Le château d’Arstetten

Les feux de l’actualité se sont braqués sur le château d’Artstetten en cette année 2014 : il y a cent ans disparaissaient sous les balles d’un anarchiste serbe à Sarajevo l’héritier du trône austro-hongrois l’archiduc François-Ferdinand , neveu de l’empereur François-Joseph , et son épouse Sophie Chotek (titrée par l’empereur duchesse de Hohenberg).

Selon leurs dernières volontés ils sont inhumés dans la crypte de la chapelle du château. Situé sur les hauteurs du Danube , à 1 heure de route de Vienne, la demeure flanquée de quatre tours aux toits à bulbes commandés par l’archiduc en 1912 jouxte la petite chapelle attenante et abrite aujourd’hui un musée qui présente de nombreux souvenirs familiaux, objets , photos, effets personnels des Habsbourg et Hohenberg.

Après avoir amorcé cette œuvre de longue haleine avec son premier époux le comte français de la Poëze d’Harambure ,leur arrière petite-fille la princesse Anita de Hohenberg (aujourd’hui remariée au comte Andréas von Bardeau) en a fait aujourd’hui une fondation destinée à pérenniser cet héritage.

On trouve trace d’un château-fort sur ce site depuis le XIIe siècle .Au fil des siècles ,détruit, brûlé, puis reconstruit , le château est acheté par les Habsbourg en 1823. Il échoit finalement à l’archiduc Charles-Louis , frère de l’empereur François-Joseph en 1861.

Leur frère l’archiduc Maximilien (l’éphémère empereur du Mexique exécuté en 1867) avait voulu par la suite le lui racheter mais ne paya jamais la somme convenue avant sa disparition.

Après 3 fils , François-Ferdinand , Otto et Ferdinand, en 1870 c’est à Artstetten que l’épouse de Charles-Louis met au monde leur quatrième enfant (et seule fille) Marguerite . Maria-Annunciata des Deux Siciles meurt l’année suivante le laissant veuf pour la deuxième fois et laissant 4 orphelins en bas âge.

En 1873 , Charles-Louis se remarie avec Marie-Thérèse de Bragance , qui malgré ses 18 ans se montre très maternelle et dévouée avec ses beaux-enfants . François-Ferdinand l’appellera « maman » et lui gardera une profonde affection ( d’autant que ce fut une des rares personnes à comprendre son amour pour Sophie et à le soutenir.). Elle leur donnera deux petites sœurs Maria-Annunciata et Elisabeth (qui épousera Aloïs du Liechtenstein et était la grand-mère du prince Hans-Adam)

En 1889 , l’archiduc Charles-Louis fait don du château à son fils aîné François-Ferdinand , qui malgré l’acquisition d’autres propriétés , considéra toujours Artstetten comme son seul « château de famille ».C’est ce qui explique que , conscient que Sophie , son grand amour épousée en 1900 mais considérée par la cour comme « épouse morganatique » , ne pourrait être inhumée dans la crypte des capucins de Vienne aux côtés des Habsbourg , il décida après la mort de leur quatrième enfant mort-né en 1908 de faire construire un caveau afin de pouvoir rester ensemble par delà la mort.

A leur mort , leurs trois enfants Sophie (1901) , Maximilien (1902) et Ernst (1904) furent confiés à la princesse Marie-Thérèse de Bragance , veuve de leur grand-père paternel depuis 1896. Marie-Thérèse de part les brillantes unions de ses frères et sœurs se trouve être :

-à la fois la belle-sœur de Sissi (sa sœur Marie-Josée a épousé le frère de Sissi Charles-Théodore) , qui sera la marraine de sa fille cadette (prénommée comme elle Elisabeth ), et de l’empereur François –Joseph , frère de son mari.

-la sœur de Michel de Bragance dont descend la famille royale de Portugal

-la tante de la grande-duchesse Charlotte du Luxembourg (fille de sa sœur Marie-Anna) et de son mari Félix de Bourbon Parme (fils de sa sœur Antoinette) , Xavier de Bourbon Parme (père ce Carlos-Hugo) ainsi bien sûr que de Zita de Bourbon Parme qui épousa le petit-fils de son mari , l’archiduc Charles (qui deviendra le dernier empereur)

C’est Maximilien qui devint duc de Hohenberg en 1917. Hostile à l’Anschluss en 1938 (ndlr :annexion de l’Autriche à l’Allemagne nazie ), il fut déporté quelques temps au camp de Dachau près de Münich ( ainsi que son frère Ernst qui y fut retenu 5 ans.) Pendant la guerre Hermann Goering s’appropria même un temps Artstetten.

L’aîné des 6 fils de Maximilien qui fut prénommé François-Ferdinand , comme son grand-père , hérita du titre du duc et du château à sa mort en 1962.

La princesse Anita n’a pas hérité du titre (qui ne se hérite qu’en lignée mâle et qui échut donc à son oncle) mais du château (en tant que fille aînée du fils aîné). Plus exactement c’est sa mère la princesse Elisabeth du Luxembourg qui en hérita suite au décès de son mari (dont elle était séparée) en 1977 ,puis elle le céda rapidement à sa fille, préférant rester dans son Luxembourg natal auprès de sa mère . (Merci à Caroline VM pour ce reportage) 

A suivre dans les prochains jours : plusieurs reportages photos sur la famille impériale d’Autriche