Le dernier tsar de Russie Nicolas II, sa famille et plus d’un millier de martyrs ont été officiellement canonisés par l’église orthodoxe russe dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou le 20 août 2000. Nicolas II est le seul tsar Romanov à avoir été canonisé.
Dans certaines églises russes, le tsar Nicolas II, son épouse Alexandra, leur quatre filles Olga, Tatiana, Maria et Anastasia et le tsarévitch Alexis sont représentés sur des icônes ou sur des peintures murales, comme sur cette fresque de la petite église jaune du Monastère Saint Pierre d’en Haut de la rue Petrovska de Moscou. (Merci à Agnès)
Jean Pierre
6 février 2015 @ 13:27
Ils ont été canonisés par l’Église orthodoxe russe mais sont-ils aussi considérés comme saints par les autres églises orthodoxes hors de Russie: Grèce, Roumanie, Bulgarie etc….
Patricia C
6 février 2015 @ 14:45
Je ne me souvenais pas de cette canonisation. Votre question est intéressante. Quelle est la portée exacte de cette canonisation ?
Gérard
7 février 2015 @ 12:24
Ils avaient plus anciennement été canonisés par l’Église russe hors frontières le 1er novembre 1981. La communion eucharistique et l’unité canonique ont été rétablies à Moscou le 17 mai 2007 jour de l’Ascension, entre les deux Églises russes. Je ne sais pas ce qu’il en est des autres Églises orthodoxes mais les Orthodoxes, fiers de l’indépendance de leurs Églises, mettent en avant sans cesse le scandale des divisions.
Philibert
8 février 2015 @ 13:45
Petite information supplémentaire : le tsar, la tsarine, leurs cinq enfants et quelques personnes de leur entourage le plus proche ont été assassinés en 1918 dans la maison Ipatiev.
Cette maison a résisté à l’époque communiste, mais maintenant elle n’existe plus : elle a été rasée sur ordre de Boris Eltsine.
Gérard
10 février 2015 @ 20:29
Le site est maintenant occuoé par l’église Sur-le-Sang versé dont l’autel occupe l’emplacement du mur contre lequel les princes et leur suite ont été assassinés, et qui a été construite entre 2000 et 2003.
Denis
6 février 2015 @ 13:47
Sage décision mais je n’ai jamais compris cette iconographie archaïque dans la religion orthodoxe…ces icônes semblent avoir été réalisées par un copiste d’oeuvres du XIII e siècle.
marianne
7 février 2015 @ 12:16
La peinture d’ icônes est toujours pratiquée de nos jours par des passionnés qui ne considèrent pas la copie en soi comme dévalorisante .
Lionel
6 février 2015 @ 14:04
Ca leur fait clairement une belle jambe.
Calou
6 février 2015 @ 15:45
Oui, en Grèce c’est sûr, tout au moins. Sur l’île de Corfou, il exciste un petit monastère à flanc de falaise où une grotte( comprenant plusieurs petites cavernes, avec des portraits et petites peintures de la famille impériale) est consacrée à la famille martyre. On tombe sur ce monastère un peu par hasard, au bout d’une route chaotique, il s’appelle le monastère « of the blessed Myrtiotissa » et date du XIV siècle. A côté de la belle plage du même nom, située sur le village de Glifada, à l’ouest de l’île.
Marie du Béarn
6 février 2015 @ 16:04
Robes de princesses dans Moscou sous la neige
http://royauxsuedois.centerblog.net/2645-robes-de-princesses-dans-moscou-enneigee
et Habits traditionnels de la Russie à travers la peinture russe
http://royauxsuedois.centerblog.net/2665-habits-traditionnels-de-la-russie
marianne
7 février 2015 @ 12:18
Merci Marie
Francine du Canada
7 février 2015 @ 17:10
Merci pour les liens Marie du Béarn; elles sont très belles ses robes de princesses. Bon w-e, FdC
Philibert
6 février 2015 @ 16:32
Nicolas II, l’impératrice et leurs cinq enfants ont été canonisés par l’Église orthodoxe russe il y a une trentaine d’années déjà.
D’ailleurs, leurs noms figurent depuis cette époque dans l’église orthodoxe de Bruxelles.
Il faut dire aussi que les canonisations par l’Église orthodoxe russe se font sans procès, contrairement à l’église catholique.
Gérard
7 février 2015 @ 12:27
Là il s’agit de martyrs et les Églises orthodoxes n’ont donc pas besoin de glorification. C’est donc une procédure simplifiée comme chez les Catholiques.
agnes
7 février 2015 @ 23:24
en 81, l’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontieres les a canonises/
Mais 2000 pour l’eglise orthodoexe russe.
Les 2 entites sont unies depuis 2007.
Libellule
6 février 2015 @ 18:08
Merci Agnès pour tous vos reportages que j’apprécie énormément !
