Parution le 30 août 2012 d’une biographie de Marie Tudor, réalisée par Isabelle Fernandes. Isabelle Fernandes est maître de conférence à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Elle est spécialiste de la civilisation anglaise au XVème, en particulier dans le domaine politico-religieux au XVIIeme et la littérature du XVIème sicle. L’auteur a choisi de prendre le parti de souligner les aspects qui font de cette reine mal-aimée une figure d’exception. 

Voici la note de l’éditeur au sujet de cette prochaine parution. Joachim du Bellay parle de cette « furie et cruelle mégère ». Voltaire dit d’elle qu’elle « laissa une mémoire odieuse dans l’esprit de quiconque n’a pas l’âme d’un persécuteur ». Quant à Victor Hugo, il la décrit telle « une jalouse reine, une vraie fille d’Henry VIII, et dont l’alcôve, comme celle de son père, s’ouvrait de plain-pied sur l’échafaud ». Qui était vraiment Marie Tudor ? Fille unique d’Henry VIII et Catherine d’Aragon, Marie faisait la fierté de son père grâce à sa vivacité d’esprit et son don pour les langues et la musique. A l’âge de neuf ans, elle fut dotée de son propre château, de sa cour et de ses propres responsabilités politiques à Ludlow, à la frontière galloise.

Lorsque son père décide de faire annuler son mariage avec sa mère pour pouvoir épouser sa maîtresse Anne Boleyn, la vie de Marie bascule. En 1533, elle est déclarée illégitime, reçoit l’interdiction de voir sa mère, est privée de son titre de princesse et de sa cour, et devient dame de compagnie en charge de sa demi-sœur Elisabeth, tout juste née.

Ce n’est qu’après la mort d’Anne Boleyn que Marie se réconcilie avec son père, qui la contraint toutefois de reconnaître par écrit la légitimité de toutes les décisions qu’il a prises (annulation du mariage avec Catherine, établissement de la religion anglicane, etc). Mais Marie ne renonce pas à al foi catholique et reste très populaire auprès des rebelles catholiques du Nord du pays, qui se soulèvent en son nom en 1536.

Les ennemis de Marie Tudor ne transmettent que le souvenir des centaines de protestants suppliciés, brûlés vifs pour leur foi et déplorent que durant ces années 1550, l’Angleterre soit appauvrie spirituellement, archaïque et affaiblie intellectuellement.

En France, l’héritage de Marie Tudor est tout autant écorné. Cette légende forgée par des critiques de tous ordres sera tenace, jusque dans les années 1990, où la perception historiographique évolue. On se garde à présent d’opposer les deux sœurs jadis ennemies, afin de les penser selon le principe de la continuité, car si la dette d’Elisabeth envers son père n’est plus à démontrer, celle qu’elle a contractée envers sa devancière n’est presque jamais abordée. Ainsi, sans vouloir tomber dans l’excès inverse qui conduirait à porter aux nues celles que l’on a jusqu’ici agonie, pareil changement d’éclairage permettra de mettre en valeur les aspects qui, dans cette reine mal-aimée (car méconnue), font d’elle une figure d’exception dans l’histoire anglaise : qu’on le veuille ou non, Marie Tudor est aussi Marie Ier, la première femme à ceindre la couronne d’Angleterre.

Marie Tudor, Isabelle Fernandes, Editions Tallandier collection biographie, 400 p., 2012