2015_32_PT_empiremaritime_01

La pièce commémorative portugaise qui sera mise en circulation le 15 juillet prochain célèbre le 500e anniversaire du premier contact entre le Portugal et le Timor. Une pièce qui doit avoir un sens particulier pour le Duc de Bragance.

La famille royale portugaise a toujours été impliquée dans les découvertes outre-mer. Il suffit de penser à Henri le Navigateur, Infant de Portugal (frère de Dom Duarte, Roi de Portugal de 1433 à 1438) ou à la branche de Bragance qui a régné sur le Brésil. Les bateaux portugais sont partis dans toutes les directions, et le résultat est que longtemps le soleil ne se couchait pas davantage sur le royaume de João V qu’il ne se couchait sur l’empire britannique ou sur celui de Charles Quint.

Ceci dit, c’est uniquement vers l’Orient que font voile les deux bateaux qu’on trouve sur des pièces en euros.

En 1515, les premiers navires portugais ont accosté au Timor. La pièce d’ouverture, qui commémore cet événement, fait figurer la date ainsi qu’un navire portugais du XVIe siècle et, à l’avant-plan, un toit de chaume et de bois sculpté, caractéristique des habitations locales. Devenu indépendant dans des conditions violentes en 2002, du moins dans sa partie orientale, le Timor est un des ultimes confettis lusophones dans cette partie du monde, avec Macao et quelques communautés des anciens comptoirs de l’Inde.

Une autre pièce évoque l’empire maritime portugais : celle qui avait été frappée en 2011 pour célébrer le 500e anniversaire de la naissance du navigateur Fernão Mendes Pinto.

2015_32_PT_empiremaritime_02

Fernão Mendes Pinto n’était de loin pas le sujet le plus recommandable du Roi de Portugal : trafiquant, pirate, familier des milieux criminels, mercenaire – mais aussi membre pendant quelques années de la Compagnie de Jésus et ambassadeur. Il avait parcouru de nombreux territoires orientaux et avait consigné ses observations dans son livre « Peregrinação ». On retrouve le titre de cette œuvre sur la pièce, à plusieurs reprises sur les vagues qui portent le bateau, ainsi que l’indication des territoires parcourus : Malaca, Índia, Moçambique, China, Ormuz, Camboia, Birmânia, Japão (il était entré au Japon par Tanegashima, dont le nom est aussi inscrit sur la pièce, et c’est lui qui y aurait introduit les armes à feu), etc.

Personnellement, je trouve magnifiques ces deux pièces portugaises.

Je reviens un instant sur la première d’entre elles, dont je disais qu’elle doit avoir un sens particulier pour le Duc de Bragance. Dom Duarte est en effet président de l’association « Timor 87 », qui vient en aide au Timor et à ses exilés, et le Parlement du Timor Oriental lui en a décerné la nationalité en 2012.

À ce propos, une opinion personnelle pour terminer, si Régine le permet. Que signifie le Timor dans l’opinion publique ? À de rares exceptions près, pas grand-chose. Donc, j’exprime ma satisfaction de voir que le Portugal utilise sa visibilité numismatique pour rappeler qu’il existe encore un petit territoire lusophone en Extrême-Orient, et mon respect pour Dom Duarte qui s’investit pour aider ceux qui y vivent ou qui ont dû y abandonner leur terre ou leur bateau. (Merci à Sedna)