Bon WE .
Libellule.
Albane
6 février 2015 @ 21:11
Les quelques personnes qui ont suivi dans l’exil la famille impériale et qui ont été assassinées en même temps (le Dr Evgueni Sergueïevitch Botkine, Anna Stepanovna Demidova, Alekseï Egorovitch Trupp et Ivan Kharitonov) ont été canonisées également, ainsi que deux servantes qui furent assassinées en septembre 1918, Anastasia Hendrikova et Catherine Adolphovna Schneider.
D’autres membres de la famille ont été ainsi honorées.
Gérard
9 février 2015 @ 09:47
Il semble que la famille impériale russe ait été canonisée en 1938 par l’Église orthodoxe serbe aussi sans doute en geste de gratitude pour la protection impériale.
Le colonel Alexei Egorovitch Trupp, valet de pied de l’empereur, né en 1858, tué avec la famille impériale, était un letton catholique. Il a été canonisé par l’Église russe hors frontières mais en raison de sa religion ne le fut pas par Moscou. Inhumé avec la famille impériale le 17 juillet 1998 il repose sous une croix catholique à une seule traverse contrairement aux autres.
Catherine Adolphovna Schneider, née en 1856, dite Trina, allemande, professeur de russe de l’impératrice et de la grande-duchesse Élisabeth, fut tuée à Perm le 4 septembre 1918, avec la comtesse Anastasia Hendrikova, dite Nastinka (dame d’honneur à la Cour et de facto gouvernante des grandes-duchesses),
laquelle fut canonisée par Moscou, qui ne semble pas avoir canonisé la première contrairement à l’Église hors frontières, en effet Catherine était luthérienne.
Le chambellan Fyodor Semionovitch Remez, secrétaire du grand-duc Serge était âgé de 40 ans lorsqu’il fut tué parmi les martyrs d’Alapaïevsk dans la nuit du18 juillet 1918, il fut l’un de ceux qui furent jetés vivants dans un puits de mine et quand on remonta son corps on vit qu’il était mort d’une hémorragie de la cavité pleurale et d’une hémorragie de la dure-mère. Les corps de ces martyrs qui furent déposés plus tard dans la crypte de la chapelle de la mission russe à Pékin y sont pour la plupart restés et après la destruction de la chapelle par la Chine communiste ils doivent reposer sous un parking. Or tous ces martyrs d’Alapaïevsk furent canonisés par l’Église russe hors frontières sauf Remez. Il a fait l’objet d’une canonisation collective par Moscou.
Pierre-Yves
7 février 2015 @ 09:36
Tout est excessif dans cette histoire. L’assassinat de la famille royale comme sa canonisation huit décennies plus tard.
Une révolution appelant un changement de régime peut éventuellement se justifier, mais il n’est pas (ou ne devrait pas être) fatal qu’elle s’accompagne du massacre de ceux qu’on entend destituer. Tout cela pour en venir ensuite à ériger ceux-ci au rang de saints.
Cela étant, et c’est encore le plus terrible, les outrances et les violences perpétrées dans le passé ne servent pas de leçons à l’humanité.
Claude-Patricia
7 février 2015 @ 12:44
On n’a pas pensé, nous Français à en faire de même avec notre propre famille royale qui a été aussi massacrée…remontons quelque siècles en arrière, et on pourrait obtenir le même résultat.
flabemont8
7 février 2015 @ 19:30
Non, Claude-Patricia, ce n’est pas dans nos coutumes .
Corsica
7 février 2015 @ 19:58
Pierre-Yves, je partage entièrement votre propos . Lors d’une révolution, il arrive que les rois ou empereurs, symboles du pouvoir absolu et de ses excès, fassent partie des victimes . Si les assassinats du tsar, de sa famille et de son entourage constituent une terrible tragédie et un déni de justice, je ne vois pas en quoi cela en fait des martyrs . Idem pour Louis XI et sa famille . Quant à l’incapacité chronique de l’Homme à tirer les leçons du passé, elle m’a toujours laissé pantoise .
Corsica
7 février 2015 @ 19:59
Pardon, il fallait lire Louis XVI …
Cosmo
7 février 2015 @ 10:21
La canonisation par l’église catholique orthodoxe est beaucoup plus fréquente qu’au sein de l’église catholique romaine. Les conditions sont peut-être moins draconiennes. On peut se demander quelles sont les raisons de la canonisation de Nicolas II, car s’il fut victime, avec sa famille, de la barbarie soviétique, il fut aussi victime de sa propre incurie et de son refus de voir la réalité, poussé dans l’autocratie par son épouse. Ils furent les artisans de leur propre malheur et de celui du peuple russe.
marianne
7 février 2015 @ 12:27
Il faut se garder de toujours chercher des excuses aux bourreaux en responsabilisant les victimes !
