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Le Qatar a beaucoup fait parler de lui en ouvrant en novembre 2008 un splendide musée d’art islamique construit par l’architecte américain d’origine chinoise Ieoh Ming Pei, architecte de la Pyramide du Louvre.

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On sait moins que la même année, le 15 mars 2008, a été inaugurée la première église construite au Qatar, l’église Notre-Dame du Rosaire.

La première messe d’inauguration y était célébrée devant des milliers de fidèles par le  cardinal Ivan Dias, l’émissaire du Vatican qui a tenu à remercier particulièrement « Dieu et le Qatar pour ce grand cadeau.

L’inauguration officielle de l’église Notre-Dame de Rosaire a eu lieu vendredi 14 mars 2008 en présence d’officiels et d’un membre du gouvernement qatari, en l’occurrence le vice-Premier ministre et ministre de l’Energie Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah. Ce dernier a estimé à cette occasion que l’église inaugurée « enverra un message positif au monde ». « C’est un message fort qui servira l’islam. Au moment où nous réclamons la construction de davantage de mosquées et de centres islamiques en Occident, nous devons en retour être justes » vis-à-vis des populations chrétiennes présentes dans la région, a encore déclaré le ministre.

Qualifiée d’événement historique par Radio Vatican, l’inauguration de l’église de Doha a en outre eu lieu en présence d’un important dispositif de sécurité, les ambassadeurs de Grande-Bretagne et des Etats-Unis appelant quant à eux leurs ressortissants à la vigilance en raison de menaces annoncées provenant de groupes islamistes.

Pourquoi une église dans un pays dont la population est entièrement musulmane ? Le pays compte près de 150 000 habitants de confession chrétienne, et compte faire construire quatre autres églises. Deux autres églises sont déjà en cours de construction.

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En fait, des centaines de milliers de chrétiens vivent en Arabie et dans les pays du Golfe, attirés par la possibilité d’un travail qu’ils ne trouvent pas chez eux. Indiens, Pakistanais, Sri Lankais, Philippins constituent une masse considérable de travailleurs, plusieurs millions, que l’on voit affluer par avions entiers dans les aéroports de la région. À l’aéroport de Dubaï, un des plus importants du monde, on peut se croire à Bombay. Leur sort est très variable, depuis la petite bonne philippine jusqu’au cadre de banque qui travaille dur mais parvient à payer les études de ses enfants dans de bonnes universités au Canada ou aux États-Unis.

Parmi ces immigrés asiatiques, les Philippins, on le sait, sont à majorité catholiques, mais les Indiens du Kerala aussi comme ceux de Goa. Ces derniers appartiennent souvent à d’autres rites (syro-malabar, syro-malankar), mais ils relèvent d’un évêque catholique, le vicaire apostolique d’Arabie, actuellement Mgr Paul Hinder, capucin d’origine suisse, dont le siège permanent est à Abou Dhabi et dont le territoire comprend l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Yémen. En Arabie saoudite, ces chrétiens ne peuvent pas pratiquer leur religion de manière ouverte, mais les pays du Golfe montrent que d’autres solutions sont possibles. À Abou Dhabi, Dubaï et autres émirats, les cheikhs avaient permis, il y a plusieurs années, la construction des églises pour ces chrétiens étrangers. Sheikh Zayed, émir de Abou Dhabi et fondateur des Émirats Arabes Unis, les dépassait tous par son esprit de tolérance et d’ouverture. Il y a aussi des églises à Bahreïn et en Oman.

Au Qatar, c’est l’ambassadeur français, M. Bertrand Besancenot, qui a obtenu de l’émir sheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, le terrain et la permission de bâtir l’église que l’évêque demandait depuis longtemps. L’édifice est beau et vaste : il peut contenir 3000 fidèles ; des locaux importants ont été prévus pour la catéchèse et les réunions ; ainsi qu’une résidence pour les 7 prêtres, six capucins et un prêtre séculier, qui sont au service de cette communauté. L’édifice à lui seul a coûté 20 millions de dollars.

Sa construction, son aménagement et sa décoration ont duré 8 ans et ont été réalisés grâce à la générosité des fidèles catholiques vivant dans le Vicariat Apostolique d’Arabie. En juin 2010, le Saint Siège a opéré une restructuration ecclésiastique pour les pays du Golfe Persique. Le Qatar fait partie désormais du Vicariat Apostolique d’Arabie Nord, dont le siège épiscopal se trouve actuellement au Koweït. L’église de Doha est donc propriété de l’Eglise Catholique présente dans cette entité juridique.

Grandes fiertés du patrimoine culturel gersois, les vitraux de l’ancienne chapelle des Ursulines d’ Auch (Gers), ont été fabriqués par Emile Hirsh, ancien élève d’Eugène Delacroix et grand maître verrier parisien au XIXe siècle.

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Consacrée le 24 juin 1873 par Mgr de Langalerie (dont on retrouve le blason sur l’un des vitraux de Doha), la chapelle est désacralisée peu après 1905 et sert alors de gymnase aux jeunes filles du collège Carnot situé à proximité.

En 1974, la mairie d’Auch décide de faire démolir cette chapelle « vétuste » malgré quelques contestations des habitants, en raison d’une menace d’écroulement. « Il était question que l’on conserve les vitraux, confie Jacques Lapart. Mais en fait l’entrepreneur local basé à Nogaro, une petite ville gasconne, chargé de la démolition embarque tout sans que la municipalité s’en rende compte ! »

Récupérés justement par cette entreprise de rénovation, les vitraux sont perdus de vue et circulent pendant plus de 30 ans dans les mains d’antiquaires et d’amateurs d’art religieux.

Puis ils  sont  achetés par l’Eglise catholique d’Arabie ,  restaurés par l’atelier de Blandine Strauss, Maître Verrier près de Pau (64), que le Ministère de la Culture a choisi pour restaurer les 50 panneaux de vitrail qui orneront les 10 fenêtres de cette l’église. Ils ont été transportés et posés en toute légalité par l’Eglise Catholique d’Arabie grâce aux dons des fidèles. La session des vitraux n’a porté que sur les sujets religieux.

L’autorisation de sortie du territoire français a été fournie en accord par le Ministère français de la Culture.

L’architecture de l’église Notre Dame du Rosaire a été conçue pour pouvoir accueillir ces œuvres afin de les préserver dans de bonnes conditions à l’abri de la chaleur et du sable. Huit d’entre elles ont été placées dans le chœur de l’église et mises en valeur. Les deux autres seront posées dans des  chapelles contigües à l’église.

Notre Dame du Rosaire maintenant appelée la  » cathédrale du désert  » à Doha a un clocher  mais son architecture est évidemment intégrée à l’environnement : dépouillée comme le sont toutes les constructions des portes du désert et  ne comporte toutefois aucun signe distinctif, comme une grande croix extérieure par exemple

L’église Notre-Dame du Rosaire ne désemplit pas : 12 messes sont programmées dans 9 langues différentes et les locaux débordent d’activités : confessions, catéchèse, préparation au mariage. Le site internet de Notre Dame du Rosaire (www.rosarychurchqatar.com). (un grand merci à Guizmo pour cet article)