En dehors de leur âge, tout les sépare. L’un règne en autocrate sur plus de 130 millions de sujets, à la tête d’un empire s’étendant de l’Europe à l’Extrême-Orient. L’autre est un moujik sibérien et analphabète, qui n’aurait jamais dû quitter son village natal.
Pourtant, ces deux personnages vont se rencontrer à Saint-Pétersbourg et tisser un lien qui changera le cours de leurs vies personnelles mais aussi l’avenir de l‘Empire russe et partant de l’Occident.
Si les livres sur Nicolas II d’une part ou sur Raspoutine de l’autre abondent, aucun ne s’est intéressé à cette extraordinaire histoire que représente leur rencontre, inimaginable ailleurs qu’en Russie, dans un univers pénétré par une religiosité aussi sincère que complexe.
Dans la décennie (1905/1916) de leur vie » commune « , la relation entre le tsar et le starets s’étend du terrain personnel à la scène politique. Jeux de pouvoir et d’intérêts, vie privée et publique, rapports entre l’Eglise et l’Etat : autant d’enjeux qui caractérisent alors cette relation entre l’empereur et un homme qui, sans le moindre titre officiel, se retrouve au sommet du pouvoir.
Alexandre Jevakhoff, mobilisant des sources inédites, nous plonge au cœur d’une relation hors-norme, retraçant avec brio l’histoire de Nicolas II et Raspoutine – dont les méandres et les dynamiques donnent à saisir, en creux, un pan entier de la grande histoire russe ».
« Nicolas II et Raspoutine. Une histoire russe », Alexandre Jevakhoff, Perrin, 2025
13 octobre 2025 @ 06:04
Livre probablement intéressant.
On peut se poser la question des qualités intellectuelles et du psychisme de Nicolas et Alexandra. Le couple n’aurait pas accepté que leur soit présenté un bourgeois, encore moins de confession juive, ne voyait pratiquement pratiquement plus sa famille et l’aristocratie, mais qui a accepté dans son entourage, ouverts ses bras à un être fruste et débauché, a vécu suivant ses ordonnances et remis les destinées de l’empire entre ses mains.
Le couple impérial fut le responsable principal de la chute de l’empire, de la triste et tragique destinée de leur pays, de la leur et celles de leurs enfants.
13 octobre 2025 @ 12:07
Vous avez raison Cosmo. Sans excuser les graves erreurs et les faiblesses, on peut supposer que le traumatisme de l’hémophilie de leur fils n’a fait qu’accentuer les failles psychologiques de Nicolas et Alexandra. Cela dit, le tsar n’était pas à la hauteur. À sa décharge peut-être, Alexandre III ne l’a jamais préparé à régner. Il est vrai que ce dernier n’imaginait pas mourir à 49 ans.
13 octobre 2025 @ 07:26
Ma journée est bonne, j’ ai appris un nouveau mot: starets. 😉
13 octobre 2025 @ 10:31
Le terme de starets me semble dans son cas largement usurpé.
C’était l’homologue de ce que nous appelons aujourd’hui chef de secte ,mais c’est un usage.
Raspoutine a été introduit dans la bonne société petersbougeoise par certains évêques et les monténegrines ,mais ils se sont rapidement repentis .
Raspoutine fut le résultat d’une haute société qui avait perdu ses repères.
14 octobre 2025 @ 17:56
Vous avez raison Cosmo et Pascal Hervé , cependant Raspoutine était un homme particulier , doué d’extraordinaires dons de voyance et de guérisseur il fascinait… un peu à la manière de Lucifer.Le prince Yousupov s’est vanté de l’avoir tué cependant il dit aussi dans ses mémoires combien ce fut difficile .
13 octobre 2025 @ 09:03
Relation « toxique », et pourtant Raspoutine avait raison : la Russie impériale courait à sa perte en s’enfonçant dans la guerre, au lieu de se soucier du sort d’un peuple épuisé, abusé et misérable.
Non seulement Raspoutine apportait un certain réconfort à la famille impériale, mais il représentait aussi un lien direct avec ce peuple russe dont il était issu.
Malheureusement, l’aristocratie ainsi que l’élite politique et militaire voyaient d’un très mauvais œil toute tentative de réforme, et donc cet homme du peuple qui brisait leur propre emprise sur la famille impériale et risquait de l’embarquer sur la voie du changement social, la seule chose qui aurait peut-être pu sauver la Sainte Russie de sa perdition.
13 octobre 2025 @ 09:53
C’est vrai que Raspoutine a tout fait pour empêcher une guerre qui emporta tout sur son passage. Il faudrait peut-être voir cette « emprise » sous un jour nouveau.