Si vous vous étiez informé du massacre de cette famille et de leurs proches tel qu’ il s’ est déroulé, leur canonisation vous choquerait moins .
Cosmo
7 février 2015 @ 19:10
marianne,
Je ne cherche aucune excuse aux bourreaux. Je ne fais d’une part que constater que la politique de Nicolas II a dans son ensemble été catastrophique, avec le résultat que nous connaissons, et d’autre part dire que je vois pas comment le fait d’être massacré fait de vous en saint.
La sanctification s’appuie sur une vie édifiante, vécue dans la Foi et l’Amour du prochain. Mais les Orthodoxes en ont sans doute une autre définition.
Cosmo
val
9 février 2015 @ 13:52
Cosmo,
Canoniser les Romanovs, autant canoniser les Capets il ne faut pas oublier qu’ils n’ont pas pensé à leur peuple qui mourrait de faim et de froid pendant que eux menaient grand train , c’est ridicule encore une impliquation des « bolchéviques » auprès de l’église pour se dédouaner . Nous savons bien qu’une révolution ne se fait pas sans bain de sang malheureusement nous en avons bien la preuve de part le monde aujourd’hui .
.
emy
7 février 2015 @ 13:30
Bonjour Cosmo, juste une précision : l’Eglise « catholique orthodoxe », cela n’existe pas. Il y a la grande Eglise chrétienne, au sein se trouvent les Eglises catholique, orthodoxe et protestante. On peut dire l’Eglise chrétienne orthodoxe, mais pas l’Eglise « catholique orthodoxe. »
emy
7 février 2015 @ 13:30
« au sein de laquelle »
Cosmo
7 février 2015 @ 19:06
Emy,
Merci pour cette précision !
Cosmo
Anne-Cécile
9 février 2015 @ 16:38
L’Eglise orthodoxe se nomme catholique car catholique veut dire universelle.
Le credo orthodoxe est donc naturellement Une église, une, sainte et catholique :)
Zeugma
7 février 2015 @ 13:45
Il n’y a pas longtemps – dans un autre contexte – vous encensiez Franco. Aujourd’hui, vous accablez Nicolas II.
Le principal est que vous vous y retrouviez …….
Cosmo
7 février 2015 @ 19:02
Et vous de ne pas tout mélanger !
val
9 février 2015 @ 13:53
Zeugma,
Moi qui est vécu en Espagne du temps de franco je n’ai jamais encensé ce personnage.
val
9 février 2015 @ 13:54
Désolée » qui ai vécu «
bernadette
7 février 2015 @ 14:28
Peut être, mais ce n’est pas une raison pour assassiner toute la famille, enfants compris !. Idem pour la famille royale de France, où les jugements n’en n’avaient que le nom !
L’exil aurait été une solution « humaine »… mais c’est un qualificatif dont les révolutionnaires ignorent la signification !
Cosmo
7 février 2015 @ 19:14
Bernadette,
Ai-je dit cela ? Non !
Je n’ai fait que dire que Nicolas II a sa part de responsabilité dans ce qui s’est passé, comme Louis XVI l’a eu aussi. Cela bien évidemment ne justifiait en rien leur assassinat, ni celui de leur famille.
Cosmo
Pierre-Yves
8 février 2015 @ 16:40
Et on peut ajouter qu’on voit mal en quoi le fait que ces souverains et leur famille aient été assassinés de façon brutale et inique doit faire d’eux des postulants à la canonisation.
Il me semble que ce ne peut être que le résultat d’un vie exemplaire, spirituellement et temporellement, bilan dont peu de monarques peuvent se prévaloir.
bernadette
9 février 2015 @ 19:23
A bien y réfléchir, effectivement, ce n’est pas une raison… l’église orthodoxe a peut être voulu souligner que Nicolas II et sa famille étaient morts en martyrs ? Est ce que cet assassinat rachète les fautes de Nicolas II ? Dieu seul le sait…
Louis XVI n’a pas été béatifié en raison d’un « péché de jeunesse » :
une fille illégitime, si mes souvenirs sont bons. L’Eglise catholique ce est plus draconienne que l’église orthodoxe. En tout cas il est mort en pardonnant à ses bourreaux, en chrétien.
Cosmo
10 février 2015 @ 09:42
Bernadette,
Louis XVI n’a pas été béatifié pour deux raisons. La première est essentiellement politique car la France ne le permettra jamais. On peut le regretter mais c’est ainsi. La deuxième est qu’il n’y a aucune raison canonique de le faire et il n’existe aucun miracle à son actif.
Quant au « péché de jeunesse », je serais curieux de savoir d’où vous tenez l’information. Il mit sept ans à honorer la reine…
Et il était une religiosité frisant la bigoterie, comme ses tantes, horrifié par la vie dissolue de son grand-père.
