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Le Royaume de Livonie a été une tentative du Tsar Ivan IV le Terrible de réunir en 1570 les territoires correspondant plus ou moins à la Lettonie et à l’Estonie actuelles. Une des villes principales de ce royaume a été Riga, mise à l’honneur en 2014 sur une très belle pièce commémorative.

Ce Royaume de Livonie, dont le roi Magnus de Holstein agissait pour le compte du Tsar de Russie, a eu pour principale mission de contrer l’alliance faite par le Royaume de Danemark, le Royaume de Suède, le Grand-Duché de Lituanie et le Royaume de Pologne lors de la guerre de Livonie de 1558 à 1582.

Mais il n’y est pas parvenu et a disparu en tant que royaume en 1578. Après des luttes d’influence, des batailles, des massacres et deux guerres mondiales, l’Estonie et la Lettonie sont devenues des États souverains en 1991 et ont adopté la monnaie unique respectivement en 2011 et en 2014.

Je commence par la Lettonie. Sa capitale, Riga, a été choisie comme ville européenne de la culture en 2014 et à ce titre a fait l’objet de l’émission de la pièce commémorative qui ouvre ce billet. Sur cette pièce, c’est son centre historique Art Déco qui est mis à l’honneur. Je ne suis pas encore allée à Riga, mais il se dit que la beauté et la diversité des façades de ce quartier valent largement le déplacement.

La Lettonie a récemment annoncé son intention de frapper deux pièces commémoratives par an. La première pièce de cette prometteuse série représente le logo de la présidence lettonne du Conseil de l’Union européenne, présidence que le pays occupe pendant le premier semestre de 2015.

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On voit ci-dessus la pièce commémorative et le logo officiel, très beau logo de mon point de vue, dont la forme circulaire est idéale pour être reproduite sur une pièce. Il représente, en gris et dans le rouge profond du drapeau national, une meule qui évoque la tradition agricole du pays mais aussi l’idée de mouvement vers l’avant, donc de progrès.

Quant aux pièces lettonnes courantes en circulation depuis 2014, les valeurs de 1 c à 50 c représentent le blason national, et les pièces de 1 EUR et 2 EUR, ci-dessous, reprennent le motif d’une pièce de 1929.

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Image d’une jeune fille vêtue et coiffée du costume traditionnel letton, portant une gerbe de blé sur l’épaule droite et regardant vers l’avant avec fierté – mais avec une fierté que je ne peux m’empêcher de trouver un peu soviétique.

Passons à l’Estonie, et passons donc en mode mineur : l’Estonie est loin d’avoir le dynamisme numismatique de sa voisine. Sur ses pièces courantes, par exemple, elle a fait le choix de ne frapper qu’un seul visuel sur toutes les valeurs, et quel visuel : la carte du pays. Ci-dessous la pièce de 2 EUR.

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Quant aux pièces commémoratives, l’Estonie a fait le strict minimum en ne frappant que l’émission commune obligatoire de 2012.

Étrange sécheresse quand on connaît l’intense activité actuelle de l’Estonie, particulièrement dans le domaine informatique. La richesse de son histoire aurait aussi pu inspirer le motif de nombre de pièces commémoratives. Un exemple parmi d’autres : sa capitale Tallinn. Du temps où elle s’appelait Reval, elle avait été une pièce maîtresse de la politique du Royaume de Suède, entre autres lors de la bataille de Reval en 1790, qui opposait la flotte du Roi Charles XIII de Suède à celle de Catherine II de Russie. De plus, comme Riga, Tallinn a un très beau centre-ville Art Déco. Mais non, rien de tout cela n’a été raconté sur des pièces en euros.

La Lettonie et l’Estonie offrent donc des profils très différents. Mais si on accepte l’idée, réductrice et historiquement approximative, j’en ai conscience, que Lettonie + Estonie = Livonie, on pourrait presque dire que c’est le Royaume de Livonie tout entier qui fait maintenant partie de la zone euro – et j’assume l’anachronisme. (Merci à Sedna pour cet article)