unnamed2

A l’occasion du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la république populaire de la Chine, le musée national des arts asiatiques – Guimet présente depuis le mercredi 22 octobre une exposition consacrée à l’art de la dynastie des Han. Alexandre Cousin qui avait déjà précédemment réalisé des reportages sur des expositions à Chantilly, vous fait découvrir cette exposition exceptionnelle. (Un tout grand merci à Alexandre Cousin)

Exceptionnelle, cette exposition l’est à plus d’un titre. Tout d’abord, il n’a fallu qu’une année à la présidente de l’établissement Sophie Makariou et à son équipe pour monter cette exposition. Elle est l’aboutissement d’une volonté de la présidente de réaffirmer les liens qui unissent le musée et la Chine.

Ensuite, cette rétrospective a été rendue possible grâce à de nombreux partenariats avec des musées chinois qui ont accepté de prêter leurs chefs-d’œuvre (dont certains sont des trésors nationaux ou issus de récentes fouilles archéologiques) que le visiteur découvrira pour la première fois en France.

Enfin, l’exposition présente un large panorama de l’extrême préciosité de la création artistique au temps de la dynastie des Han, soit près de quatre siècles (de 206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.) de l’histoire de la Chine. Œuvres en or, bronze, jade, soie, céramique, laque… la grande diversité des matériaux et des techniques témoignent d’un art raffiné et de la puissance de l’empire. Retrouvés en très grande majorité lors de fouilles de complexes funéraires, les objets présentés illustrent aussi bien un certain art de vivre aristocratique que la vie quotidienne sous les Han.

La dynastie des Han de l’Ouest voit le jour avec Liu Bang qui se proclame empereur en 202 avant notre ère. Il établit la capitale de l’empire à Chang’an (l’actuelle Xian). En 25 après Jésus-Christ, après une brève usurpation du pouvoir par la dynastie des Xin, les Han reprennent le pouvoir et font de la ville de Luoyang la nouvelle capitale. C’est l’époque des Han de l’Est, qui s’achèvera en 220.

Au plus fort de son expansion, l’empire des Han s’étend jusqu’au Ganzu à l’Ouest, à la Mongolie au Nord, à la péninsule coréenne à l’Est, et au Vietnam au sud. Il s’appuie sur une administration hiérarchisée, une économie agricole et des alliances lointaines permettant les échanges avec l’Occident, en particulier au moyen de la route de la soie.

S’il ne reste plus rien des premiers palais de Chang’an, hormis quelques fragments de tuiles, les tombeaux des empereurs ont, quant à eux, été préservés. Celui de l’empereur Jingdi (188-141 avant Jésus-Christ) se trouve sous un tumulus de trente et un mètres. Il est entouré de quatre-vingt-une fosses dans lesquelles étaient placés de la vaisselle de bronze et des substituts funéraires de l’organisation de la maison impériale. On y trouve en effet des figurines en terre cuite initialement ornées de tissu représentant des serviteurs, des fonctionnaires, des eunuques, des soldats ou des animaux. Le complexe reconstituait en quelque sorte le monde terrestre autour de l’empereur défunt, fils du Ciel.

La douceur des traits du visage de cette figurine funéraire en terre cuite présente un humanisme propre aux Han.

unnamed3

 

L’armée avait un rôle très important sous les Han. Elle était l’un des piliers de l’empire qui luttait contre les peuples des steppes du Nord. On a retrouvé dans deux tombes de généraux plus de 1800 figures de fantassins et 583 cavaliers en terre cuite. Les statuettes ont été moulées d’un seul bloc d’argile, les détails ont été modelés ensuite.

unnamed4

Ce brûle parfum appelé boshanlu et orné d’incrustations en or se compose d’une coupelle décorée d’entrelacs figurant des vagues. La partie supérieure adopte la forme d’une montagne, représentant le Paradis dans la pensée taoïste. Les orifices aménagés dans le couvercle permettaient à la fumée qui s’en échappait d’évoquer les nuages entourant la montagne mythique. Cet objet témoigne de la richesse des cours princières au début de l’empire, rivalisant de faste avec la cour impériale. Les formes des pièces de vaisselle de bronze ornées d’or et d’argent sont héritées de l’époque précédente, les Royaumes Combattants, et illustrent une permanence du goût des élites. Les motifs animaliers et les jeux de spirales sont des caractéristiques de l’art de cour sous les Han.

unnamed1

Depuis le XIe siècle avant notre ère, le jade, à la vertu protectrice, est synonyme de prestige et est un élément d’ornementation des armes et des parures de l’élite. Dans les tombes princières, les linceuls de jade recouvrent entièrement le corps du défunt, mis à part les princes déchus qui ne portent qu’un masque de jade.

unnamed5

Les éléments de jade sont assemblés entre eux par des fils d’or (linceul d’empereur) ou des fils d’argent ou de cuivre (linceul des princes et des dignitaires). Le linceul de jade destiné au roi de Chu, important royaume du Sud, cousu d’or, fait exception. Il s’agit de l’un des prêts les plus inédits de l’exposition.

 

unnamed6

La grande diversité de figurines retrouvées dans les tombeaux permettent d’illustrer la variété des costumes et des parures que portaient les contemporains des Han. Les motifs peints représentent fidèlement les textiles de l’époque. La présence dans l’exposition de vêtements de soie, de miroirs et d’ustensiles de maquillage permettent au visiteur de se faire un idée de l’élégance de la femme sous les Han : robe enroulée autour du corps avec de longues manches dissimulant les mains, coiffure en chignon aérien, sourcils dessinés en arc… Voici une paire de gants de soie grège dans un exceptionnel état de conservation.

Les banquets et les cérémonies occupaient une place centrale dans la société des Han. La préparation des repas et les habitudes alimentaires sont également illustrées par les substituts funéraires présents dans les tombes. Dans l’exposition, pièces de vaisselle de bois laqué ou de bronze, coupes et vases évoquent les festins qui comprenaient également des spectacles de chant, de musique, d’acrobaties et des jeux.

unnamed7

Ce vase en bronze et or est un élément de vaisselle rituelle destiné aux sépultures les plus importantes. Lorsqu’il a été découvert, ce vase contenait encore du liquide qui est présenté aujourd’hui dans une fiole, à côté du vase.

D’autres aspects de la vie quotidienne comme l’écriture, la musique, l’architecture, ou les croyances sont également abordés dans l’exposition qui comporte au total plus de deux cents œuvres témoignant de « l’âge d’or » que connaissait la création artistique en Chine sous la dynastie des Han.

Le public peut visiter l’exposition « Splendeurs des Han, essor de l’empire Céleste » du 22 octobre 2014 au 1er mars 2015 au musée national des arts asiatiques – Guimet. Le commissariat général est assuré par Sophie Makariou, présidente de l’établissement, et Wang Jun, directeur de l’Agence Arts Exhibitions China. Les commissaires sont Eric Lefebvre, conservateur, et Huei-chung Tsao, ingénieur d’études.