C’est en 1839 que Jean-Casimir, duc de Blacas d’Aulps (cf. illustration), homme de confiance du roi Charles X, fit l’acquisition pour la somme de 175.000 florins sur sa cassette personnelle du château et des terres de Frohsdorf et Pitten situées en Basse Autriche.

Fief des comtes de Hoyos depuis le XVIIe siècle, le château de Frohsdorf avait ensuite appartenu en 1817 à Caroline Murat (cf. illustration) qui, veuve de l’ancien roi de Naples, et prisonnnière de l’Autriche, y avait trouvé refuge sous le nom de comtesse de Lipona, anagramme de Napoli.

C’est elle qui vendit le domaine en 1828 au célèbre général russe Alexandre Yermolov, ancien favori de Catherine II, qui avait quitté la Russie pour s’établir en Autriche. Après la mort du général survenue en 1834, ses fils le vendirent au duc de Blacas. Par testament, ce dernier laissera le domaine de Frohsdorf et ses terres à « Madame la Comtesse de Marnes, Marie-Thérèse de France, comme une partie de ce que j’ai eu du roi Louis XVIII« .

Ce n’est qu’en 1844, peu de temps après la mort du duc d’Angoulême, que le duc de Bordeaux, qui était alors devenu chef de la maison de Bourbon, prenait officiellement le titre de comte de Chambord. (cf. illustration)

Il s’installa définitivement à Frohsdorf, mettrant aisni fin à une longue errance de 14 ans d’exil. A son tour, en 1851, le comte de Chambord recevait le château de Frohsdorf en héritage de sa tante (cf. illustration)

C’est à Frohsdorf que la famille royale, proscrite de France par Louis-Philippe, allait vivre pendant près de 40 ans, de 1844 à 1883, date de la mort du comte de Chambord et que, par la suite, s’y succèderont ses héritiers. Dans cette demeure où « la Cour » allait, pour la première fois, pouvoir pleinement s’installer, le jeune prince, sa soeur la princesse Louise-Marie, future duchesse de Parme et sa tante la duchesse d’Angoulême que tout le monde appelait « La Reine » purent alors faire placer les souvenirs historiques et reliques royales miraculeusement rescapés des Tuleries, qui avaient pu les accompagner dans leur exil et auxquels s’étaient joint les nombreux cadeaux  qu’avaient fait de fidèles serviteurs de la monarchie légitime.

Rebâti dans la seconde moitié du XVIIIe par le comte Johan-Philip Hoyos dans le goût baroque autrichien, le château de Frohsdorf se présente aujourd’hui encore sous la forme d’une solide construction quadrangulaire d’apparence assez sévère, entourée de douves sèches bordées de balustrades. La demeure qui est peinte dans ce jaune ocre traditionnellement utilisé en Autriche, comporte trois étages, dont un en attique, et enferme une cour interieure pavée à laquelle donne accès une importante porte cochère. (cf.illustration)

La façade d’entrée qui se déploie sur 9 travées, est surmontée d’un important fronton triangulaire, qui a conservé les grandes armes de France que le prince y fit apposer dès son arrivée, supporté par dix pilastres coiffés de chapiteaux d’ordre composite. (cf.illustration)

Plus large, l’aile Ouest donnant sur le parc à la française aligne ses 11 croisées animées par huit pilastres que surmontent des statues mytologiques placées à l’aplomb de la toiture. Les deux autres ailes sont plus sobres, seule l’une d’elle, qui donne sur un parc de 200 hectares peuplé de cervidés, se distingue par la saillie que fait le choeur de la chapelle, tandis que l’autre donne sur le jardin privé du prince. En outre, le domaine s’assortissant de 3000 hectares de terres et de forêts qui permettait au prince d’assouvir sa passion pour la chasse.

Franchissant le porche d’entrée, le visiteur était accuelli par une imposante statue de Jeanne d’Arc (cf.illustration), toujours aujourd’hui conservée dans une niche. Il s’agissait d’une oeuvre commandée au sculpteur Rinaldi par la duchesse des Cars à Rome en 1833 et ensuite offerte au duc de Bordeaux.

Puis, il était reçu dans un vestibule ouvrant sur les salons de réception qui se succédaient en enfilade tout au long du rez-de-chaussée de l’aile du midi donannt sur un parc à la française.

Le premier appelé salon des oiseaux, tirait son nom d’une collectiopn d’oiseaux naturélaisés conservés dans deux grandes armoires vitrées. Ses murs tapissés d’un apapier peint à fleur-de-lys d’or, étaient couverts de multiples trophées de cerfs, daims, chamois et chevreuils que le prince avait chassés sur le domaine et que côtoyait un important tableau de chasse figurant l’Hallali du Cerf à Chantilly en présence de Charles X, oeuvre du peintre Louis-Joseph Schmitz.

