La pièce autrichienne de 2 c représente un edelweiss. C’est peu de dire que la fleur est populaire, comme en témoignent l’abondance et la beauté de ses surnoms : étoile d’argent, étoile des glaciers, immortelle des neiges, etc.  Il est le symbole de l’Autriche mais aussi le symbole des Alpes. C’est ainsi que la Suisse l’a frappé sur ses pièces de 5 francs, par exemple, ci-dessous

et qu’en France, le Mont-Blanc, montagne alpine par excellence, figure à ses côtés sur les armes de Chamonix -Mont-Blanc (avec un chamois, bien sûr, pour l’origine du nom).

 

La couleur de l’edelweiss évoque immanquablement la pureté. De plus, comme cette couleur demeure inaltérée même une fois que la fleur est séchée, nous touchons à l’immortalité. L’edelweiss n’est peut-être pas la plus rare des fleurs alpines, ni celle qui pousse dans les endroits les plus dangereusement verticaux, mais le mythe est solide, et la fleur symbolise donc la bravoure dont il est nécessaire de faire preuve pour l’atteindre – même Astérix a été obligé de ramener un edelweiss de son séjour chez les Helvètes.

Mais revenons-en au lien entre l’edelweiss et l’Autriche, immortalisé, je ne peux pas ne pas l’évoquer, mais je le fais rapidement, par le tube de « La mélodie du bonheur » en 1965.

« Edel » signifiant « noble » et « weiss » signifiant « blanc », la transition est toute trouvée avec la noblesse, et même la royauté, puisqu’un autre symbole de l’Autriche est l’Empereur François-Joseph. Comme tous les Autrichiens, il était sensible à cette force de l’edelweiss. À l’occasion de ses 80 ans, ses petits-enfants lui offrirent une carte décorée d’edelweiss. Régine en avait parlé il y a un peu plus d’un an.

Au début du XXe siècle, François-Joseph entretenait une correspondance soutenue avec la compagne de la fin de sa vie, Katharina Schratt. Lors de l’exposition « Der ewige Kaiser – The Eternal Emperor » qui a eu lieu de mars à novembre 2016 à Vienne à l’occasion du centenaire du décès du monarque, on a pu voir cette lettre qu’il avait adressée à son aimée et qu’il avait, comme ses petits-enfants l’avaient fait avant lui, décorée d’edelweiss fraîchement cueillis.

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Avant de terminer, je souhaite parler des autres petites pièces autrichiennes en euros. Je me pose une question : pourquoi avoir mis l’edelweiss sur la pièce de 2 c ? Il se retrouve ainsi entre la gentiane sur la pièce de 1 c, ci-dessous

et la primevère des Alpes sur la pièce de 5 c, ci-dessous.

Ces trois pièces montrent aussi, comme toutes les pièces autrichiennes, le drapeau national dans sa version héraldique, avec les deux bandes de lignes verticales pour symboliser les deux bandes rouges du drapeau. L’Autriche avait choisi de commencer sa série d’euros par trois fleurs nationales, pour symboliser  son respect de l’environnement et pour illustrer le rôle de l’Autriche dans le développement d’une politique environnementale communautaire, d’après le Journal officiel de l’Union européenne.

Ceci dit, l’edelweiss est quand même beaucoup plus puissant que la gentiane ou la primevère. Je me demande donc pourquoi l’Autriche ne l’a pas davantage mis en valeur sur la pièce de 1c, par exemple, pour marquer le commencement de la série, ou sur la pièce de 5 c, qui lui aurait fait illustrer la plus importante des petites pièces. Mais non, c’est comme si l’Autriche avait cherché à anonymiser l’edelweiss, à le dissimuler, à le neutraliser au milieu de deux autres plantes.

Je ne doute pas qu’il y ait une explication à ce choix, mais je serais curieuse de la connaître. (Merci à Sedna pour cet article)