Je peux vous certifier que le « péché de jeunesse » n’a pas été problématique lors de la béatification de l’empereur Charles. Il n’y eut pas d’enfant caché mais disant une vie de jeune homme bien remplie.
Cordialement
Cosmo
Figaro
10 février 2015 @ 11:39
Je partage l’analyse que Cosmo fait de la politique de Nicolas II.
Danielle
7 février 2015 @ 14:11
Agnès, vous êtes un reporter d’une grande qualité et j’apprécie tous vos articles sur la Russie, un grand merci.
Ces fresques sont incroyables et inimitables.
beji
7 février 2015 @ 15:40
La grande-duchesse Elisabeth sœur de l’impératrice,devenue religieuse, a été elle
aussi canonisée.
COLETTE C.
7 février 2015 @ 16:10
Merci, Agnès, je trouve cette petite église très chaleureuse et très bien décorée.
Shandila
7 février 2015 @ 18:47
Cosmo, je me permets de faire mien votre commentaire.
Cosmo
7 février 2015 @ 19:15
Shandila,
Je vous en remercie. Il en semble toutefois ne pas avoir été du goût de tous, ou du moins, il a été mal compris par beaucoup.
Cordialement
Cosmo
Francine du Canada
7 février 2015 @ 22:32
Moi aussi je suis d’accord avec Cosmo. Il est vrai que Nicolas II et son épouse furent les artisans de leur propre malheur; ils ont entraîné leur pays dans la guerre, sans être au courant de ce qui se passait réellement sur le terrain et ailleurs. Ceci dit, leur exil eut été préférable à leur assassinat. Assez inconcevable qu’on en ait fait des Saints après coup. C’est mon opinion. FdC
Caroline
7 février 2015 @ 22:37
Merci à Agnès pour son article intéressant!
Cosmo et Marianne, vos commentaires ‘contraires’ sont intéressants à lire! Il est difficile de savoir la vérité sur cette période sombre!
agnes
8 février 2015 @ 13:10
Eclairage intéressant sur ces canonisations :
http://www.moinillon.net/post/2007/08/31/La-canonisation-de-Nicolas-II
agnes
8 février 2015 @ 13:17
l’histoire, ce sont des faits et aussi des interprétation.
Je ne sais pas si celle ci est la meilleure, mais elle est intéressante : (extrait de http://www.lanuovabq.it/it/articoli-s-nicola-ii-romanov-lo-zar-martire-piu-calunniato-9758.htm )
Nicolas ii été canonisé par l’Eglise orthodoxe russe du, Patriarcat de Moscou, après un débat serré qui a duré huit ans.
Le dernier tsar n’a pas été canonisé seul, mais en même temps que toute sa famille, plus de 1000 martyrs du régime soviétique et 56 martyrs chrétiens du seizième siècle.
Aujourd’hui, nous célébrons, pour être précis, le jour des Saints Martyrs de la famille impériale Romanov.
Avec Nicolas, le 17 Juillet 1918 ont été fusillés son épouse Alexandra, leurs filles Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, le Prince héritier Alexei, le médecin et trois fidèles serviteurs. En 1981, lors d’une première célébration anticipée « clandestine » de l’Eglise orthodoxe russe en exil à New York, toutes les victimes du massacre avaient été canonisées, y compris le médecin et les serviteurs. En 2000, l’Eglise orthodoxe du Patriarcat de Moscou, en revanche, canonisa seulement les membres de la famille impériale.
La canonisation de groupe a une signification religieuse et politique précise.
Nicolas II, même 96 ans après sa mort, reste une figure controversée en Russie. L’Eglise russe, une fois libéré du communisme en 1993, demanda au peuple de prier pour expier le crime de régicide, tout en soulignant que cette prière était exempte de toute arrière-pensée politique ou opinion sur le règne de Nicolas II.
En 1997, l’exhortation à la prière fut réitérée, mais le Patriarcat de Moscou rejeta la proposition de canonisation, bien que le dernier tsar fût déjà en train de devenir un objet de dévotion populaire et que ses icônes fûssent déjà très répandue en Russie. Le culte se renforça ultérieurement lorsque le président Eltsine, le premier de la Russie post-communiste, décida de ramener les restes de la famille impériale à Saint-Pétersbourg. Encore une fois, il s’agissait d’une décision politique pour en finir avec le passé communiste, mais pas religieuse: l’Eglise orthodoxe évita de faire des commentaires. La sépulture à Saint-Pétersbourg, cependant, contribua grandement à diffuser, de manière spontanée, le culte populaire de Nicolas II, dont l’icône était désormais l’une des plus répandues dans le pays.
