Noblesse et Royautés : Vous venez de publier un ouvrage qui dresse un bilan critique de la série à succès « The crown ». Pour vous, il y a des imprécisions mais surtout des situations qui sont adaptées en fonction des besoins du scenario et qui dès lors sont considérées comme réellement historiques par le spectateur. Pouvez-vous nous en donnez un exemple ?

Hugo Vickers : Je comprends que vous ayez besoin de conflit et d’une part de drame pour réaliser un film mais de telles adaptations vont forcément inventer scènes et dialogues. Ici ce qu’ils font, c’est qu’ils prennent deux scènes plus ou moins véridiques et les mettent ensemble, ce qui donne comme résultat une scène qui n’est pas du tout véridique !

Par exemple, la reine Elizabeth a invité les Kennedy à dîner en juin 1961 et elle s’est rendue au Ghana en novembre 1961. Ici, on laisse entendre que la reine est partie au Ghana pour snober Jackie Kennedy qui était de passage à Londres au même moment. La reine est allée au Ghana à ce moment-là pour garantir que le pays resterait dans le giron du Commonwealth.

La pire scène est quand ils présentent une scène du prince Philip frappant un garçon à Gordounston et prétendent que cet incident a fait venir sa sœur la princesse Cecilie à Londres alors qu’elle venait à Londres pour un mariage (NDLR : la princesse enceinte, son époux le prince de Hesse-Darmstadt, leurs deux fils et sa belle-mère ont perdu la vie le 16 novembre 1937 au-dessus d’Ostende en Belgique lors du crash de leur avion) et donc que la princesse s’est tuée à cause de cet incident. On voit d’ailleurs une scène où son père (NDLR le prince André de Grèce et de Danemark) crie « C’est vrai, n’est-ce pas ? Tu es la cause que nous enterrions mon enfant préférée ? ». C’est absolument faux et complètement honteux. Le prince Philip n’a strictement rien à voir avec la mort de sa sœur et il en a été très amèrement touché.

J’ai écrit un ouvrage sur tout cela « The Crown – Truth and fiction » disponible à la publication de Zuleika.

Noblesse et Royautés: La Reine Elisabeth a déjà fait l’objet de films comme «La Reine». Pouvez-vous nous en parler ?

Hugo Vickers : La reine inspire toujours de bonnes représentations que ce soit au théâtre ou cinéma. Prunella Scales était géniale dans « Une Question d’Attribution », Helen Mirren aussi, dans « The Queen ». Et Claire Foy est excellente dans « The Crown », avec un superbe timing théâtral.

Noblesse et Royautés: Vous avez joué dans le film «Victoria et Abdul» qui narre l’histoire vraie entre la reine Victoria et un serviteur venu d’Inde. Des scènes tournées à Osborne sur l’île de Wight où la reine aimait résider. Quelle était l’atmosphère sur le studio de tournage? Avez-vous été satisfait du résultat final ?

Hugo Vickers : J’étais le conseiller historique de « Victoria & Abdul » et j’ai demandé si je pouvais être un extra on appelle cela maintenant un « supporting artist ». C’est une production très magnifiquement filmée. Dans la vraie vie, le Munshi n’était pas aussi beau ou charmant que représenté. Je pense que c’était le meilleur cependant. Malheureusement, je n’étais pas présent quand ils ont filmé à Osborne. J’étais dans une scène de banquet à Greenwich et dans une tente à Ham House.

Noblesse et Royautés : Vous avez conseillé l’actrice Helena Bonham-Carter pour son interprétation de la reine Elizabeth, épouse du roi George VI dans le film « Le discours d’un roi ». Vos conseils étaient-ils centrés sur des détails de contexte historique ou sur l’attitude, le caractère de la reine mère ?

Hugo Vickers : On a commencé par me poser de simples questions d’étiquette mais je passais en fait beaucoup de temps avec Helena que je connaissais déjà. C’était très amusant de lui parler de la manière d’être et du caractère de la reine mère. Je lui racontais des anecdotes. J’ai aussi ajusté le scénario de temps en temps, et bien sûr j’ai fait de mon mieux avec des détails tels que celui de Lord Halifax qui n’avait pas de main gauche.

(A suivre)