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En 2014, l’Écosse a dit non. Mais beaucoup de populations au fil des siècles ont dit oui. Certains de ces États devenus souverains célèbrent leur indépendance sur des pièces en euros. Trois images parmi les multiples représentations possibles de cette notion d’indépendance : le héros, le garant, le symbole.

  1. Le héros

D’après le Journal officiel de l’Union européenne, cette pièce d’ouverture frappée en 2012 représente « le 500e anniversaire de la souveraineté de Monaco, obtenue par Lucien Ier Grimaldi ». C’est en effet en 1512 que Louis XII a accordé à Lucien Ier Grimaldi la pleine seigneurie de ses possessions.

Lucien Ier est représenté de profil gauche, comme tous les sujets des pièces commémoratives monégasques avant lui : la Princesse Grace, la Princesse Charlene et le Prince Albert.

Deux éléments m’ont tout de suite frappée : d’une part, le parallélisme presque parfait des 3 courbes qui forment la base du bonnet, la base de la chevelure et la partie supérieure du vêtement ; d’autre part, le fait que je ne trouve à Lucien Ier aucune ressemblance avec un personnage actuel de la Principauté – mais c’est bien sûr une impression personnelle.

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2. Le garant

Si Monaco représentait le héros de l’indépendance, le Luxembourg en représente l’héritier (si on regarde en arrière) ou le garant (si on regarde en avant).

La pièce est divisée en trois parties, l’une d’entre elle figurant, comme c’est obligatoire, l’effigie du Grand-Duc Henri. Pas de visuel particulier : la notion d’indépendance est donnée par le mot luxembourgeois « Onofhängegkeet » et par les trois chiffres-clés qui composent l’opération « 1839 + 175 = 2014 ». 1839 est l’année où la Belgique a rendu le territoire luxembourgeois au Roi Guillaume Ier des Pays-Bas et l’année où ce dernier lui a reconnu l’indépendance. Le fait qu’il y ait un tiers de la surface de la pièce pour la notion d’indépendance, un autre tiers pour l’affirmation de l’identité nationale et un dernier tiers pour l’effigie du Grand-Duc dit assez clairement le lien entre les trois notions.

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3. Le symbole

Il y a plusieurs symboles de l’indépendance sur les pièces en euros : entre autres un bateau en Finlande ou une allégorie de la liberté à Malte, mais j’ai choisi les trois sceaux (1134, 1142 et 1144) du fondateur du Royaume de Portugal, le Roi Afonso Henriques, qui figurent sur les pièces courantes de ce pays. Ces pièces sont un concentré de symboles de l’indépendance. Ci-dessus, la pièce de 2 EUR, ci-dessous, les pièces de 5 c et 50 c.

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Les cinq écus, sur l’arc de cercle de 4 à 8 sur une montre, représentent la victoire d’Afonso Henriques sur les cinq rois Maures lors de la bataille d’Ourique en 1139, victoire à l’issue de laquelle Afonso Henriques a été proclamé premier roi de Portugal.

Les sept châteaux, sur l’arc de cercle de 9 à 3 sur une montre, rappellent différentes victoires des Portugais indépendants sur leurs ennemis.

Mais le motif central est le sceau d’Afonso Henriques. À l’intérieur de ce sceau, comme dans un blason, figure le mot « Portugal » divisé en quatre : d’abord POR/TU/GA/L puis PO/RT/UG/AL.

Cela fait que le nom du pays est présent deux fois sur les pièces : une fois sur le sceau du Roi Afonso Henriques et une fois en tant qu’indication du pays émetteur. En effet, les lettres qui composent le mot « Portugal » sont également intercalées dans le cercle supérieur entre les sommets des sept châteaux. Graphiquement et symboliquement, c’est à mon sens très réussi. (Merci à Sedna pour cet article)