La fin des années 90 fut une période de crise et de vide politique: l’économie faisait faillite, les gouvernements duraient à peine deux ou trois mois, le Président Eltsine faisait surtout parler de lui pour les absences soudaines, la maladie, l’inclinaison à la boisson.
Les Russes avaient besoin d’une icône, le tsar remplissait, au moins spirituellement, ce vide. Cependant, il était encore difficile de surmonter ce travail de soixante-dix ans de diabolisation du tsar, assidûment pratiquée par l’historiographie marxiste officielle. C’est ainsi que le Patriarcat de Moscou procéda à la canonisation, mais seulement pour le martyre de Nicolas et de sa famille, pour la dignité et la foi démontrées en captivité et dans les dernières heures, pour leur attachement aux valeurs chrétiennes. Tout le passé antérieur à 1918, donc, l’action politique de Nicolas, ne fut même pas pris en considération.
Les générations plus âgées et nostalgiques de l’URSS (non seulement en Russie, mais aussi en Italie) voient encore le dernier monarque russe comme un souverain corrompu, craintif, à la merci d’une femme réactionnaire et d’un moine fou (Raspoutine), responsable de la «guerre impérialiste», un défenseur d’un système féodal désormais croulant. Ce sont des clichés qui ont la vie dure, diffusés par quatre générations de livres d’histoire, par la culture populaire, par les films soviétiques d’Eisenstein imposés dans les cercles cinématographiques. «Le communisme a été dur? Toujours mieux que les tsars qui étaient là avant», se défendent habituellement les irréductibles de la faucille et du marteau.
Mais ce sont des clichés, justement.
Un contemporain de Nicolas II, Winston Churchill, dans ses mémoires sur la Première Guerre mondiale (The World Crisis),invitait les lecteurs à juger Nicolas II sur son oeuvre et ses résultats. Au-delà des rumeurs sur sa lâcheté et sa corruption, il en émerge au contraire la figure d’un courageux commandant en chef, capable de tenir tête pendant trois ans aux Allemands et aux Austro-Hongrois, malgré l’isolement géographique et malgré l’infériorité technologique (par rapport à ses puissants ennemis), dont souffrait alors la Russie. Churchill, qui était loin d’être un réactionnaire, jugea la révolution et le coup d’État bolchevique successif comme un véritable coup de poignard dans le dos, de la part des Russes progressistes contre leur souverain.
Les données économiques sur la Russie d’avant 1914 ne montrent rien d’un pays sous-développé : cinquième puissance industrielle du monde, l’économie ayant la plus forte croissance en Europe, une place de choix dans la recherche scientifique, dans l’art (l’ère de Tolstoï dans la littérature et de Stravinsky dans la musique). Nicolas II, après la désastreuse guerre avec le Japon (qu’il ne voulait pas et n’a pas provoqué) et la première révolution de 1905, concéda la réunion d’un parlement (Douma), avec partis politiques légaux en concurrence les uns avec les autres, liberté d’expression et une réforme agraire complexe, fondée sur la propriété individuelle, qui commença à faire émerger toute une classe de paysans propriétaires (les «koulaks»).
Un autre mythe à dissiper: l’agriculture russe n’avait jamais été féodale, mais communautaire. Le terrain appartenait à la communauté des paysans et était partagée entre leurs enfants. Le problème qui se présentait au début du XXe siècle et auquel on avait cherché à remédier par la réforme des koulaks, était tout au plus, le manque de terres: des cultures extensives et un territoire fertile colonisé relativement faible (par rapport aux territoires immenses de l’Empire) faisaient que de plus en plus de paysans se retrouvaient sans terre. Non pas parce qu’ils en avaient été dépossédés, mais parce qu’ils n’avaient jamais été en mesure d’en avoir à eux. La diffusion de la petite propriété, et par conséquent des cultures intensives aurait probablement résolu le problème au fil des ans. Malheureusement, la Première Guerre mondiale intervint pour arrêter brutalement ce processus de transformation.
En 1914, contrairement à la vulgate historique marxiste, on ne peut pas affirmer que Nicolas II avait «voulu» la Première Guerre mondiale . La principale preuve? L’armée et la marine russe étaient très mal préparées pour combattre une guerre moderne. Une fois éclaté le conflit entre l’Autriche (soutenue par l’Allemagne) et la Serbie, une guerre à la frontière européenne avec les Puissances Centrales ne serait qu’une question de temps. L’Etat-Major russe était pleinement conscient des intentions allemandes: l’émergence d’une vaste zone tampon en Europe orientale, au détriment de la Russie. La mobilisation générale décrétée la fin de Juillet, fut pratiquement un acte obligé.