13 octobre 2025 @ 10:22
Si la Russie s’est enfoncée dans la guerre c’est par un respect aveugle de Nicolas II envers les traités d’alliance conclus par son père et je pense que ce fut une erreur.
Raspoutine ne représentait rien d’autre que son ambition personnelle et sa luxure .
Mais très intelligent et doué d’un incompréhensible charisme (surtout aux yeux des femmes) il a su se présenter comme la manifestation du ”peuple russe ” profond , ce qui confortait l’opinion du couple impérial en bute avec ”l’élite aristocratique ”du temps.
Le drame dans cette affaire est que la Russie ne manquait pas d’esprits brillants et désireux de bien faire, bien loin de Raspoutine, ils se sont trouvés confrontés à la conception un peu butée du Tsar de l’autocratie et son incapacité à distinguer ceux qui auraient pu le servir avec utilité (comme l’ont fait Piotr Sotlypine et le comte
Witte ) , du fait de ses préjugés et de son côté qu’on qualifierais aujourd’hui de hors sol .
Comme pour le reste de l’Europe, la guerre de 14 a été une catastrophe.
Il ne faut pas non plus sous estimer le drame que fut l’hémophilie du tsarevitch .
Prétendre que l’Empire russe aurait dû se conformer à ce que nous qualifions aujourd’hui de ”démocratique” est selon moi une grave erreur.
Il me semble irréfutable que sans la guerre de 14 l’empire russe était en voie de rétablissement.
Je le répète, la guerre de 14 fut un cataclysme pour l’Europe.
13 octobre 2025 @ 11:10
Vous avez raison, la Russie était un vivier d’intelligence et d’entreprise avant la guerre. Son niveau économique était proche de celui des USA.
Raspoutine était contre la guerre. Il avait raison mais les causes de la guerre de 1914 étaient si profondes qu’elle ne pouvait être évitée. Ne serait-ce qu du côté de la Russie, il y avait le désir de revanche de
Nicolas II après la défaite face au Japon, il y avait le désir de revanche contre François-Joseph qui n’avait pas soutenu la Russie lors de la Guerre de Crimée. Il y avait la volonté d’expansion russe dans les Balkans et le désir de mettre fin à l’ Empire Ottoman et s’attribuer une partie de ses dépouilles. En face, il y avait d’autres raison, revanche française, impérialisme britannique et allemand, maîtrise des mers.
Nicolas II était opposé aux projets de Stolypine : » Jusqu’ici, ma conscience ne m’a jamais trompé. C’est pourquoi, encore une fois, j’ai l’intention de suivre ce qu’elle m’ordonne. »
Nicolas II s’est aussi opposé aux tentatives de réformes et aux vue de son ancien premier ministre Serge Wiite qui lui écrivit en 1914 : « Cette guerre est une folie. Elle a été imposée à la sagesse de l’Empereur par des politiciens aussi maladroits qu’imprévoyants. Elle ne peut être que funeste à la Russie. » Nicolas et Alexandra étaient dans le déni de réalité. S’il n’était pas facile de faire de la Russie un état démocratique – et ce n’est toujours pas le cas – les réformes envisagées auraient pu emmener le pays vers plus de libéralisme politique.
Il ne faut pas non plus oublier le conservatisme antisémite de l’Eglise Orthodoxe.
Tous ces éléments mis ensemble ne pouvaient qu’aboutir à la catastrophe dont les conséquences ont été mondiales.
Raspoutine était d’une influence néfaste, Nicolas et Alexandra d’une inconséquence criminelle. IL y avait autour d’eux un vivier intellectuelle, politique et économique qu’ils ont méprisé.
Ils ont été canonisés ou béatifiés. Je ne suis pas certain qu’ils le méritaient. Pour moi Nicolas II était un faible et Alexandra une hystérique.
13 octobre 2025 @ 16:59
Un couple peu intéressant. Je ne vois pas ce qu’on pourrait dire de bon à leur sujet.
Votre post est parfait.
14 octobre 2025 @ 06:06
Cosmo,
Merci pour cette synthèse.
Pour moi la guerre de 14 a tout balayé, le bon comme le mauvais.
Ce que je voulais dire est qu’elle me paraît avoir eu beaucoup plus de conséquences sur notre monde que celle qui a suivi que l’on peut peut-être qualifier de ”réplique ” au sens des tremblements de terre .
La famille impériale a été je crois canonisée principalement en considération de ses derniers mois d’existence ,où elle était prisonnière, et je pense ”en bloc” .
J’apprécie la formule du comte Witte !
