une photo.

Le reste se passe en coulisses, hors de vue. Il arrive que je doive retourner sur le site pour un autre angle, une autre lumière, puis repasser par ma « chambre noire ». Après cela, il y a toute la préparation à la vente, le marketing, l’encadrement, etc. Les expositions prennent énormément de temps à préparer et j’ai un planning très rempli en ce moment. Mon emploi du temps actuel ne me permet pas de me déplacer pour de longues périodes.