En outre, il convient de redimensionner fortement l’influence politique de Raspoutine, membre d’une secte de flagellants (ce n’était pas un moine) qui semblait doté de remarquables dons de thaumaturge. Nicolas II aurait fait n’importe quoi pour sauver son fils, hémophile, et il décida de le confier aux soins de Raspoutine auquel sa femme Alexandra accordait une confiance aveugle. Toutefois, il n’existe aucune preuve de l’influence politique de Raspoutine sur la Cour, sur le tsar ou plus sur l’Etat-Major russe pendant la guerre. La légende noire de l’influence pernicieuse du «moine fou» et de ses conspirations avec les ennemis, émergea dans les milieux militaires après les défaites désastreuses entre mai et Août 1915, afin de trouver un bouc émissaire commode. En fait, la véritable conspiration était déjà en cours en Suisse. Elle n’avait pas à sa tête Raspoutine, mais Lénine, le plus extrémiste des leader socialistes. Mais personne n’en sut rien jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Au cours de la Première Guerre mondiale, le tsar ne se montra disponible à aucune réforme démocratique, et cette fermeture conduisit finalement à la révolution de Février 1917 et à l’effondrement de la monarchie. Les années précédentes avaient montré qu’il ne s’agissait pas d’une position idéologique de sa part: d’autres réformes très radicales et profondes, avaient déjà été accordées au cours de son règne. À partir de 1915, cependant, l’Empire russe s’est retrouvé avec un cinquième de son territoire (et un tiers de son potentiel industriel) occupé par les Allemands. Tout manquement sur le plan politique, pouvait donc apparaître comme un symptôme de faiblesse. Ce fut dans ces conditions que le conflit politique entre le tsar et la Douma est s’envenima jusqu’au déclenchement de la révolution.
Les lieux communs, malheureusement, ont beaucoup de mal à mourir, même si aujourd’hui ils pourraient être facilement réfutés un par un. La suppression de la mémoire impériale, en particulier en Russie, s’est répandu par capillarité. La Première Guerre mondiale est un conflit resté sans cimetières, tous détruits par la volonté de Lénine et de Staline: ce n’est que cette année, à l’occasion du centenaire que seront célébrés ceux qui sont tombés en 1914-1918. Nicolas II est à présent dans les mémoires comme un martyr du communisme.
Le jour viendra-t-il de sa réévaluation politique?
Cosmo
9 février 2015 @ 13:14
Agnès,
Il y a du vrai dans ce que vous écrivez, mais il y a aussi des imprécisions.
En ce qui concerne l’agriculture, vous semblez oublier les immenses territoires possédés par l’aristocratie. Et si le Tsar Alexandre II a aboli le servage, c’est qu’il y avait bien des serfs qui ne possédaient rien…
Si Nicolas II n’a pas voulu la guerre, son pays n’en a pas moins encouragé le panslavisme dans les Balkans, provoquant plusieurs guerres avant 1914, et l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand.
L’influence de Raspoutine sur le couple impérial fut réelle. S’il ne se mêla pas vraiment de politique – il était même contre la guerre – il n’en coupa pas moins les souverains de leur famille, de l’aristocratie et des dirigeants en général. Et dans le conflit qui l’opposait à Stolypine, le tsar et la tsarine prirent le parti de Raspoutine.
Il est vrai que la Russie atteignait un niveau de développement économique très important mais le Tsar n’y fut pour rien. La France y contribua grandement par les fameux emprunts russes. Il n’encouragea pas non plus Stolypine dans son souhait de modernisation. Le parlementarisme semblait à Nicolas et à Alexandra une incongruité. Il continua, volontairement, la politique antisémite de ses prédécesseurs.
Et Lénine eut la voie facilitée par un régime qui révéla son incapacité à comprendre et résoudre les problèmes. Il est vrai que la tache était immense.
Si on peut trouver quelque chose de positif au bilan de Nicolas, c’est parce que le bilan du bolchévisme a été catastrophique.
Il n’est pas impossible que sa fin terrible ne soit, comme pour Napoléon à Saint-Hélène, un des éléments de sa gloire posthume.
Mais peut-être qu’il reste à faire un ouvrage monumental pour réhabiliter le règne de Nicolas II et son bilan. Car jusqu’à présent, sans parler de la propagande communiste, rien n’a jamais été écrit qui soit une défense de ses idées, de ses actions et encore moins de ses résultats.