J’ai justement lu hier soir que lui et son épouse ont fait partie du cercle qui se réunissait autour de Raspoutine , sans doute parce qu’ils avaient compris son influence.
Nicolas II était sans doute faible et changeant dans ses décisions mais ce qui est curieux c’est que ni son apparence, ni son comportement en public ne pouvait le laisser supposer !
Il y a une vidéo qui le montre donnant des ordres de manœuvre à un régiment : une voix grave , forte ; à côté de cela il recevait un ministre avec affabilité et quand le ministre rentrait chez lui il apprenait qu’il était révoqué…
Il n’avait pas osé le lui annoncer .
Bonne journée.
15 octobre 2025 @ 06:25
Pascal,
La Première Guerre Mondiale a été une catastrophe. Elle a emporté l’ancien monde qui, s’il n’était pas parfait, était plus équilibré que celui qui a suivi.
La disparition de l’empire d’Autriche-Hongrie a déstabilisé l’Europe centrale et jeté les uns contre les autres le peuples qui la composaient.
La disparition de l’empire allemand, comme l’empire ottoman, a aussi été néfaste à l’équilibre du monde. Quant à la disparition de l’empire russe, elle a eu pour résultat cent millions de morts.
L’intelligence des souverains est de connaître leurs limites. Nicolas et Alexandra ne l’avaient pas mais croyaient l’avoir.
En réalité, s’ils trouvent quelque crédit dans l’opinion, c’est par l’ignominie de leur assassinat. Et ils bénéficient de la compassion envers les victimes innocentes que furent leurs enfants.
Louis XVI et Marie-Antoinette bénéficient aussi de la compassion de par l’ignominie de leur mort. Mais ils surent être grands dans leur martyr et imposer le respect. Et leurs erreurs ne furent pas comparables à celles des souverains russes.
Bonne semaine
Cosmo
16 octobre 2025 @ 19:50
Cosmo,
Nous sommes d’accord.
Mais ayant lu beaucoup de livres traitant des derniers mois de la famille impériale (je ne citerai plus de faits ma mémoire m’ayant joué des tours récemment) je pense qu’ils ont aussi connu une forme de martyr (assez comparable à Louis XVI et son époux sauf qu’ils n’ont presque jamais été séparés) et que c’est surtout pour cela qu’ils ont été canonisés.
Il y a deux points que je trouve intéressant, le degré incroyable de perfection et de raffinement qu’avait atteint le service de l’empereur autocrate et sa famille et le contraste avec leur vie presque de pénitence depuis leur arrestation .
L’action de Nicolas II en tant qu’empereur fut je pense une succession d’erreurs de jugement sur les personnes et de malchance, pour le dernier point il en était conscient.
Effectivement la principale faute de Nicolas II est de ne pas avoir accepté ses limites ou de les connaître mais de ne pas en tirer les conséquences.
Bonne fin de semaine !
21 octobre 2025 @ 12:22
La canonisation du couple et de ses enfants ne s’est pas faîte pour leurs mérites spirituels. Elle a été d’ailleurs sévèrement cadrée et je ne pense pas que nous ayons au sein de l’Eglise romaine les mêmes nuances permettant de sanctifier ce type de personnage. Pieux, ayant reçu leur martyre dans la foi certes, Nicolas son épouse et leurs enfants ont été canonisés, le même jour que plus de deux milles autres martyrs des début du communisme car ils furent tués pour le symbole religieux que le tsar et son héritier étaient. L’oint et le « potentiel » oint du Seigneur.
Un peu comme un martyr des premiers Temps.
13 octobre 2025 @ 12:08
Analyse très intéressante. Merci Pascal.
14 octobre 2025 @ 06:13
Mais en partie erronée !
Cela dit j’ajoute que quand j’ai écrit ”je pense que ce fut une erreur” je songeais à la signature de ces traités pas au fait que Nicolas II les ait respectés.
Erreur n’est peut-être pas le mot exact , imprudence ?
Pas sur le terrain économique où ils contribuèrent fortement au développement de la Russie, mais géopolitique .
13 octobre 2025 @ 10:24
qualifierait
13 octobre 2025 @ 11:03
Stolypine.
On peut parler de suicide de l’Europe pour la première guerre mondiale.
13 octobre 2025 @ 19:46
Naturellement, Stolypine , qui fut assassiné et enterré à Kiev .
13 octobre 2025 @ 11:04
On ne vous a pas attendu pour ça.
14 octobre 2025 @ 12:42
Je n’en avais aucune ambition.
Il se trouve que je n’ai jamais rien lu de spécifique à la guerre de 14 .
