C’est au grand palais de Peterhof que Nicolas II organise de grandes réceptions officielles afin d’éblouir ses hôtes par la beauté grandiose du site. Ainsi, en juillet 1914, quelques jours à peine avant le déclenchement qui va emporter les trois grands empires, c’est là que Nicolas II reçoit avec faste le président Raymond Poincarré.

En 1917, après la révolution d’Octobre, Peterhof, considéré alors comme le plus important monument du génie culturel russe, est un des premiers palais impériaux à être nationalisé. Un inventaire des innombrables œuvres d’art (meubles, tableaux, tapisseries, objets d’art, porcelaines …) contenues dans l’édifice et ses multiples dépendances est ensuite dressé. Il arrive au chiffre incroyable de 31511 objets !

Au début des années 20, le palais est transformé en musée et reçoit dès lors chaque année des millions de russes éblouis par la magnificence du palais et du site.

Le 23 septembre 1941, après une fulgurante progression dans le territoire russe, les armées nazies occupent Peterhof. Avant l’arrivée de l’ennemi, les conservateurs du musée n’ont eu le temps que d’évacuer en hâte 3000 objets parmi les plus précieux contenus dans le palais et d’enterrer profondément seulement le tiers des statues de bronze doré du parc.

Le domaine est occupé pendant deux ans et demi par les nazis. Le mobilier restant dans le palais est alors pillé ou saccagé, le pavillon anglais est pulvérisé par simple jeu des officiers allemands à coup des tirs de canon tandis que les statues du parc, dont celle de Sanson, sont démontées et emportées en Allemagne (photo 32).

Au moment de la débâcle de l’armée allemande, l’occupant, juste avant de quitter le palais, va dynamiter le corps central puis mettre le feu à l’ensemble de l’édifice après avoir répandu plusieurs milliers de litres d’essence (photo 33).

Dès janvier 1944, les soviétiques vont s’attaquer à la restauration du palais à commencer par la consolidation des murs calcinés, la restitution des couvertures et des planchers. Parallèlement, les conservateurs partent à la recherche dans toute l’Europe des objets dérobés par les allemands. Près de 2000 pièces dérobées seront retrouvées en l’espace de 20 ans.

En 1957, le corps de bâtiment central de la façade est fidèlement reconstruit, les décors des intérieurs progressivement et scrupuleusement restitués et quelques années plus tard, le palais restauré peut à nouveau accueillir ses premiers visiteurs (photo 34).

Le pavillon de Monplaisir, résidence favorite du tsar Pierre-le-Grand, et ses jardins sont eux aussi, fidèlement restaurés à l’identique (photo 35).

En 2003, à l’occasion du tricentenaire de la fondation de Saint Pétersbourg, les pavillons d’angle du palais retrouvent leurs dorures rutilantes (photo 36).

Puis c’est au tour du parc de retrouver toute sa splendeur. Les quelques 40 fontaines et cascades qu’il compte, sont remises en état tandis que les statues et vasques manquantes sont refaites en bronze à l’identique et dorées à la feuille(photo 37).

En 2011 enfin, la sculpture principale de la fontaine, une nouvelle statue de Samson terrassant le lion, qui symbolise la Russie victorieuse de son ennemi essentiel qu’est la Suède lors de la bataille de Poltava, est solennellement remise en place (photo 38)

Chaque année, la saison estivale de Peterhof est inaugurée, le 21 mai, par une Fête des Fontaines qui rassemble plus de 300 comédiens, musiciens et danseurs en costumes d’époque évoquant, devant une foule immense, les grandes heures de Pierre-le-Grand en mêlant les grandes eaux et la musique (photo 39).

Tandis que le soir, la façade du palais est embrasée par un spectaculaire feu d’artifice tiré depuis les bords de la mer Baltique (photo 40).

Ainsi, le palais de Peterhof,ce joyau emblématique du patrimoine impérial, juché tel un balcon au-dessus du golfe de Finlande, restauré de manière exemplaire après 40 ans d’efforts et qui attire chaque année près de 4 millions de visiteurs du monde entier, illustre avec éloquence le prestige des empereurs aussi bien que le génie des artistes qui, ensemble, firent la grandeur de la Russie (photo 41). (Encore un grand merci à Néoclassique qui dédiait cet article en trois parties à Hubert de Givenchy)