Noblesse et Royautés : Vous êtes l’auteur d’une biographie de la princesse Alice de Battenberg, mère du duc d’Edimbourg. C’est une personnalité du Gotha assez méconnue. Les Anglais ignorent pour la plupart qu’elle a fini ses jours à Buckingham auprès de son fils et qu’elle est enterrée à Jérusalem. Le duc d’Edimbourg vous a-t-il confié des archives familiales ?

Hugo Vickers : Oh oui, il m’a donné libre accès pour ses archives personnelles, on m’a aussi permis de prendre avec moi des lettres originales alors qu’il s’agissait des Archives royales ainsi que la meilleure source aux archives de Lord Mountbatten à Broadlands.

J’ai passé de nombreuses heures heureuses au cours d’une année là-bas. J’ai aussi été aidé par des membres de la famille royale, ici à Londres, le roi de Grèce ainsi que des membres de la famille allemande. J’ai également travaillé aux Archives nationales qui avaient tous les documents du Foreign Office dont des rapports de Grèce.

Il n’y avait plus beaucoup d’amis encore en vie mais le Major Gerald Green connaissait bien la princesse Alice. Le prince Philippe a aidé tout comme sa sœur la princesse George de Hanovre et j’ai pu lui poser de nombreuses questions

Noblesse et Royautés : Le duc d’Edimbourg n’a pour ainsi dire jamais parlé de sa famille, de son père le prince André de Grèce et de Danemark, de sa mère la princesse Alice et de ses quatre sœurs les princesses Cecilie, Theodora, Margaretha et Sophie toutes les quatre mariées à des princes allemands avant la Seconde Guerre Mondiale. Quelles étaient concrètement ses relations avec sa famille ?   Se fréquentaient-ils en privé puisque l’on sait qu’au lendemain de la guerre 40-45, les relations avec les familles princières allemandes étaient délicates pour la Couronne britannique ?

Hugo Vickers : Le Prince Philip tient son père en haute estime. Il m’a convaincu qu’il pensait que son père avait été un bon père, mais il ne m’a pas convaincu qu’il était aujourd’hui un bon père.

Ses relations avec sa mère étaient plus difficiles car elle avait été éloignée de lui pendant quelques années lorsqu’il était enfant (NDLR : La princesse a été admise pendant deux ans dans un sanatorium en Allemagne pour soigner sa schizophrénie)

Il avait été pris en charge par ses sœurs et il était autant que possible en contact avec elles –sauf évidemment pendant la guerre lorsqu’il était en mer et que les communications étaient difficiles.

Sa grand-mère l’a réellement élevé avec ses oncles (NDLR : la famille Mountbatten). Ses sœurs encore en vie (NDLR : Cecilie est décédée en 1937) n’ont pas été autorisées à venir au mariage en 1947 (ses sœur étaient mariées à des princes allemands : Margarita (1905-1981) avec le prince Gottfried de Hohenlohe-Langenburg, Theodora (1906-1969) avec le margrave de Bade, Sophie (1914-2001) avec le prince Christophe de Hesse puis après veuvage avec le prince George de Hanovre. Il était impensable après la Seconde Guerre Mondiale que ces princes allemands soient présents en l’abbaye de Westminster).

Mais en 1953 (date du couronnement d’Elizabeth II) étaient toutes là. Ensuite, ils ont eu beaucoup de contacts, la grande personne qui a permis de maintenir l’union entre les familles anglaise et allemande, était la princesse Peg de Hesse. Le prince Philippe a veillé à l’éducation de certains de ses neveux et nièces.

Noblesse et Royautés: Pourquoi la princesse Sophie, soeur du prince Philip, s’est-elle mariée à si jeune à l’âge de 16 ans ? Pouvez donner des détails sur l »amie » du père du prince Philip,  le prince Andrew de Grèce, qui l’a accompagné jusqu’aux derniers jours ?

Hugo Vickers : Toutes les soeurs du prince Philipe se sont mariées rapidement après que la famille se soit séparée (NDLR : Les mariages des quatre princesses ont eu lieu entre le 15 décembre 1930 et le 17 août 1931 !).

Je n’ai pas de détails sur la dernière amie du prince. Mais les derniers jours du prince André furent tristes et peu satisfaisants. Un Royal ne doit pas vivre en exil.

Noblesse et Royautés: Les mémoires d Etti Plesch, fille du comte Ferdinand von Wurmbrand-Stuppach et personnage célèbre dans le monde équestre, sont très amusantes. Elle s’est mariée six fois mais gardait une rancune tenace envers Louise de Vilmorin de lui avoir volé deux de ses maris. Est-ce que vous avez connu Etti Plesch? Parlait-elle de sa cousine, baronne Vetsera ?

Hugo Vickers : J’ai travaillé avec Etti Plesch (décédée en 2003) sur ses mémoires –six maris et deux fois gagnante du derby d’Epsom en tant que propriétaire de chevaux. Le livre s’appelle Horses & Husbands. Dans le livre, elle parle en effet de la baronne Vetsera.

(A suivre)