Pavlovsk est libéré par les troupes soviétiques en janvier 1944.  Du palais, ils ne trouvent plus que des murs calcinés (photo 27). La coupole centrale et les plafonds se sont effondrés laissant apparaitre les niches de la salle du trône ouvrant sur le vide (photo 28).

Avant de quitter les lieux, la soldatesque nazie a, en effet, répandu des milliers de litres d’essence et mis le feu à tout l’édifice. Le palais va brûler dans son intégralité pendant 3 jours durant.

Face à cette situation catastrophique et compte-tenu du caractère emblématique du lieu connu de tous les russes, le gouvernement soviétique prend aussitôt un décret pour commencer la restauration à l’identique du palais dès le printemps 1944.

Les travaux de restauration sont dirigés par l’infatigable Anna Zelenova qui, avec ses équipes, va au préalable soigneusement prélever au milieu des gravats, près de 40 000 débris de moulures, de stuc, de marbre et de bronze.

Après que les ruines ont été soigneusement déminées, après une longue et patiente restauration des toitures et de la coupole, l’édifice va ensuite être ceinturé d’échafaudages (photo 29) pour permettre aux restaurateurs d’intervenir.

A partir de 2500 négatifs existants, une armée de sculpteurs, stucateurs, menuisiers, doreurs et ébénistes va ensuite reconstituer rigoureusement à l’identique tous les décors des façades (photo 30), des murs des salons (photo 31) aussi bien que des parquets de marqueterie  (photo 32).

 

Parallèlement, Anna Zelenova va entamer une longue recherche tant en Russie que dans les pays baltes ou en Allemagne pour tenter de récupérer le maximum de pièces de mobiliers, objets d’art et de tableaux qui avaient été pillées ou vandalisées. Cette longue traque, qui va durer près de 20 ans, va permettre de récupérer, de restaurer et de remettre en place plus de 1 000 pièces du mobilier d’origine.

Le parc n’est pas oublié. Chaque année, à partir de 1945, des milliers d’arbres sont plantés pour reconstituer les bosquets tandis que ponts, fabriques et pavillons sont soigneusement reconstruits, un à un, tel l’élégant Temple de l’Amitié (photo 33)

Les travaux de restauration vont s’échelonner plus de 30 ans. Ce n’est qu’en 1977, à l’occasion du bicentenaire de sa fondation, que le parc et le palais de Pavlovsk entièrement restauré et remeublé sont enfin rouverts au public (photo 34). Et grâce au génie et à la patience des artisans russes, ce sont aujourd’hui plus de 50 pièces telles qu’elles étaient du temps de l’empereur Paul 1er et de l’impératrice Maria Feodorovna qui s’offrent à l’admiration de quelques 2 millions de visiteurs chaque année.

La salle à l’italienne, coiffée par la coupole, est à nouveau ornée de ses trophées militaires supportant un plafond circulaire à rosaces quadrangulaires rehaussées d’or (photo 35).

La salle grecque a retrouvé toute la majesté de ses colonnes corinthiennes en marbre vert scagliole ainsi que les frises de stuc et les rosaces délicatement ouvragées de son plafond (photo 36).

Les cimaises de la galerie de tableaux sont à nouveau garnies de leurs collections de toiles des écoles françaises ou italiennes du XVIIIe siècle (photo 37).

La bibliothèque de Maria Feodorovna a retrouvé la splendide marqueterie de son parquet et les éclatantes tapisseries des Gobelins offertes par Louis XVI au comte du Nord (photo 38).

Le baldaquin somptueusement sculpté du lit de l’impératrice, œuvre de l’ébéniste Jacob, est à nouveau orné des soieries retissées au modèle de l’original qui avait été commandé à Lyon (photo 39).

La spectaculaire salle du trône d’une superficie de 420m², ornée de cariatides dessinées d’après le modèle de celles de Jean Goujon dans la Cour carrée du Louvre, expose quant à elle les fastueuses collections de porcelaine de Sèvres conservées au palais (photo 40).

Enfin, sur un registre plus intime, le cabinet de famille de Maria Feodorovna présente l’aspect d’un salon de famille avec un impressionnant regroupement de tableaux et de miniatures (photo 41).

Ainsi blotti dans l’écrin de verdure romantique de son parc, restauré de manière exemplaire après 40 ans de travaux titanesques, riche de ses fabuleuses collections en grande partie retrouvées, des nombreux palais impériaux que compte la Russie, Pavlovsk est sans doute celui qui témoigne le mieux de cet art de vivre à la française de la fin du XVIIIe qui fut si prisé par la cour de Russie. Mais il conserve aussi le précieux souvenir de la vie discrète et attachante qui mena, pendant quatre générations, une branche peu connue des Romanoff (photo 42). (Merci à Néoclassique et rendez-vous début mars pour un nouveau sujet sur un palais russe)