Cosmo
Francine du Canada
9 février 2015 @ 13:58
Merci Agnès, c’est vrai que cette interprétation est intéressante; surtout celle de Churchill je dirais. Bonne journée, FdC
MILENA
9 février 2015 @ 10:14
Je reviens sur le qualificatif « catholique orthodoxe » et contrairement à ce qu’écrit EMY, on dit bien « catholique orthodoxe » car le mot « catholique » vient du grec « kathos » qui veut dire « universel » – donc c’est bien l’église « catholique orthodoxe ». bien cordialement à tous. Et pour ceux qui ne comprennent pas cette canonisation de la famille impériale eh bien tant pis ils le comprendront jamais car ils n’ont pas l’âme slave et tout ce qui s’y rattachent … le lyrisme, la FOI, l’attachement au Christ et à son Eglise, l’attachement profond à la famille impériale considérée comme sacrée (ce que les communistes n’ont jamais pu extirper de l’âme humaine c’est la part divine qui est en nous elle sera toujours là). J’arrive à imaginer que les français ne puissent pas comprendre car ils n’ont pas été élevés dans la Foi orthodoxe – les célébrations sont si différentes, les rites aussi qu’ils vous marquent à jamais. Comme j’aime voir les processions orthodoxes avec les bannières des différents saints et de Christ Pantocrator qui claquent au vent, les Popes habillés comme sur les icônes avec leurs visages graves, l’odeur de l’encens et la Foi en Christ chevillée au corps… houlà là je suis bien lyrique aujourd’hui, sûrement l’âme slave qui pointe son nez !! bonne journée à tous
Vincent
9 février 2015 @ 14:59
Il faut dire (même si je risque de me faire claquer sur les doigts par certains) que le catholicisme pratiqué en France est très différent de celui pratiqué dans les autres pays latins (Espagne, Portugal et Italie). L’influence du protestantisme et du calvinisme y très présent même si ces derniers ont toujours été minoritaires. Je me souviens du mariage de mon cousin où ma grand-mère, bien que baptisé catholique a poussé un cri tellement que j’ai cru qu’elle allait explosé les vitraux de la chapelle. La belle-famille alsacienne était dans l’église et l’un après l’autre, se prosternait et embrassait les pieds de la statue de la Vierge Marie, ce qui revenait pour ma grand-mère à de l’idolâtrie. Quelques années plus tard à l’enterrement du parrain de ma mère, dans l’église plusieurs personnes (elles aussi baptisées dans la religion catholique romaine et apostolique) refusèrent de chanter certains cantiques(Sainte Marie mère de Dieu…) et de faire le signe de croix car elles rejetaient la doc de la Trinité. Ce qui fit dire au diacre après la cérémonie à la nièce du défunt : « Êtes-vous sûre que ce sont des catholiques et pas des Témoins de Jéhovah ? ».
Gérard
12 février 2015 @ 16:28
Mais Vincent on n’est pas chrétien si on refuse le dogme de la Trinité.
emy
9 février 2015 @ 15:49
De ce que j’ai appris, depuis le schisme de 1054 dans l’Eglise chrétienne, il y a séparation entre les Eglises catholique et orthodoxe. Maintenant, il semble en effet que le qualificatif « catholique » puisse être employé dans son sens réel « universel » et apposé à « orthodoxe », chose que j’ignorais.
Anne-Cécile
9 février 2015 @ 16:46
La famille impériale n’est pas sainte, il n’existe pas de Saintes Olga, Tatiana, Maria ou Anastasia Romanov etc….
Ils ont été reconnus comme martyrs car « ayant souffert la passion du Christ » comprendre ils ont été massacrés parce qu’en autre le Tsar fut visé d’une décision de mort parce que, oint du Seigneur, il avait une dimension religieuse. Sa famille et sa suite bénéficièrent de l’effet collectif parce que solidaires de l’Oint du Seigneur.
Le jour où ils furent proclamés martyrs, plus de 1000 personnes figuraient sur les listes.
Gérard
9 février 2015 @ 21:53
Quelle que soit la cause de la canonisation les martyrs de la famille impériale sont bien saints et fêtés le 17 juillet jour de leur entrée au ciel.
Gérard
9 février 2015 @ 22:37
Simplement Moscou les a le plus souvent canonisés moins comme martyrs que comme porteurs de la Passion c’est à dire comme des personnes qui ne sont pas tuées pour leur foi mais qui se comportèrent devant la mort comme des témoins de la Passion du Christ. C’est ce qui résulte du 5e Concile des évêques russes en 2000.
bernadette
10 février 2015 @ 17:04
Cosmo
Au sujet du « péché de jeunesse » de Louis XVI, en fouillant dans mes souvenirs, je crois me rappeler l’avoir lu dans un livre « la comtesse des Ténèbres »… vous avez raison, il n’y a rien d’officiel, simplement une « rumeur » : Louis XVI, après son opération, aurait eu une fille prénommée Ernestine avec une personne travaillant au château …à titre « d’essai », je sais c’est affreux à dire, et quelques mois avant la naissance de Marie Thérèse. Maintenant, vrai ou pas… disons que cette histoire est restée au stade « rumeur »…mais je l’avais gardée dans un coin de mon esprit !