C’est une réflexion personnelle après d’autres lectures et observations.
Veuillez pardonner ma candeur .
13 octobre 2025 @ 09:53
Je suis plus que surpris par la recenssion de ce livre.
J’ai lu de nombreuses biographies de Nicolas II ainsi que des ouvrages afférents, ils figurent dans ma bibliothèque.
L’impression que j’en retire ,car je les ai lus il y a un certain temps est que le Tsar n’a pas rencontré physiquement Raspoutine plus d’une ou deux fois .
Cela s’explique par des raisons de rang et de protocole et par la réputation sulfureuse de Raspoutine ,luxurieux notoire et ancien klisti.
Ne rencontrait pas l’empereur de toutes les Russie qui veut.
Le nombre de rencontre avec l’Impératrice fut probablement un peu supérieur mais pas tant que ça.
Raspoutine a manifesté le désir de rencontrer les grandes-duchesses mais cela lui a toujours été refusé.
Le lien se faisait principalement par Anna Viroubova.
Nicolas II, fidèle à son tempérament, n’osait pas braver son épouse, par amour pour elle et par souci des possibles effets bénéfiques de Grégoire sur la santé du tsarevitch; mais il s’est montré très récalcitrant sur l’influence envers celui-ci.
Je serais curieux de connaître les sources inédites de l auteur mais je n’ai pas les capacités de juger de leur pertinence.
Gregori Effimovitch se vantait volontiers dans les cabarets de Saint Petersbourg de contacts avec la famille impériale qui semblent usurpés.
Son influence s’explique d’abord par sa possible ou présumée action bénéfique sur la santé d’Alexis ,ensuite dans les dernières années par l’isolement du couple impérial.
Mais je persiste à croire qu’il n’a pas eu de lien privilégiée avec l’empereur Nicolas II.
Loin s’en faut.
13 octobre 2025 @ 12:07
« Raspoutine a manifesté le désir de rencontrer les grandes-duchesses mais cela lui a toujours été refusé » c’est faux il y a une photo dans leurs appartements privés avec leur gouvernante et le tsarévitch de mémoire, qui se plaigna de sa visite au moment du coucher et fut congédiée
13 octobre 2025 @ 19:45
Oui je viens de la trouver sur le net .
Peut-être les (nombreuses) biographies de Nicolas II que j’ai lues cherchaient elles à épargner sa mémoire ?
De toute façon Nicolas II était assez versatile.
13 octobre 2025 @ 14:09
Donc pour ne pas braver son épouse Nicolas II s’est laissé manipuler par ce charlatant de Raspoutine ?
13 octobre 2025 @ 18:41
Charlatan n’est pas le mot . Magnétiseur peut- être ? Visionnaire ? Il l’a été plusieurs fois…
13 octobre 2025 @ 19:52
Si influence de Raspoutine sur le Tsar il y a eu je persiste à penser que ce fut principalement par l’intermédiaire de son épouse et d’Anna Viroubova .
Et puis l’influence bénéfique qu’il était supposé avoir sur la santé du tsarevitch et avait peut-être, lui profitait beaucoup.
13 octobre 2025 @ 18:38
Les grandes- duchesse étaient souvent avec leur mère. Raspoutine les voyaient.
Robert K. Massie, auteur de » Nicolas et Alexandra » dit que la gouvernante des 4 ados ayant remarqué les regards « intéressés »de Raspoutine sur les 4 filles a prévenu le tsar qui a aussitôt interdit la présence du starets dans les appartements privés de la famille.
Le tsar savait que Raspoutine était un » jouisseur » , sauf que dès que le tsarevitch se plaignait au début d’une hémorragie, Raspoutine venait l’endormir, ce qui favorisait le début de la coagulation . Pour les parents , c’était » plus jamais Spala » , voir le message pour Cosmo, plus haut.
14 octobre 2025 @ 05:42
Pardonnez-moi, tous qui ont pu me lire , pris d’un doute j’ai rapidement survolé le livre de souvenirs du général Spiridovitch, ”Les dernières années de la cour de Tsarskoië Selo” .
Contrairement à ce que j’ai écrit hier ,l’empereur Nicolas II a rencontré Raspoutine plusieurs fois .
Au temps et autant pour moi .
😞😞😞
13 octobre 2025 @ 11:23
On connaît l’histoire….tant de livres ont été écrits sur le sujet…
L’hémophilie du tsarévitch, le désarroi de ses parents. La révolution qui gronde, la misère du peuple russe, le mépris de la famille impériale (je ne parle pas des cinq enfants), la dureté de la répression, le Prince Youssoupov, etc, etc….
