Noblesse et Royautés : Vous avez écrit une biographie réputée sur la reine mère. Elle visitait souvent la France en été. Le prince de Faucigny-Lucinge était-il l’un de ses rares amis étrangers ?

Hugo Vickers : Oui et le prince Jean-Louis de Faucigny-Lucinge lui faisait visiter la France. Il avait succédé dans ce rôle d’hôte à Charles de Noailles. Ils ont dû faire de merveilleuses escapades. Vers la fin, l’entourage qui les accompagnait était épuisé et certains ont même fini sur une civière !

Noblesse et Royautés : La reine mère s’est sentie trahie par Marion Crawford, la gouvernante de ses filles, qui a publié « Little Princesses ». Elle ne le lui aurait jamais pardonné. Selon vous Marion Crawford aurait agi seule et avec le seul but de gagner l’argent facile ? La reine mère n’aurait pas été un peu trop dure avec elle ?

Hugo Vickers : L’histoire de Marion Crawford est très triste. Elle a été trompée en partie par son mari George Buthlay qui l’a poussée dans cette démarche avant de tomber sur l’effroyable duo d’éditeurs américains Bruce et Beatrice Gould. Ils avaient chargé une romancière Dorothy Black de parler avec Marion Crawford « Crawfie » (comme l’appelaient les princesses) et d’en extraire une histoire qu’elle a ensuite écrite elle-même. Crawfie n’a jamais écrit un mot dans ce livre. Elle pensait que si la reine mère n’aimait pas, le livre n’irait pas de l’avant mais elle avait signé un contrat. J’ai été heureux de pouvoir mettre les choses au clair dans mon livre. La reine mère était impitoyable. Ce n’est pas une belle histoire.

Noblesse et Royautés: Vous étiez ami de la princesse Margaret. Son rôle de mère la comblait?

Hugo Vickers : Elle était une bonne mère et il est triste que lorsque sa vie turbulente s’était installée dans un modèle de vie heureux, sa santé s’est effondrée. J’ai toujours pensé qu’elle avait été une meilleure personne que ce qu’elle croyait.

Noblesse et Royautés: Vous avez connu Cecil Beaton dont vous avez écrit une biographie. Est-ce exact que c’est grâce à vous que Madonna a acheté la maison de Cecil Beaton?

Hugo Vickers : J’ai en fait seulement rencontré Cecil Beaton deux fois mais il avait lu mon livre sur Gladys, duchesse de Marlborough qu’il avait aimé. Aussi me demanda-t-il d’écrire sa vie. J’ai paradoxalement appris à mieux le connaître après sa mort. (NDLR : Cecil Beaton est décédé en 1980 et Hugo Vickers a publié sa biographie en 1985)

J’ai aidé Madonna à acheter sa maison d’Ashcombe. Je lui ai fourni les renseignements et je l’ai tenue informée. Elle l’a finalement achetée. Je n’ai même pas reçu qu’une petite boite de chocolats en remerciement. Mais peu importe car elle aime Cecil Beaton. Son ex-mari Guy Ritchie a essayé de faire de son mieux pour détruire l’atmosphère mais il n’y est pas arrivé.

Noblesse et Royautés : On a en gros tout dit et écrit sur la personnalité de la duchesse de Windsor mais connaissait-on réellement la duchesse ?

Hugo Vickers : Il y a effectivement eu beaucoup de récits, certains plus justes que d’autres. Je connaissais un certain nombre de personnes qui étaient ses amis ou qui travaillaient pour elle. Elle était très directe et juste. Lady Diana Cooper disait que lorsqu’elle rentrait dans une pièce, tout le monde se mettait en éveil. Elle était intelligente, maître des commérages et des situations drôles. Elle a fait de son mieux pour s’occuper du duc, qui n’avait rien à faire après l’abdication. La différence entre lui et elle est la suivante: Le monde adorait le prince de Galles, mais ceux qui travaillaient pour lui avaient de sérieuses réserves à son sujet. Le monde détestait Mrs Simpson mais ceux qui la connaissaient et qui travaillaient pour elle, l’aimaient vraiment beaucoup.

Noblesse et Royautés: Comment Maître Suzanne Blum a réussi à avoir une si grande influence sur la duchesse de Windsor ?

Hugo Vickers : Elle l’a isolée. Elle a limogé l’avocat anglais lorsque la duchesse était malade. Elle a progressivement pris le dessus, se débarrassant des deux secrétaires privés. J’ai raconté l’histoire en détails dans « Behind Closed Doors ». C’était la relation la plus choquante d’avocat à client, se terminant avec la Duchesse qui était sous machine de support de vie, alors qu’ils étaient en train de s’agiter autour de la succession.

(A suivre)