Revenons sur un libre déjà évoqué à sa sortie « Je suis le gardien du tombeau vide ». Sainte-Hélène. Qui est capable de situer sur une carte du monde cet îlot où fut exilé l’empereur Napoléon I et où il s’éteignit ? Peu de monde probablement.

Sainte-Hélène se situe dans l’océan Atlantique à près de 2000 kilomètres des côtes de la Namibie. Vous l’aurez compris, pas facile d’accès. Un aéroport a bien été construit et inauguré en 2017 mais les vents ne facilitent pas les vols en provenance d’Afrique du Sud.

C’est sur ce territoire d’outre-mer britannique que Napoléon I vécut du 14 octobre 1815 au 5 mai 1821. Presque 6 années, à arpenter sa demeure de Longwood. L’empereur fut inhumé dans ce que l’on a nommé « la vallée du tombeau » jusqu’à ce que sa dépouille soit rapatriée et inhumée aux Invalides à Paris en 1840.

Son petit-fils Napoléon III acheta la demeure de Longwood et les terres de la vallée du tombeau. Plus tard, le pavillon des Briars qui fut la première résidence sur l’île de Napoléon devint aussi une propriété de l’Etat français.

Gilbert Martineau devint consul honoraire de France à Sainte-Hélène avec pour mission de préserver cet héritage culturel. L’homme s’était pris de passion pour Napoléon après avoir assisté avec son régiment militaire aux funérailles de la princesse Clémentine de Belgique (fille du roi Léopold II), épouse du prince Victor Napoléon, chef de la maison impériale, en 1955 à Ajaccio.

Le cours de la vie fit se rencontrer Gilbert Martineau et Michel Dacoisne, un jeune homme qui avait opté pour fuir le domicile parental après bien des brimades et qui se cherchait une voie. Ce fut Sainte-Hélène.

Ce livre évoque certes le lieu de mémoire qu’est Sainte-Hélène au regard de l’Histoire mais aussi et surtout comment réussir à se forger sa propre destinée. La plume de Michel Dacoisne qui a succédé à Gilbert Martineau (qui en fit son fils adoptif) en tant que consul honoraire et conservateur du Domaine est fine, légère, émouvante aussi par moments et sujette à réflexion sur le sens de la vie.

Michel Dacoisne-Martineau s’est totalement investi sur ces domaines français à Sainte-Hélène, les entretenant avec passion. Touristes français et anglais principalement, s’y pressent en groupes chaque année.

Vous y découvrirez la vie pas toujours aisée sur un îlot rocheux, où tout coûte 3 fois plus cher que sur le continent, ses contacts avec la famille Bonaparte qui a toujours répondu présente pour l’aider dans ses desseins d’amélioration ou encore l’épopée que représentait dans les années 80 de venir d’Angleterre à Sainte-Hélène en 15 jours de bateau avec seulement escales à Tenerife au bout de 5 jours puis île d’Ascension deux jours avant l’arrivée. La description des plats concoctés par le cuisinier en chef est une poésie à elle seule : corned-beef en marmelade d’orange, viande macérée puis bouillie placée dans du lait caillé,…

« Je suis le gardien du tombeau vide », Michel Dancoisne-Martineau, Flammarion, 2018, 405 p.