Cosmo
10 février 2015 @ 17:25
bernadette,
Je ne suis pas un spécialiste de Louis XVI mais j’ai du mal à le croire car le roi était un homme pieux, profondément marqué par la vie désordonnée de son grand-père ou du moins par la visions que ses tantes, Mesdames, lui en ont donnée. Et je pense qu’il aimait sa femme. Son frère, Artois, était bien différent et on lui connait des aventures. Pour son autre frère, Provence, le mystère de sa vie sexuelle reste entier.
Cordialement
Cosmo
Gérard
11 février 2015 @ 04:40
Louis XVI n’a sans doute jamais commis le péché de chair et n’a vraiment connu au sens biblique la reine qu’au prix d’une intervention chirurgicale ainsi que le rappelle Cosmo. Le pape Pie VI avait dit que le roi était mort martyr évoquant en consistoire secret le 11 juin 1793 : « […] sa mort même qui fut votée en haine de la religion catholique. Ah ! France ! C’est parce qu’il était catholique que tu viens de l’assassiner ! » Et encore : « Qui pourra jamais douter que ce monarque n’ait été principalement immolé en haine de la foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques… Tout cela ne suffit-il pas pour qu’on puisse croire et soutenir sans témérité que Louis fut un martyr ? »
Louis XVIII ne poussa guère la cause car on souhaitait la réconciliation nationale et l’époque était à un certain anticléricalisme chez beaucoup de Français. Néanmoins il y eut un essai en 1820 devant la Sacrée Congrégation des Rites à la demande de la duchesse d’Angoulême.
On lit dans la consultation rédigée l’été 1820 par la Congrégation : » Par son attachement à la religion catholique, nul doute que Louis XVI sera martyr devant Dieu : cela ne suffit cependant pas à ce qu’il soit déclaré martyr de l’Église. Car comment pourra-t-on démontrer qu’il fut immolé par les impies en haine de la foi, et non pas pour des motifs temporels ? […] Comment réussira-t-on à démontrer de manière irréfutable la condition nécessaire à la cause de martyre, tant du point de vue du tyran que de son innocente victime ? »
Cette béatification cependant on y songea encore plus tard et on l’envisagea, nous avait dit Cosmo, en 1874 avec le soutien de l’impératrice Eugénie et du comte de Paris.
Aujourd’hui beaucoup de victimes de la Révolution ont été élevées à la gloire des autels sans provoquer d’indignation, mais Louis est plus emblématique et surtout il a été tué comme chrétien mais sans doute d’abord comme roi, certes sacré, roi-prêtre, et il est difficile chez lui de séparer le roi et le chrétien mais pour que le martyre soit reconnu il faut que la haine de la foi en soit la seule cause et Rome est plus regardante ici que Moscou.
Certes c’est la foi du roi qui lui fit à un moment donné considérer la Révolution comme intolérable, notamment avec la déportation des prêtres, et précipita sa chute mais l’affaire est complexe.
Comme martyr Louis n’aurait pas besoin de miracle.
La cause de sa sœur Madame Élisabeth, la servante de Dieu Élisabeth de France, elle a été introduite en Cour de Rome le 25 septembre 1929 comme sainte par sa vie et son martyre. C’était il y 220 ans. En leur temps Henriette, duchesse de Vendôme et le prince Sixte de Bourbon unirent leurs efforts pour sa cause.
Leur sœur Madame Clotilde, reine de Sardaigne, dès sa mort saluée comme ange tutélaire du Piémont par le peuple, a été déclarée vénérable le 10 avril 1808 et l’héroïcité de ses vertus a été proclamée par Jean-Paul II le 11 février 1982. On attend donc un miracle pour la béatification.
Cosmo
11 février 2015 @ 09:39
Cher Gérard,
Merci pour vos explications qui éclairent bien le sujet, dont vous soulevez la complexité.
Si l’on peut dire que Louis XVI est mort « martyr de la Foi », par son refus de signer la constitution civile du clergé, ce ne fut pas pour sa religion que le roi fut condamné à mort, mais bien parce qu’il était roi de France et qu’il fallait un acte symbolique.
Cela dit, la constitution civile du clergé aurait bien arrangé ses prédécesseurs qui supportaient mal de voir leur autorité mise à mal par Rome. Et le Gallicanisme s’en rapprochait sérieusement.
Il est dommage que Louis XVI n’ait pas vu l’intérêt qu’il pouvait tirer de cette mesure. Mais, hélas pour la France, l’influence de Mesdames avait été trop forte.
Amicalement
Cosmo
Vincent
11 février 2015 @ 19:02
« Cela dit, la constitution civile du clergé aurait bien arrangé ses prédécesseurs qui supportaient mal de voir leur autorité mise à mal par Rome. Et le Gallicanisme s’en rapprochait sérieusement. »
Disons qu’un nouveau Concordat comme celui négocié en 1801 par Napoléon Bonaparte aurait été préférable car cela n’aurait pas divisé les catholiques.