Le salon des maréchaux orné des portraits en pied des plus grands maréchaux de l’empire ouvre la grande enfilade des appartements officiels. C’est là que se tient la garde de cosaques qui assure la protection de l’empereur.

De là, on accède ensuite à la salle des armoiries, éblouissante par les 34 colonnes cannelées corinthiennes en bois doré qui l’entourent. Elle est ainsi nommée en raison des quatre immenses trophées militaires qui dans le fond portent les armes de toutes les provinces de l’empire .

Mais la pièce la plus prestigieuse est la salle du trône ou salle St Georges ainsi nommée en raison du bas-relief en marbre à l’effigie du saint patron de la Russie qui surmonte le baldaquin du trône. D’une superficie de 800m², agrémentée d’un décor de 32 colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens dorés, elle abrite au fond sous un baldaquin de velours rouge aux armes impériales, le trône de l’empereur qui est celui de l’impératrice Anna Ivanovna (1691-1740). Le décor blanc et or du plafond se trouve reproduit dans la marqueterie du parquet qui inclut 16 essences de bois différentes. C’est là qu’ont lieu les réceptions officielles et que sont reçus les ambassadeurs ainsi que tous les hauts dignitaires de l’empire.

L’empereur Nicolas 1er n’oublie pas de dédier une grande galerie dite militaire à son frère Alexandre 1er et à tous les généraux qui ont participé à la grande guerre menée en 1812 contre Napoléon. Il en confie à Rossi la réalisation. Celle-ci autour du portrait équestre d’Alexandre 1er regroupe les portraits des 332 généraux qui ont pris part à la grande « guerre patriotique de 1812 ».

Parallèlement, afin de parachever l’œuvre de Catherine II, sa grand-mère, et de pouvoir y exposer les œuvres d’art dont il a fait l’acquisition, Nicolas 1er fait construire le Nouvel Ermitage si caractéristique avec sa façade dont le balcon est supporté par de spectaculaires atlantes de granit. Il est l’œuvre de l’architecte bavarois Leon von Klenze auquel il demande de réaliser des décors particulièrement soignés afin de les mettre en parfaite harmonie avec les salons du palais d’Hiver. Les travaux seront menés avec le plus extrême soin entre 1839 et 1852, date à laquelle le musée de l’Ermitage ouvre ses portes devenant le premier musée public de toute la Russie.

Mais Nicolas 1er et son épouse, l’impératrice Alexandra Féodorovna, née princesse Charlotte de Prusse, vont également profondément modifier le décor des appartements privés des souverains. Ils seront décorés dans ce style victorien confortable qui triomphe alors dans toute l’Europe du milieu du XIXe siècle avec des murs tendus de damas aux couleurs vives, des moquettes à décor de ramages fleuris, des cimaises couvertes de tableaux et miniatures et des pièces encombrées de larges fauteuils capitonnés. De précieuses aquarelles nous restituent l’atmosphère intime et feutré des appartements impériaux d’alors.

Ainsi le cabinet de l’impératrice est garni de fauteuils gondole tendus de damas vert émeraude tandis que sur la soie rouge cerise dont sont tendus les murs se remarquent des toiles de Raphaël, chefs-d’œuvre des collections impériales.

La chambre à coucher à alcôve de l’impératrice est tapissée d’une brocatelle bleue sur laquelle on aperçoit le portrait de l’empereur tandis qu’elle est garnie d’un mobilier en loupe de peuplier des années 1820.

L’appartement de l’empereur Nicolas 1er est situé au 2e étage. Sobrement tendu de velours uni vert bronze, son cabinet comporte un modeste mobilier en placage de peuplier tandis que l’on remarque sur le mur un grand tableau figurant Une parade au château de Potsdam.

Succédant à son père en 1855, l’empereur Alexandre II (1818-1881) et son épouse, l’impératrice Maria Alexandrovna, née princesse Marie de Hesse-Darmstadt, vont également réaménager leurs appartements.

Le boudoir de l’impératrice est tendu d’un lampas bleu lavande qui recouvre également les sièges gondole en palissandre tandis que sur les murs se remarquent de petits tableaux de l’école italienne ainsi qu’un portrait d’Alexandre II.

Le cabinet de la souveraine est, lui, tendu d’un velours gaufré rouge qui tapisse à la fois les murs, les rideaux ainsi qu’un opulent mobilier de bois doré rococo. Afin de pallier la longueur des hivers russes et la brièveté des jours, l’impératrice fait aménager dans l’embrasure des fenêtres de plusieurs salons des jardins d’hiver où elle acclimate des plantes grimpantes exotiques cultivées dans les serres impériales.

Le bureau de l’empereur reprend le décor classique de Quarenghi fidèlement restitué par Stassov en 1837. Le souverain, alors seulement tsarévitch y est représenté accompagné de ses 2 premiers enfants, Alexandra et Nicolas. Son sobre bureau d’acajou est encombré de nombreuses miniatures tandis que sur les murs, parmi de nombreux tableaux de famille, on distingue les portraits d’Alexandre 1er par Dawe et celui de Pierre le Grand. C’est sur la couchette visible sur la gauche qu’Alexandre II s’éteindra en 1881, mortellement blessé par un révolutionnaire russe.

Après le tragique assassinat de son père l’empereur Alexandre II en 1881, craignant les attentats terroristes, Alexandre III (1881-1894) va délaisser le palais d’Hiver lui préférant celui de Gatchina où il vivra sous la protection d’une importante escorte de cavalerie. C’est à lui qu’on doit toutefois la mise en place en 1884 des grandes grilles de fer moulé du palais surmonté d’un imposant aigle bicéphale et des monogrammes impériaux dorés à la feuille.

Devenu empereur de Russie après la mort subite de son père Alexandre III en 1894, quelques semaines après, Nicolas II (1868-1918) épouse dans une intimité familiale voulue par les circonstances Alice de Hesse-Darmstadt, qui, après sa conversion à l’orthodoxie, choisit le nom d’ Alexandra Féodorovna. La cérémonie a toutefois lieu dans la grande chapelle du palais d’Hiver au milieu de la pompe de la liturgie orthodoxe et de l’apparat de la maison impériale.

Dans un palais d’Hiver qui vient d’être repeint en rouge brique, le nouvel empereur fait aussitôt aménager un appartement privé dans le goût éclectique de l’époque.

Détruit sur ordre de Lénine en 1920, deux pièces toutefois en subsistent : une salle à manger de style Louis XV ornée de tapisseries françaises du XVIIIe et une vaste bibliothèque en chêne néogothique.

Toutefois l’empereur et son épouse n’apprécient guère cette résidence au milieu de Saint Pétersbourg et des intrigues de la cour. Afin de s’assurer une forme d’intimité à leur couple ainsi qu’aux quatre grandes duchesses Olga, Tatiana, Marie et Anastasia, l’impératrice Alexandra obtient alors qu’un vaste jardin privé clos de murs de granit et couronné de hautes grilles de fer moulé soit aménagé sur le côté du palais faisant face à l’Amirauté. (Merci à Néoclassique pour cette deuxième partie de reportage)