14 octobre 2025 @ 07:36
Merci pour ses intéressants commentaires.
15 octobre 2025 @ 07:44
Raspoutine était un être sans maîtrise de soi et de ses pulsions, ambitieux et dominateur, illettré mais fin connaisseur des ressorts humains, mais avec une réelle piété personnelle.
Il a donc très naturellement combiné ses contradictions dans le jeu du fol en Christ qui doit rechercher à s’isoler du monde et à s’humilier afin de n’être plus qu’un être simple et humble sur lequel Dieu élèvera un homme nouveau un Saint.
Pour lui seul le pêcheur peut se repentir et ressentir l’amour de Dieu alors pêchons gaiement. Et cela passe pour lui par la luxure et les plaisirs du jeu des femmes qui dansent de l’alcool. Et la réussite sociale et matérielle par la Cour.
Ce qui est central à mon sens c’est l’Impératrice. Arrivée dans une famille Romanov qui la pensait moderne et acquise aux idées britanniques et d’Oncle Edouard VII, elle s’est révélée totalement illibérale, pressant son mari de plus d’autocratie, percluse de préjugés, timide mais avec l’envie de dominer. Il est d’ailleurs fascinant de voir que pour le personnel qu’elle avait pouvoir de choisir, elle ne s’est entourée que de personnes « normales » mais qui lui étaient redevables (handicapée, trop petite noblesse pour un poste de prestige à la Cour….) et donc pliées à ses volontés, ou sans aucune aura intellectuelle, d’esprit, de coeur…De fiéffé(e)s idiot(e)s, des réactionnaires totalement dépassés etc…….
Si l’on peut excuser sa dépression, avec un fils incurable, et l’isolement farouche lié dans laquelle elle maintint souvent sa famille, la présence de Raspoutine reste le signe autant de son désespoir que d’une foi chrétienne domestiquée à la folie. Dieu ne pouvait que sauver le Tsarévitch, le future Oint du Seigneur, mais comme les grands ne peuvent être exhaussés, il fallait au préalable s’humilier face à un « intermédiaire ».
Et dans ses délires réactionnaires, comme la Noblesse et les élites culturelles et économiques, lui résistaient, croire que le petit mais majoritaire Peuple est de son côté à elle.
Le médecin du Tsarévitch écrivait déjà avant la Révolution à ce propos que l’Impératrice « n’avait plus sa santé mentale ».
Quand Raspoutine mourut assassiné, un officier qui était aux côtés du Tsar dans son train militaire, témoigna que Nicolas II fit arrêter le convoi pour se dégourdir les jambes et il l’entendit siffloter comme une manifestation de soulagement.
Nicolas II me semble plus rationnel quoique très lâche car refusant de dire non à son épouse. Très contrarié par l’image de l’assassinat d’un « paysan » par de hauts aristocrate et Romanov, de son manque d’autorité sur sa famille, mais …soulagé.
Il était bien conscient que Raspoutine ne faisait pas de « miracles » sauf celui de rassurer son épouse, qui alors cessait d’être une présence stressante pour l’enfant, et de faire lever le pied de la médication notamment l’aspirine.
16 octobre 2025 @ 19:59
Excellent commentaire , plus équilibré que le mien sur Raspoutine.
Avez-vous beaucoup lu sur le sujet ?
Tout de même en relisant Spiridovitch j’ai trouvé ceci encore assez frais dans ma mémoire : Quand on faisait observer à l’évêque Mitrophane qui était un de ceux qui l’avaient introduit à Saint Petersbourg que c’était un débauché notoire il répondait : ” je le sais, mais quelle puissance de repentir ! ”.
Ce qui va tout à fait dans votre sens.
16 octobre 2025 @ 07:58
Quel plaisir de lire ces commentaires qui enrichissent les connaissances des lecteurs ! Merci ! On est loin des âneries sur la longueur des cheveux et les robes boudinées ou démodées. J’ai écrit un commentaire ‘test’ parce que ça ne fonctionnait plus pour moi, ça semble ok maintenant.
16 octobre 2025 @ 14:12
Un point qui n’est pas souvent mentionné : depuis quelques temps, je constate une prédominance de livres sur les Romanov écrits par des Historiens russes (et donc traduits), ce qui était assez rare auparavant. Il semble que mes suppositions d’il y a quelques années, lorsque j’évoquais l’après génération Troyat-Carrère d’Encausse, vont dans ce sens.
16 octobre 2025 @ 17:03
Retour des commentaires très intéressants . Quand l’article d’ouverture est intéressant,le site redémarre en beauté .