Puis venait le grans salon ou salon rouge qui tirait son nom d’un ensemble de sièges précieusement garis de tapisseries au petit point sur fond rouge exécutées par la duchesse d’Angoulême. C’est là qu’avaient été regroupés différents portraits historiques dont certains provenaient des collections de la duchesse de Berry au château de Rosny : le duc de Bourgogne (cf.illustration)

et son frère le duc d’Anjou, tous deux par Rigaud, le dauphin, fils de Louis XV par Robert Levrac-Tournières, Marie Leczinska par Nattier mais ausi un émouvant portrait de Marie Antoinette par Madame Vigée-Le Brun, qui portait encore la trace du coup de baïonnette des émeutiers lors de la prise des Tuileries le 10 août 1972, et la duchesse de Berry, mère du prince, en grand deuil peinte par Kinston dans ses appartements du Pavillon de Marsan. (cf.illustration)

Sur une console était conservée une relique insigne : la tête de l’ancienne statue d’Henri IV sur le pont Neuf. Miraculeusement retrouvée dans la Seine, elle avait été offerte au comte de Chambord par une délégation d’ouvriers venus visiter le prince en 1850.

C’est tout particulièrement dans cetet pièce aux murs suchargés de tableaux, qu’avait trouvé place, au milieu d’un lourd mobilier d’acajou de goput Biedermeier, le trône de bois doré offert parvles royalistes français en 1873 ainsi qu’en témoigne la seule photo du salon connue datant du temps du comte de Chambord (cf.illustration)

Ce meuble emblématique se trouve aujourd’hui conservé au château de Chambord. (cf.illustration)

Lui succédait le billard dont le sol était recouvert d’un tapis couvert d’un semis de fleur-de-lys et les murs abritaient des peintures de l’école iatlienne de ou d’après Raphaël, Le Tintoret, Tiepolo ou Canaletto. Comme dans les autres salons, au plafond pendait un imposant lustre en verre de Murano dont chacune des vingt-quatre branches se terminait par une fleur-de-lys au naturel.

L’enfilade des salons se terminait par le salon gris, celui-là même où s’éteignit Henri V le 24 août 1883. Après la mort du prince, la pièce avait été trabsformée en sanctuaire par la comtesse de Chambord. On y admirait le buste officiel du prince en marbre blanc, oeuvre du sculpteur Veray qui trônait sur la cheminée ainsi que différents souvenirs d’enfance du prince comme cette plaque de procelaine de Sèvres figurant le jeune duc de Bordeaux passant en revue la garde royale ay pavillon de Bagatelle. (cf.illustration

C’est dans ces salons que vivaient le comte et la comtesse de Chambord entourés de leurs neveux Bourbon-Parme qui à partir de 1864, date de la mort de leur mère, vinrent vivre le plus souvent à Frohsdorf, de leurs proches parmi lesquels on remarquait les demi-frères du prince qu’étaient le prince Ferdinand de Faucigny-Lucinge et le duc della Grazzia et enfin des membres les plus fidèles du « service d’honneur du Roi » qu’étaient les Blacas, Damas, Monti ou Vanssay comme en témoigne cette photo prise dans les années 1860.

Le grand escalier et le couloir qui desservait les appartements du premier étage avaient été transformés en galerie de peinture à la gloire de la branche aînée des Bourbons. Dans un accrochage serré, on y voyait les portraits en pied de la plupart des rois de France : Henri IV en armure par Pourbus et cinq autres souverains en habit de sacre, Louis XIV par Rigaud, Louis XV par Van Loo, Louis XVI par Callet, Louis XVIII et Charles X par Paulin-Guérin. La galerie était complétée dans une parfaite continuité dynastique, par un grand portrait du duc de Berry (cf.illustration) portant la livrée de vénerie aux couleurs vert et amarante de la maison d’Arois, oeuvre du baron Gérard

Et enfin, par les grands portaits d’apparat du comte et de la comtesse de Chambord, oeuvres réalisées par le peintre Alexis Pérignon peu de temps après leur mariage en 1846. Le premier étage comportait les appartements des quatre neveux du prince, enfants de sa soeur Louise, duchese régente de Parme, à savoir Robert, duc de Parme , sa soeur Marguerite, future duchesse de Madrid (cf.illustration)

Alice, grande-duchesse de Toscane et Henri, comte de Bardi. Mais aussi ceux des gentilshommes au service du prince parmi lesquels on distingait le duc de Lévis, Stanislas de Blacas, Maxence de Foresta, Edouard et René de Monti, Maxence de Damas, Joseph du Bourg, René de Vibraye, Fernand de La Ferronays ou Eugène de Raincourt que l’on appelait « la petite église de Frohsdorf » et qui allaient se succéder auprès du comte de Chambord. (Merci à Néoclassqiue pour ses recherches et le texte – Copyright photos : DR)