Le roi Gustave VI Adolphe, grand-père et prédécesseur de l’actuel roi Charles (Carl) XVI Gustave, est né au Château de Stockholm le 11 Novembre 1882, fils aîné du prince Gustave de Suède et de Norvège, duc de Värmland et de son épouse la princesse Victoria de Bade. Il fut baptisé le 25 Novembre 1885 dans le hall blanc du Palais par Anton Niklas Sundberg, Archevêque d’Uppsala et reçut à cette occasion 18 parrains et marraines permettant de retracer la généalogie et les relations familiales de l’enfant : le roi Oscar II de Suède et de Norvège (son grand-père paternel), la reine Sophie de Suède et de Norvège née princesse de Nassau (sa grand-mère paternelle), l’empereur Guillaume Ier, roi de Prusse (son arrière-grand-père maternel), l’impératrice Augusta, reine de Prusse née princesse de Saxe-Weimar (son arrière-grand-mère maternelle), la reine de Saxe née princesse Carola de Wasa, la reine de Roumanie née princesse Elisabeth de Wied (cousine de son père), l’impératrice Eugénie des Français (amie de la famille royale suédoise), le grand-duc Frédéric Ier de Bade (son grand-père maternel), la grande-duchesse de Bade née Princesse Louise de Prusse (sa grand-mère maternelle), la duchesse douairière de Saxe-Cobourg-Gotha née princesse Alexandrine de Bade (sa grand-tante maternelle), Adolphe, duc de Nassau depuis grand-duc de Luxembourg (son grand-oncle paternel), le prince Oscar de Suède, duc de Gotland (son oncle paternel), la princesse Eugénie de Suède (sa grand-tante paternelle), le prince Guillaume de Bade (son grand-oncle maternel), la princesse Guillaume de Bade née Marie de Beauharnais (épouse de ce dernier), le grand-duc Michel de Russie (cousin de sa mère), la princesse héritière de Danemark née princesse Louise de Suède (cousine de son père), la princesse de Wied née princesse Marie de Nassau (sa grand-tante paternelle).

En l’honneur de plusieurs d’entre eux, le petit prince reçut les prénoms de Oscar Frédéric Guillaume Olaf Gustave Adolphe. Le prénom Olaf est en l’honneur de la Norvège, à l’époque en union personnelle avec la couronne de Suède. Le roi Oscar II lui donna le titre de duc de Scanie et lui conféra l’ordre de Charles XIII.

Gustave et Victoria eurent encore deux autres fils : Guillaume, duc de Södermanland (1884-1965) et Eric, duc de Västmanland (1889-1918). Chaque année, le petit prince passait des vacances avec ses parents au Château de Tullgarn ainsi qu’au Château d’Ulriksdall auprès de la reine Sophie. Il rendait également régulièrement visite à sa famille maternelle dans le sud de l’Allemagne, à Karlsruhe, Baden-Baden ou au Château de Mainau, résidence estivale de ses grands-parents maternels, sur une île du lac de Constance.

Lors de ces vacances, il retrouvait également l’empereur Guillaume Ier et de l’impératrice Augusta qui aimaient séjourner dans le foyer de leur fille Louise et de leur gendre, profiter de leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants, de la douceur du climat et des nombreuses thermes du grand-duché. De ces souvenirs d’enfance, le futur roi de Suède conserva une grande admiration et un grand attachement pour son grand-père Frédéric.

Le duc de Scanie fut scolarisé dans un lycée public de la capitale suédoise et obtint d’excellentes notes au baccalauréat en Latin, Allemand, Français, Mathématiques, Histoire suédoise, Histoire norvégienne, Géographie et Sciences naturelles. En 1901, il débuta ses études à l’Université d’Uppsala. Il obtint de très bonnes notes en Latin, Allemand, Français, Mathématiques, Histoire suédoise, Histoire norvégienne, Géographie et Sciences naturelles. Le duc de Scanie s’intéressait beaucoup à l’archéologie qu’il avait découverte lors de ses études et à l’architecture. Il fut également, toute sa vie durant, un bon joueur de tennis et de golf, ses sports préférés. Il aimait également la pêche. Tous les membres de sa famille avaient développés certains dons : son père était un joueur de tennis reconnu, sa mère s’intéressait beaucoup à la photographie, son frère Guillaume au cinéma. Il séjourna à plusieurs reprises en Italie et participa à des fouilles de ruines étrusques près de Viterbe, mais également en Grèce, en Chine, en Corée et au Proche Orient.

