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La première série de pièces monégasques en euros a été frappée du vivant du Prince Rainier. À son décès, une seconde série de pièces courantes a été frappée en 2006. Comparaison entre les deux séries. Commençons par les valeurs de 1 c à 5 c. Elles sont identiques dans les deux cas : il s’agit d’une représentation du blason des Princes Souverains de Monaco.

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Poursuivons par les valeurs de 10 c à 50 c. Les pièces frappées sous le règne du Prince Rainier représentent le blason du sceau du Prince. La seconde série affiche quant à elle le monogramme du Prince Albert.

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C’est unique dans la zone euro, et je suis surprise que cela ait été autorisé : en principe, le changement de visuel ne peut correspondre qu’à une modification de l’image du souverain. Donc, strictement parlant, la deuxième série de pièces monégasques aurait dû demeurer inchangée sauf pour les pièces qui représentaient le monarque. Peut-être la pièce de la première série évoquait-elle trop clairement le Prince Rainier ? Mais même si c’était le cas, il me semble que le blason du sceau du Prince Rainier n’avait rien d’inopportun dans la série du Prince Albert.

Passons à la pièce de 1 EUR. Dans la première série, elle représente les profils des Princes Rainier et Albert, le Prince Rainier ayant la préséance ; dans la seconde série, elle représente uniquement le profil du Prince Albert.

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Terminons avec la pièce de 2 EUR, qui confirme graphiquement le changement de monarque. Première série : le Prince Rainier (la seule pièce en euros, commémoratives comprises, sur laquelle le Prince Rainier figure seul) ; deuxième série : le Prince Albert, avec le même visuel que sur la pièce de 1 EUR.

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Que retenir de l’examen de ces deux séries ? La place du Prince Albert.

Il est clair que la transition avait été prévue dès l’émission de la première série, du vivant du Prince Rainier, puisque le Prince héréditaire y était déjà présent. De plus, il n’y a pas de changement d’orientation (les deux Princes sont de profil droit) alors qu’un changement de chef d’État avait entraîné un changement d’orientation en Belgique, aux Pays-Bas, même au Vatican et, dans une moindre mesure en Espagne. Le message de Monaco est clair : continuité.

Ensuite, il faut parler de la place du Prince Albert parmi ses pairs. Rappelons-le : cinq monarchies utilisent l’euro. Il y a trois monarchies où le souverain est omniprésent : la Belgique, les Pays-Bas et surtout le Luxembourg. Et il y a une monarchie presque timorée : l’Espagne, qui ne fait figurer le Roi que sur les valeurs de 1 EUR et 2 EUR. La seconde série de Monaco est à mi-chemin entre ces deux tendances, puisque le Prince Albert y figure expressément sur les pièces de 1 EUR et 2 EUR mais aussi de manière plus subtile sous couvert de son monogramme (et au prix d’un changement de visuel unique dans la zone euro) sur les pièces de 10 c à 50 c.

Ainsi, le graphisme des pièces fait très intelligemment comprendre que la transition s’est faite sur le mode de la continuité. (Merci à Sedna pour cet article)