Sophie Charlotte, Charlotte, Joséphine Charlotte, des souveraines qu’on retrouve sur quelques pièces en euros – ou pas. La pièce qui ouvre cet article sera frappée par l’Allemagne en 2018 et représentera le château de Charlottenburg à Berlin. Il  y a plusieurs Sophie Charlotte dans l’Histoire, dont l’une des plus célèbres est Sophie Charlotte de Wittelsbach, sœur de Sissi, qui, après avoir vécu la rupture de ses fiançailles avec Louis II de Bavière, avait épousé Ferdinand d’Orléans, duc d’Alençon.

Mais je parlerai ici d’une précédente homonyme : Sophie Charlotte de Hanovre, sœur du futur George Ier de Grande-Bretagne, celle pour qui son époux, le roi de Prusse Frédéric Ier, fit construire de 1696 à 1699 le château de style rococo représenté sur la pièce d’ouverture. Femme cultivée, polyglotte, amatrice d’art, férue de belles lettres et musicienne, Sophie Charlotte mourra en 1705 à l’âge de 36 ans.

On accède à la cour d’honneur du château par un portail surmonté de deux gladiateurs. C’est cette vue qui est illustrée sur la pièce commémorative de 2 EUR.

La légendaire Chambre d’ambre, dont les murs étaient entièrement couverts de la précieuse résine, était à l’origine destinée au château de Charlottenburg mais a été installée au château de Berlin avant de partir pour Saint-Pétersbourg puis de disparaître en 1945, peut-être spoliée par le régime nazi.

La question a déjà été discutée sur N&R, je n’y reviendrai donc pas, mais je profite du sujet pour présenter la pièce commémorative de 2 EUR que la Lituanie avait consacrée à l’or de la Baltique en 2016 et qui représente un disque d’ambre.

Une autre Charlotte célèbre est la Grande-Duchesse de Luxembourg. Son effigie figure sur non moins de trois pièces commémoratives de 2 EUR : en 2009 avec le Grand-Duc Henri,

en 2011 avec le Grand-Duc Jean et le Grand-Duc Henri,

et en 2015 avec tous les membres de la dynastie, ci-dessous.

De plus, un des deux ponts de Luxembourg qui unit la vieille ville au quartier de la gare porte son nom : « Pont Grande-Duchesse Charlotte ». J’en rappelle le visuel ci-dessous.

Je ne puis m’empêcher de penser à la Grande-Duchesse Joséphine Charlotte. Je ne puis m’empêcher de penser à la Grande-Duchesse Joséphine Charlotte. Quoique très liée à deux monarchies de la zone euro, elle ne figure sur aucune pièce.

On peut cependant percevoir sa présence par exemple sur la pièce ci-dessous : pièce de son pays d’origine frappée en 2005, où elle est la mère du premier et la sœur du second.

 

Je termine par quelques glissements langagiers dont le prénom de ces souveraines est sorti parfois vainqueur, parfois vaincu. Le château qui fait l’objet de la pièce d’ouverture s’appelait à l’origine Schloss Lietzenburg, du village de Lietze/Lützow où il était construit. Il a été débaptisé lors du décès de Sophie Charlotte et il s’est dès lors appelé « Schloss Charlottenburg ». Victoire.

Par contre, le pont Grande-Duchesse Charlotte, même s’il a conservé son nom officiel, est entré dans le vocabulaire quotidien pour des raisons évidentes sous le nom de « Pont Rouge ». Défaite.

Quant à la Grande-Duchesse Joséphine Charlotte, elle avait donné son nom au superbe édifice conçu par Christian de Portzamparc, ci-dessus (la photo est extraite de son site), qui s’appelle officiellement « Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine Charlotte », mais que tout le monde appelle simplement « la Philharmonie ». (Merci à Sedna pour cet article)