Le 26 Janvier 1905, il fit la connaissance au Caire, lors du banquet donné pour l’anniversaire du Khédive d’Egypte, de la princesse Margaret, appelée en privé Daisy, petite-fille de feu la reine Victoria, fille du prince Arthur du Royaume-Uni, duc de Connaught et de la princesse Marguerite de Prusse. Ils tombèrent amoureux et se marièrent le 15 Juin 1905 en la chapelle St-George du Château de Windsor.

A son arrivée en Suède, les jeunes mariés s’installèrent dans un appartement du Château de Stockholm. Ils reçurent en outre du roi Oscar II le château de Sofiero, près de Helsingborg, demeure qu’il avait fait bâtir dans les premières années de son union avec Sophie de Nassau (et nommé en son honneur). Les ducs de Scanie partageaient des centres d’intérêts communs, notamment la botanique et l’horticulture. Ensemble, ils jardinaient dans le parc de Sofiero qu’ils embellirent de leurs rhododendrons préférés.

Daisy lui donna 5 enfants dont quatre héritiers pour la couronne suédoise : le Prince Gustave Adolphe, duc de Västerbotten, appelé en privé Edmund (1906-1947), le Prince Sigvard, duc d’Uppland (1907-2002), la princesse Ingrid (1910-2000), le Prince Bertil duc de Halland (1912-1997), le Prince Carl Johann duc de Dalarna (né en 1916)

Les princes et princesses suédois au début du XXème siècle autour du roi Oscar II et de la reine Sophie (de gauche à droite, de l’arrière vers l’avant) Eugène, duc de Närke, Guillaume duc de Södermanland, Gustave duc de Värmland, le duc de Scanie tenant le duc de Västerbotten, Charles duc de Västergotland, Thérèse de Saxe-Altenburg Duchesse de Dalarna, le Roi, la duchesse de Scanie tenant le duc d’Uppland, la reine, Ingeborg de Danemark Duchesse de Västergotland tenant Astrid (future Reine de Belgique), enfin Margaretha (future Princesse Axel de Danemark) et Martha (princesse de Norvège).

En 1907, son grand-père le roi Oscar II mourut. Le prince héritier Gustave monta sur le trône tandis que le duc de Scanie devint le nouveau prince héritier. Hélas, le bonheur du jeune foyer fut brisé le 1er mai 1920, avec la mort de la duchesse de Scanie. Suite à ce veuvage précoce, le duc se mit en recherche d’une nouvelle consort princière qui partagerait ses devoirs et qui pourrait devenir une mère de substitution pour ses enfants. Dans ce but, il effectua plusieurs voyages, en Angleterre notamment.

Ainsi aurait-il demandé la main de la princesse Helena Victoria de Holstein-Sonderburg-Augustenburg, une cousine de sa première épouse en 1921 mais elle aurait refusé. En 1923, le jeune veuf obtint la main d’une autre parente descendante de la reine Victoria, la princesse Louise de Battenberg, de la Maison de Hesse (traduit en Mountbatten après la Première Guerre mondiale), fille du prince Louis de Battenberg et de la princesse Victoria de Hesse. La princesse Louise était infirmière et avait servi pendant la Première guerre mondiale dans l’hôpital militaire de Nevers. En 1919, elle travaillait dans celui de Montpellier. Le couple princier s’unit le 3 Novembre 1923 en la chapelle du Palais de St-James à Londres.

Par son mariage, Louise était devenue la belle-mère de ses petits-cousins. Elle réussit à conquérir le cœur de ses beaux-fils, notamment celui des plus petits, mais il semble que ses relations avec la princesse Ingrid furent difficiles au départ. Cette dernière, en grandissant, regretta certaines erreurs et comprit à quel point son père avait eu besoin d’une compagne telle que Louise. Le couple a perdu une petite fille, morte née en 1925.

Louise partageait avec son époux un sens aigu du devoir et bien qu’étant de santé fragile, elle aurait dit « Une personne royale ne peut être qu’en bonne santé ou morte ».Après le chagrin que lui avait causé la mort en 1930 à Rome de sa mère la Reine Victoria, les mariages de son fils aîné et de sa fille furent des évènements heureux dans la vie du duc.

