Une trentaine de nouvelles pièces de 2 EUR ont été ou seront frappées en 2017. Quand j’ai vu la pièce de Saint-Marin consacrée au 750e anniversaire de la naissance d’Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto, j’ai pensé qu’elle serait sans doute l’une des plus belles de l’année.

Le portrait de Giotto (1266 ou 1267–1337) emplit la partie droite. Il s’agit d’un détail du tableau « Cinq Maîtres de la Renaissance florentine », peinture anonyme du XVe ou du XVIe siècle, qui représente Giotto, Uccello, Donatello, Manetti et Brunelleschi.

Sur la pièce, les mentions « San Marino » et « Giotto » figurent à la verticale, dans un style d’écriture du Trecento qu’on trouvait déjà sur la pièce de Saint-Marin de 2015 consacrée à Dante, né pratiquement la même année que Giotto, ci-dessous.

Et entre ces deux mentions se trouve l’image de ce qui est sans doute son chef-d’œuvre : le campanile de l’Église Santa Maria del Fiore de Florence, qu’il avait dessiné et dont il avait commencé la construction en 1334. Il n’en verra pas l’achèvement :  ses successeurs poursuivront son œuvre jusqu’en 1357, mais renonceront à certaines de ses idées, comme la flèche qui aurait dû terminer l’édifice. Je trouve personnellement que les détails de ce campanile sont du plus bel effet sur la pièce.

Élève de Cimabue, qui lui avait permis de quitter sa condition sociale de fils de paysan, Giotto avait décoré les plus grands monuments de son époque, dans la Florence des Médicis, bien sûr, mais aussi à Padoue, à Assise et même dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

Ceci dit, ce qui est aussi intéressant à propos de Giotto, c’est son actualité. Et cette actualité, curieusement, est due à un tableau de 1304-1305 « L’Adoration des Mages ».

Sur ce tableau, l’étoile qui a guidé les mages et qui est représentée au-dessus de l’étable est peut-être la comète de Halley. Les représentations de comètes et d’étoiles filantes ne sont pas rares en peinture, particulièrement dans les scènes relatives à la Nativité, et on trouve aussi la comète de Halley sur la tapisserie de Bayeux, par exemple.

Mais c’est de Giotto que l’European Space Agency (ESA) s’est souvenue quand elle a dû trouver un nom à la sonde spatiale européenne qui allait faire des recherches sur la comète de Halley. En mars 1986, la sonde Giotto s’est approchée de la comète à moins de 600 km – autant dire qu’elle l’a frôlée.

Ce fut un grand moment pour les scientifiques et les passionnés d’astronomie, et une heureuse rencontre entre un génie du Trecento et un instrument de pointe du XXe siècle. (Merci à Sedna)