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Cette quatrième partie de l’entretien avec le prince Léka et Elia Zaharia, sera centrée sur la famille.

Noblesse et Royautés : Monseigneur, votre grand-mère la Reine Géraldine est décédée en 2002 quelques mois après son arrivée à Tirana, votre mère la Reine Susan en 2004 et votre père le Roi Léka en 2011, ce sont trois deuils successifs qui vous ont forcément marqué. Comment avez-vous ressenti le soutien de la population albanaise en ces moments douloureux ?  

Prince Léka : C’est évidemment une grande douleur de perdre vos êtres chers en si peu de temps (le prince ne cache pas son émotion). Mon père a connu Elia, c’était très important pour lui. La tradition en Albanie lors d’un décès, c’est que vous recevez des centaines de visites chez vous pour vous soutenir et présenter les condoléances.

Pour mon père, j’ai eu des milliers de personnes qui sont passées à la maison. J’ai donc été très entouré à ce moment-là. C’est après que l’on ressent d’autant plus l’absence.

Lors des funérailles de mon père, j’ai senti le poids des responsabilités. J’ai réalisé que je n’étais plus seulement le prince héritier mais aussi désormais le chef de la famille..

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Noblesse et Royautés : Votre grand-père le roi Zog a été rapatrié du cimetière parisien de Thais où il avait été inhumé à Tirana en 2012. C’est vous qui avez pu concrétiser avec les autorités albanaises et françaises ce souhait. Votre père le Roi Léka y était aussi très attaché ? Pouvez-vous nous en parler ?  

Prince Léka : C’est mon père qui avait initié les démarches en vue de rapatrier la dépouille du Roi Zog. Dans la culture albanaise, la priorité est de respecter la volonté des défunts et leur héritage moral. A la mort de mon père, j’ai donc repris les démarches. Le gouvernement nous a beaucoup aidés en reconstruisant le mausolée de la famille royale qui avait été détruit par les communistes. La France également a été très coopérative avec une cérémonie officielle au moment du départ de la dépouille.

C’était un moment très important pour moi, d’une part de respecter ce vœu de retour au pays et d’autre part de mettre ce retour en connexion avec un pays désormais en démocratie.

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Noblesse et Royautés : Mademoiselle, vous avez connu le Roi Léka, pouvez-vous nous en parler ?

Elia Zaharia : Le prince voulait absolument me présenter rapidement son père (NDLR : à cette époque, le Prince Léka a déjà perdu sa grand-mère la reine Géraldine et sa mère la reine Susan). Cela s’est donc produit deux mois environ après notre rencontre en 2008. Il y a eu une alchimie immédiate entre nous (la future princesse le dit avec un grand sourire que l’on sent empreint d’une grande tendresse)

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Le Roi Léka nous manque tous les jours car nous étions si proches tous les trois. Il parlait avec tellement de passion de ce qu’avait été sa vie en exil dans l’espoir du retour au pays, un pays qui serait enfin libre. Il a sacrifié sa vie entière à la cause de son pays, gardant toujours l’espoir d’une transition vers la démocratie.

Nous n’avions pas toujours besoin de parler entre nous, parfois un seul regard suffisait ! Et puis lorsque nous ne souhaitions pas que Léka soit dans nos petites confidences, nous parlions en français entre nous (la future princesse le dit avec beaucoup d’émotion).

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Noblesse et Royautés : Monseigneur, vous étiez très proche de votre grand-mère la reine Géraldine. Frédéric Mitterrand prépare d’ailleurs un documentaire sur la Reine. Pouvez-vous nous parler de votre grand-mère ?

Prince Léka : Oui, en effet, Frédéric Mitterrand prépare un documentaire sur la Reine Géraldine, nous l’aidons d’ailleurs dans ses recherches et accès aux archives.

Ma grand-mère est une légende en Albanie. Elle a toujours été très aimée et très admirée pour sa grande humanité, sa vive intelligence, sa beauté aussi. Elle a été un pilier essentiel de la famille en exil.

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D’origine hongroise, elle n’a vécu qu’une année en Albanie entre son mariage en 1938 et la naissance de son fils Léka avant de partir en exil en 1939 et de ne revenir qu’en 2002 mais elle a voué toute sa vie à l’Albanie. Même après le décès du Roi Zog, elle a continué sans relâche, étant un précieux soutien et une excellente conseillère pour mon père le Roi Léka.

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Elle l’a beaucoup aidé à entretenir et développer ses contacts avec la diaspora. Elle parlait toujours avec énormément d’émotion de l’Albanie où comme je le répète, elle n’a vécu qu’une année.

Lorsque nous étions en exil, elle ne cessait de répéter que son vœu était de mourir en Albanie. Lorsque nous sommes revenus en juin 2002, sa santé était déjà délicate mais le fait d’être de retour au pays, l’a totalement transportée. Elle a eu un regain de vitalité pendant quelques mois avant de s’éteindre comme elle le rêvait sur le sol albanais.

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Noblesse et Royautés : Votre parrain était le roi Baudouin, roi des Belges. Comment ce choix s’est-il opéré ? Bien que vous étiez un petit garçon, vous avez eu l’occasion de la côtoyer, pouvez-vous nous en parler ? 

Prince Léka : Cela vient du fait de l’amitié qui existait entre mon père et le Roi Baudouin. J’ai rencontré à deux reprises le Roi Baudouin lorsque nous sommes venus en Europe et que j’étais encore un petit garçon. Ma mère m’avait bien briefé en vue de cette rencontre : comment saluer, comment me comporter, comment me tenir sagement à table,… Le moment venu lors de notre rencontre-déjeuner au Palais, le Roi Baudouin est venu vers moi avec beaucoup de chaleur et m’a tout simplement serré fort dans ses bras. A table, je me tenais bien droit conformément aux directives de ma mère mais le Roi Baudouin a détendu l’atmosphère très rapidement, me jettant un petit bout de pain… Je me rappelle aussi de la présence de son chien, un Labrador. Je garde aussi un précieux souvenir de la Reine Fabiola qui avait évoqué avec ma mère lors de ce déjeuner ses projets en faveur de l’éducation.

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Noblesse et Royautés : Le cousin de votre père le Roi Léka, Skender Zogu a aussi été très actif pendant les longues années d’exil, s’occupant du service presse de la famille royale. Pouvez-vous nous parler de lui ?

Prince Léka : Skender a en effet toujours été très actif. Il a énormément soutenu mon père pendant ces longues années d’exil pour garder le contact avec les Albanais. C’est une personne si bienveillante. Elia et lui s’adorent. Nous échangeons beaucoup par courriels car il vit à Paris. Il a plus de 80 ans mais il est toujours très dynamique. C’est vraiment un véritable gentleman.