Le prince Gustave Adolphe s’unit à la princesse Sibylla de Saxe-Cobourg-Gotha en 1932 tandis que sa fille Ingrid épousa en 1935 le prince héritier Frédéric de Danemark et d’Islande depuis Roi Frédéric IX. Ces unions prestigieuses furent suivies de la naissance de sept princesses : Margaretha (1934-), Birgitta (1937-), Désirée (1938-), Margrethe (1940-), Christina (1943-), Benedikte (1944-) et enfin Anne Marie (1946-). Deux de ses fils, Sigvard et Carl Johann n’obtinrent pas le plein consentement de leur royal grand-père Gustave V car ils souhaitaient épouser des jeunes femmes d’origine roturière. Ils perdirent leur rang d’altesses royales et cessèrent d’assumer des devoirs officiels au nom de la couronne, pour devenir de simples particuliers.

Comme les rois de Suède ne pouvaient créer de nouveaux titres de noblesse, ce fut leur cousine, la grande-duchesse de Luxembourg qui se chargea de les titrer en 1951. Ils devinrent des comtes Bernadotte de Wisborg. La même procédure fut suivie à l’égard de son petit-fils le prince Lennart, duc de Smaland et de son neveu le prince Charles, duc d’Östergotland. Cela n’empêcha évidement le souverain, le père des anciens princes et leurs autres parents, de conserver avec eux des rapports chaleureux puisqu’ils étaient conviés à tous les évènements privés.

En 1948, après la naissance de quatre princesses dans le foyer des ducs de Västerbotten, la princesse Sibylla mit au monde le petit prince tant attendu par la famille royale et les Suédois. Il fut titré duc de Jämtland à son baptême par son arrière-grand-père le roi Gustave V et prénommé Charles Gustave.

Hélas, le duc de Västerbotten perdit la vie dans un accident d’avion au retour d’une chasse aux Pays-Bas seulement âgé de 41 ans, laissant une veuve dévastée, quatre filles orphelines de 11, 9, 7 et 2 ans.

 Le « petit duc » comme il était surnommé par son père n’avait pas encore 1 an, ne conserva aucun souvenir de son père, ce qui fut une terrible douleur. Conformément à la volonté du roi et de la duchesse de Västerbotten, les deux cadets n’apprirent la vérité que sept ans plus tard.

Comme il ne restait presque plus aucun prince dans la Maison de Bernadotte, en dehors du duc de Scanie et du petit duc de Jämtland, il avait été décidé que le prince Bertil, duc de Halland, amoureux d’une roturière galloise, Lilian Davies, demeurât célibataire le temps que son neveu atteigne la majorité, se marie et ait des héritiers, car il fallait un prince héritier et un régent éventuellement pour la couronne suédoise. Gustave Adolphe et Bertil consacrèrent une grande partie de leur énergie à l’éducation du petit duc.

Le 29 Octobre 1950, Gustave V mourut et le prince héritier Gustave Adolphe, âgé de soixante-sept ans, lui succéda comme roi de Suède, des Goths et des Wendes, grand-maître des Ordres royaux. Il choisit comme devise : « Le devoir avant tout ». Dès son avènement, il se montra être un souverain énergique. Bien qu’appliquant scrupuleusement les règles parlementaires, il usa de toutes les prérogatives que la Constitution lui accordait pour influer sur la politique du gouvernement. Il lisait tous les projets de loi (ce qui avait étonné les ministres lors de son avènement) et n’hésitait pas à leur donner son avis. Le roi était également le chef de l’Eglise comme le montre cette réception au Palais royal avec les prélats de son royaume

Ce fut ensuite le temps des mariages de ses petites-filles. Trois unions firent particulièrement la fierté du Roi Gustave VI Adolphe, de sa fille Ingrid, de son gendre Frédéric et de sa belle-fille Sibylla. En premier lieu celui de Birgitta de Suède avec le prince Jean Georges de Hohenzollern en 1960. Bien que très luthériens, le roi et la princesse ne se formalisèrent pas de cette union avec un homme catholique. Contre l’avis de Rome, Gustave VI Adolphe organisa un fastueux mariage civil à Stockholm pour sa petite-fille, rassemblant plus de 700 invités. Puis, en 1964, celui de la plus jeune de ses petites-filles Anne Marie de Danemark, âgée à peine de dix-huit ans, avec le jeune roi de Grèce Constantin II.

