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Stars de l’École espagnole d’équitation de Vienne, les chevaux lipizzans figurent sur les pièces slovènes de 20 c. Cela a créé une polémique avec l’Autriche. L’École espagnole d’équitation a été fondée en 1565, lorsque l’archiduc Charles II d’Autriche, frère de l’Empereur Maximilien II, a aménagé des haras à Lipica, à l’époque dans l’Empire autrichien, actuellement en Slovénie. Le but était d’une part de veiller à « l’éducation de la noblesse dans l’art équestre » et d’autre part de produire une nouvelle race de chevaux, à prédominance blanche, pour la Cour ducale de Graz et la Cour impériale des Habsbourg à Vienne.

Pour ce faire, Charles II a fait croiser des chevaux locaux avec des chevaux espagnols et a ainsi créé la plus ancienne race de chevaux d’élevage d’Europe, nommés d’après le village de Lipica (qui s’orthographiait à l’époque « Lipizza »): les lipizzans.

En 1729, l’Empereur Charles VI d’Autriche a fait construire à Vienne le bâtiment dans lequel l’École évolue encore actuellement. Le portrait de Charles VI figure toujours face à l’entrée du manège et encore aujourd’hui les cavaliers ont le devoir de le saluer avant toute entrée en matière.

On peut aussi rappeler que, en 1789, quand les écuries de Versailles ont été abandonnées, le maître écuyer a quitté la France pour s’expatrier à Vienne et enseigner son art à l’École espagnole.

L’ École espagnole fête cette année son 450e anniversaire. Les festivités se clôtureront le 27 juin par le « Bal impérial » (en français dans le texte). « Sissi Impératrice » n’est pas loin.

Revenons-en au différend entre la Slovénie et l’Autriche. Il se confirme dans les deux principaux logos qui font figurer des lipizzans : celui de l’École espagnole et celui du haras de Lipica, qu’on voit ci-dessous.

 

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Le logo de l’École espagnole est clair : ses chevaux sont des lipizzans autrichiens. Cela se note dans le « P » surmonté d’une couronne qui fait partie intégrante du logo et qui évoque le haras de Piber, en Autriche. La légende en parle aussi : « Bundesgestüt Piber » (haras fédéral de Piber). Par contre, le haras de Lipica ne peut plus se prévaloir de fournir des lipizzans pour l’École, mais son logo rappelle qu’il fut fondé au XVIe  siècle. C’est l’unique message du logo, sans doute jugé suffisant en matière de légitimité.

Notons aussi une certaine similitude graphique : les deux chevaux sont représentés en négatif, de profil gauche et tous deux exécutent une figure d’école.

La pièce slovène de 20 c obéit à la même logique. Nous n’y voyons pas seulement deux lipizzans de profil gauche, comme sur les deux logos : nous y voyons surtout deux lipizzans en représentation. Celui qui est à l’avant-plan semble réaliser une cabriole, alors que la position des pattes du second fait également penser à une figure d’école – peut-être le pas du cheval quand il se déplace de côté. C’est presque (pas tout à fait, mais presque) comme si les chevaux des deux logos étaient superposés.

Si les chevaux lipizzans sont incontestablement d’origine slovène, jamais ils n’auraient connu leur prestige ni leur visibilité internationale sans l’École espagnole d’équitation de Vienne. C’est pourquoi l’Autriche s’est sentie victime d’une récupération par la Slovénie d’une valeur nationale et historique. Elle n’a pas émis de protestation officielle mais elle a très mal accueilli la pièce slovène de 20 c. (merci à Sedna pour cet article)