Dans les nombreuses résidences de la famille impériale autrichienne, la Kaiservilla (villa impériale) tient une place particulière.

Immédiatement après les fiançailles de l’empereur François-Joseph et de la duchesse Elisabeth en Bavière, 19 août 1853, l’archiduchesse Sophie se mit à négocier l’achat de la villa Eltz où le chancelier Metternich avait passé ses étés, pour l’offrir au jeune couple en cadeau de mariage, comme résidence privée dans ce lieu de villégiature de la famille impériale.

Dès l’hiver 1853-1854, la propriété fut réaménagée pour que le jeune couple puisse y séjourner l’été suivant. Mais c’est entre 1855 et 1858 que les travaux d’extension confiés à Antonio Legrenzi ont été réalisés. Une grande extension et deux nouvelles ailes donnaient au plan de masse du bâtiment la forme d’un E, symbolisant, semble-t-il, le E d’Elisabeth.

Chaque année, avec le mois de juillet, la famille impériale retrouvait Ischl dans le sud de la province de Haute-Autriche et la Kaiservilla où l’intimité familiale était jalousement préservée. Aucun hôte d’Etat, aussi prestigieux fut-il, ne logea à la Kaiservilla mais dans des hôtels du centre-ville. Seuls quelques dîners de gala furent donnés dans la grande salle des trophées, pour le roi Ferdinand du Portugal, le roi Edouard VII d’Angleterre, le Nonce apostolique ou encore l’impératrice Eugénie.

François-Joseph, grand chasseur, aimait cette demeure où il pouvait pleinement s’adonner à sa passion. (ci-dessous des détails de trophées). Il y passera 60 étés de sa vie et fêtera chaque 18 août son anniversaire au milieu des habitants d’Ischl.

Quant à l’impératrice, elle se sentait tellement apaisée à la Kaiservilla qu’elle fit construire dans le parc, un petit pavillon pour elle seule, le « Marmorschloss » (château de marbre – photos ci-dessous), qu’elle appelait son « cottage ». Elle venait y prendre le thé, écrire des poèmes (ses poèmes ont été composés pour la plupart à Ischl). Plus tard, elle y fera aménager des salles de jeux pour ses petits-enfants.

La visite de la Kaiservilla est très émouvante car la demeure, simple, reflète une vie de famille loin du protocole de la Cour. Seules une dizaine de pièces sont ouvertes à la visite parmi lesquelles le petit cabinet de travail de l’impératrice.

C’est certainement la pièce la plus attachante de la demeure, pièce petite, intime, meublée simplement et où Sissi s’était entourée de photographies, particulièrement de Marie-Valérie, sa fille cadette. Le temps semble s’être arrêté ici, comme il s’est arrêté dans le bureau de l’empereur, celui d’un autre monde….

C’est la pièce politiquement la plus importante de la villa, celle où s’est joué le destin de l’Europe le 28 juillet 1914 lorsque François-Joseph a signé, après l’attentat de Sarajevo, la déclaration de guerre à la Serbie.

Ischl et la Kaiservilla sont intimement liées aux souverains. C’est à Ischl qu’a débuté leur vie commune. C’est là que 45 ans plus tard, elle s’achèvera. En juillet 1898, l’impératrice Elisabeth y passera deux semaines avant de partir pour la Bavière puis la Suisse. Ils se promèneront ensemble une dernière fois dans le parc le 15 juillet, veille de son départ. Le 10 septembre 1898, elle sera assassinée à Genève.

Jusqu’en 1914, l’Empereur reviendra régulièrement à la Kaiservilla. Il quittera définitivement sa chère villa le 30 juillet 1914. Il s’éteindra à Vienne le 21 novembre 1916.

Bien que résidence officielle, la Kaiservilla ne fut jamais propriété de l’Etat. Marie Valérie, fille cadette du couple impérial, la reçut en héritage. Marie Valérie a épousé son cousin l’archiduc François Salvator d’Autriche-Toscane. C’est donc un descendant en ligne directe de François Joseph et Elisabeth, l’archiduc Markus d’Autriche-Toscane, petit-fils de Marie Valérie qui est l’actuel propriétaire des lieux. (Merci à Lydie pour le texte – Sources : sa visite guidée de la Kaiservilla, les biographies de Sissi de H.Dufour et J. des Cars et l’émission « Des racines et des ailes » – Photos personnelles de Lydie)