Cette cérémonie n’allait pas de soi. Son aîné, soucieux de réconcilier la France ancienne et la France moderne, s’en était abstenu.
En effet, la Révolution était passée par là, elle avait guillotiné Louis XVI et par là même brisé la légitimité de droit divin que le Sacre justement symbolisait.
Pourtant, Charles X s’obstina. Ses amis ultras, avec Villèle à la Présidence du Conseil, étaient au pouvoir depuis plusieurs années et le nouveau souverain semblait jouir d’une certaine popularité en dépit de son âge avancé et de son engagement contre-révolutionnaire avéré depuis 1789.
Il décida donc, selon une expression consacrée, de » renouer la chaîne des temps « , en concoctant une cérémonie plus courte et modernisée, excluant par exemple la promesse de lutter contre les hérétiques, incompatible avec la liberté religieuse garantie par la Charte constitutionnelle octroyée par Louis XVIII afin de réconcilier les deux France en 1814.
En fin connaisseur de la période, Bernard Degout ne se contente pas de raconter d’une plume experte les différentes étapes encadrant la cérémonie proprement dite (arrivée à Reims, vêpres, adoubement des chevaliers du Saint-Esprit, toucher des écrouelles, entrée solennelle à Paris), mais met en scène la Restauration à son tournant réactionnaire, faisant une large part aux politiques et aux écrivains (Lamartine, Hugo, Chateaubriand…) qui en furent les acteurs et les témoins privilégiés. Un récit prenant qui éclaire une page d’histoire injustement méconnue.
« Le sacre de Charles X. les derniers feux des Bourbons », Bernard Degout, Perrin, 2025, 352 p.
21 avril 2025 @ 06:05
Je n’en suis qu’au début. Les chapitres qui traitent du non-couronnement de Louis XVIII sont fort interessants.
21 avril 2025 @ 06:45
Je n’ai jamais pu prendre Charles X au sérieux. Alors son sacre… .
21 avril 2025 @ 08:44
Je me demande si il y avait grand chose à espérer d’Artois….. ( de Provence aussi d’ailleurs ?) 🙄
Les deux cadets ont nuit à leur aîné autant qu’ils l’ont pu, et puis ?
21 avril 2025 @ 09:36
Louis XVIII était bien plus instruit et cultivé que son frère cadet. Il avait aussi de l’esprit. Mais au moral, il pouvait être machiavelique.
21 avril 2025 @ 22:29
Intéressant et instructif au point de vue historique !
Merci pour cette information sur ce nouveau livre !
21 avril 2025 @ 07:45
Bernard Degout est un spécialiste de Chateaubriand et a déjà écrit sur le sacre de Charles X : » Victor Hugo au sacre de Charles X ( 1825 ) »
21 avril 2025 @ 22:07
Dans les Mémoires Chateaubriand écrit : « Je me trouvai à genoux aux pieds du roi, dans le moment que M. de Villèle prêtait son serment. J’échangeai deux ou trois mots de politesse avec mon compagnon de chevalerie, à propos de quelque plume détachée de mon chapeau. Nous quittâmes les genoux du prince et tout fut fini. Le roi, ayant eu de la peine à ôter ses gants pour prendre mes mains entre les siennes, m’avait dit en riant : « chat ganté ne prend point de souris ». On avait cru qu’il m’avais parlé longtemps, et le bruit de ma faveur naissante s’était répandu. »
21 avril 2025 @ 08:20
Charles X….le dernier roi de France, fort heureusement…pas le plus éclairé…
21 avril 2025 @ 15:35
Les trois frères ont coulé le système et le sacre anachronique fut le chant du cygne.
21 avril 2025 @ 08:20
« Cette cérémonie n’allait pas de soi. Son aîné, soucieux de réconcilier la France ancienne et la France moderne, s’en était abstenu. »
Non, si Louis XVIII n’a pas été sacré, c’est parce qu’il n’était pas en état physique de le faire !
22 avril 2025 @ 08:13
N’importe: toute sa politique a été cohérente dans le sens de ne pas pousser sur une restauration trop marquée.
21 avril 2025 @ 10:47
L’exposition qui lui est consacrée à la Manufacture des Gobelins est belle avec une superbe scénographie ; en plus le billet donne droit à une entrée gratuite au musée de la porcelaine de Sèvres.
21 avril 2025 @ 11:02
Charles X , personne très sympathique et certainement pas la moindre méchanceté.
Hélas âgé lors de son accession .
Hélas très mal conseillé.
Vivre dans un monde révolu et avoir un pouvoir quelqu’un soit mène toujours à la faillite.
Quel dommage !!!
21 avril 2025 @ 13:25
Je recommande le très interessant livre “Louis XVI et ses frères” d’E. de Valicourt. Louis XVIII et surtout Charles X n’ont pas joué un très beau rôle auprès de leur frère, avant et pendant la révolution. Ils n’en sortent pas grandis. Le règne, assez désastreux, de Charles X avait beaucoup nui à l’image de la monarchie restaurée en France.
21 avril 2025 @ 16:31
L’aveuglement de Charles X, qui ne se résuma pas seulement à ce sacre anachronique, renforça puissamment la cause des républicains. Il est vrai qu’il n’y avait rien à attendre d’un homme, alors fort libertin avant de devenir fort dévot, qui avait pris la fuite au lendemain de la prise de la Bastille.
22 avril 2025 @ 13:21
Comme il le fit à l’île d’Yeu en1795, abandonnant Charette à son sort.
22 avril 2025 @ 17:16
C’est le roi son frère qui l’obligea à partir le 16.
Par contre il ne débarquua pas à Quiberon en 1795 quand il était urgent d’établir un commandement unifié du corps expéditionnaire. Il se contenta de croiser au large, laissant écraser l’expédition et perdit de ce fait sa crédibilité.
Son frère Provence, impuissant notoire, ne risquait pas ensuite de soulever les foules quand il arriva de Gand.
22 avril 2025 @ 22:26
A lire : Yves Griffon, Charles X (Perrin)
22 avril 2025 @ 22:29
Pardon, j’ai oublié le lien : Yvres Griffon, Charles X, Roi méconnu (Editions Rémy Perrin)
https://www.librairie-gallimard.com/ebook/9782402451345-charles-x-roi-meconnu-yves-griffon/
22 avril 2025 @ 22:30
Le 29 mai 2025, nous fêterons le bicentenaire du Sacre de Charles X
22 avril 2025 @ 22:42
Je voudrai revenir ici une dernière fois sur Charles X pour tentre de le réhabiliter.
Frère cadet de Louis XVI, le Comte d’Artois donne, dès 1789, le signal de l’Émigration en armes. À la chute de l’Empire, il prépare le retour de la Monarchie. Pendant la seconde Restauration, il anime le parti Ultra avant que la mort de Louis XVIII ne l’appelle au trône. Charles X est sacré à Reims le 29 mai 1825 : on connait les différentes étapes encadrant la cérémonie proprement dite, arrivée à Reims, vêpres, adoubement des chevaliers du Saint-Esprit, toucher des écrouelles, entrée solennelle à Paris. Cette réhabilitation de Charles X (1757-1836), Roi Très-Chrétien à qui l’on doit la conquête d’Alger, n’est pas une banale biographie. Par la qualité des documents qu’il produit et la finesse de son analyse, Yves Griffon, chevlier de saint-Lazarre, entre par une porte dérobée au panthéon des grands historiens avec son livre CHARLES X, ROI MECONNU.
Que je vous conseille de lire avec celui-ci…