Enfin, en 1968, celui de Benedikte de Danemark avec le prince Richard de Sayn-Wittgenstein-Berleburg. Sur la photo ci-dessus, le roi est assis au premier plan aux côté de sa fille et de son gendre.

En matière de mariages, le roi se montrait à la fois ferme –ses petites-filles suédoises qui épousaient des hommes non issus de Maisons souveraines ou anciennement souveraines perdaient leur rang d’Altesses Royales- et souple, dans la mesure où le grand-père aimant et protecteur se faisait un devoir de leur offrir de beaux mariages, d’en présider les festivités et de les conduire lui-même à l’autel comme en témoignent les mariages de ses petites-filles Margaretha avec John K. Ambler.

Avec sa seconde épouse, Gustave Adolphe menait une vie domestique empreinte d’une certaine simplicité. En dehors de ses devoirs officiels, le roi continua à s’adonner à ses passions. Il aimait lire les nombreux ouvrages de sa bibliothèque. Le public pouvait rencontrer le couple royal en promenade le matin dans les rues commerçantes de Gamla Stan, la vieille ville de Stockholm.

En mars 1965, le roi Gustave VI Adolphe eut hélas la douleur de connaître un second veuvage avec la disparition de la reine Louise. Heureusement, le roi de Suède avait ses petites-filles, dont il était très proche. Il retrouva dans leurs foyers la chaleur dont il avait besoin. Dans les années 1960, il eut le bonheur de devenir arrière-grand-père. On le voit sur la photo suivante chez Margaretha et John, jouer avec son arrière-petite-fille Sibylla Louise ou encore vers 1968, sous le regard bienveillant du prince Jean Georges de Hohenzollern, en compagnie de la princesse Birgitta, et de ses arrière-petits-enfants Carl Christian, Désirée et Hubertus, dans leur villa de la capitale bavaroise.

En 1972, le roi de Suède refusa de grandes célébrations de ses 90 ans car il était en deuil de son gendre le roi de Danemark auquel sa petite-fille Margrethe venait de succéder. De plus il venait d’apprendre la maladie de sa bien aimée belle-fille qui allait s’éteindre quelques mois plus tard à peine âgée de soixante-quatre ans. Elle aussi avait fait passer son devoir avant tout, assumant le rôle de première dame depuis 1965. La princesse Christina de Suède, la dernière des petites-filles du roi qui n’était pas encore mariée, devint alors la première dame du Royaume et seconda son royal grand-père dans ses obligations.

En 1973, Gustave VI Adolphe, âgé de quatre-vingt onze ans, tomba gravement malade. Lors d’un séjour qu’il effectua au Château de Sofiero, les médecins diagnostiquèrent une pneumonie, qui était compliquée par un ulcère de l’intestin et une insuffisance rénale. Le roi de Suède dut être hospitalisé à Helsingborg. C’est dans cette ville qu’il s’éteignit, entouré par ses proches.

A l’annonce de sa mort, le Premier Ministre Olof Palme lui a rendu cet hommage :  » Le Roi était né dans une société tellement différente de la nôtre, mais fut ouvert à la société qui se bâtissait sous nos yeux. Il devint un symbole de régime démocratique et de la société moderne du bien-être. Cela montre la force et l’ampleur de sa personnalité. Jusqu’à la fin, il a accomplit avec une vitalité et un soin extraordinaire son devoir de Chef d’Etat d’une monarchie constitutionnelle. Le régime démocratique avait en lui un partisan convaincu »

Sa culture, son intelligence et sa sagesse faisaient l’admiration de ses descendants, parents et sujets parmi lesquels il était aussi respecté que populaire. Le nouveau roi Charles XVI Gustave, présida les funérailles de son auguste grand-père. Il avait préféré reposer auprès de ses deux épouses, non loin de la tombe de son fils aîné et de sa belle-fille, dans le Parc du Château de Haga, à quelques kilomètres de Stockholm, plutôt que dans la traditionnelle cathédrale (Storakyrkan) de la capitale. (Un grand merci Jul pour ce portrait – Copyright photos : DR, Corbis & reuters)