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On ne prend guère de risques en affirmant que la Reine Elizabeth II ne figurera pas de son vivant sur une pièce en euros. Ceci dit, dans la mesure où elle est le commandant en chef des forces armées, dont le titre légal est « Armed Forces of the Crown », on peut dire qu’en 2014 il y a eu un peu de la couronne britannique sur deux pièces en euros.

En 2014, la France a choisi de commémorer le 70e anniversaire du débarquement en Normandie tandis que la Belgique a choisi de commémorer le centenaire du début de la Première Guerre Mondiale.

La pièce française ci-dessus affiche clairement une division horizontale en trois parties. Le tiers supérieur n’utilise que des caractères d’imprimerie, mais ces caractères participent très activement au graphisme : le « D » de gauche se prolonge par une barre horizontale qui souligne les dates de la commémoration, mais surtout, qui fait que ce « D » évoque la figure d’un char. Dans la même logique, la hampe inférieure du « Y » se prolonge vers la gauche par une ligne horizontale qui fait ressembler cette structure à une barge de débarquement.

On trouve donc les dates « 1944-2014 », le pays émetteur « RF », l’événement « D-Day » et le graphisme d’un canon / barge de débarquement. Tout le message est contenu dans cette partie supérieure qui, graphiquement et symboliquement, aurait pu constituer à elle seule une très belle pièce commémorative.

La partie médiane représente, et c’est une idée très forte, trois types d’empreintes de semelles sur le sable de Normandie : celles de soldats britanniques, canadiens et américains.

La partie inférieure figure une vague dont les ondulations sont soulignées par le célébrissime vers de Verlaine qui avait donné le coup d’envoi à l’opération.

En général, je préfère les pièces plus sobres, mais je dois admettre que celle-ci est particulièrement réussie du point de vue graphique, symbolique et culturel.

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Quant à la pièce belge qui commémore le début de la Première Guerre, elle met en évidence deux éléments : les dates 2014-18 et un coquelicot. Les pétales du coquelicot et les chiffres « 20 » sont frappés dans une texture granuleuse, différente de la texture lisse des chiffres « 14-18 », ce qui est une manière originale d’exprimer le fait qu’il s’agit d’un anniversaire. Le sujet de la commémoration est écrit en anglais : « The Great War Centenary ».

Le coquelicot (« poppy ») est associé dans les pays du Commonwealth à la mémoire des soldats tombés à la guerre – il en a été question plusieurs fois sur ce site. Le 11 novembre y est appelé « Poppy Day » et il est courant d’y voir à cette occasion nombre de personnes, dont la Reine Elizabeth II et d’autres membres de la famille royale, arborer des coquelicots à la boutonnière.

Le style de la pièce belge est extrêmement dépouillé, et cela permet au message d’aller directement à l’essentiel. Sur cette pièce, il y a une date et il y a un coquelicot : il y a la guerre et il y a les morts. (Merci à Sedna pour cet article)