Gaétan de Bourbon, Prince des Deux-Siciles est né le 12 Janvier 1846 au Palais royal de Caserte, au nord de Naples, , le même jour que son père le Roi Ferdinand II des Deux-Siciles (né en 1810) dont il était le septième enfant et le cinquième fils. Sa mère était la Reine Marie Thérèse, une Archiduchesse d’Autriche, Princesse de Bohême et de Hongrie (née en 1816).

Le nouveau né fut baptisé le jour même avec pour parrains l’Archiduc Frédéric, Amiral autrichien, son oncle maternel, représenté par le Prince Louis, Comte de l’Aquila, Vice-Amiral sicilien, son oncle paternel. Son père le fit chevalier de l’Ordre de St-Janvier et lui donna le titre de Comte de Girgenti (ou en français d’Agrigente), une création inédite comme il en avait l’habitude, du nom d’une petite ville de Sicile dont il voulait honorer la fidélité des habitants.

Quelques jours plus tard, le Roi fonda un majorat pour son cinquième fils, composé des domaines royaux de Calvi et de Sant’ Andrea del Pizzone, près de Caserte. Pour célébrer l’heureux évènement survenu dans sa famille, Ferdinand II décréta une amnistie générale pour les contraventions, délits et même certains crimes.

Le Prince Gaétan grandit entre les Palais royaux de Naples, de Caserte et de Portici au milieu d’une famille nombreuse qui s’accroissait à un rythme soutenu. La Reine mit au monde douze princes et princesses en dix-neuf ans.

Sur la photo suivante : de gauche à droite, de l’arrière vers l’avant, les Princes des Deux-Siciles : Marie Annonciade (née en 1843 ), Alphonse Comte de Caserte (né en 1841 ), Ferdinand II, François Duc de Calabre (né en 1836 du premier mariage du Roi avec Christine de Savoie, Princesse de Sardaigne), Louis Comte de Trani (né en 1838), Marie Immaculée (née en 1844), Gaétan Comte de Girgenti, Marie des Grâces Pia (née en 1849), Pascal Comte de Bari (né en 1852), la Reine tenant sur ses genoux Marie Immaculée Louise (née en 1855) et enfin une nounou avec Janvier, Comte de Caltagirone (né en 1857). Absents : Albert Comte de Castrogiovanni (né en 1839, mort en 1844 ), Joseph Comte de Lucera, qui avait deux ans de moins que Gaétan, mort en 1851 après une longue maladie et Vincent Comte de Melazzo (mort en 1854).

Ferdinand de Bourbon était un homme d’un tempérament joyeux, bon vivant, qui n’était heureux qu’au milieu de ses enfants comme son aïeul Henri IV.

Concentré sur les grandes affaires du Royaume à cette époque, l’aménagement du réseau de chemin de fer (Il était à l’origine de la première ligne de la péninsule, entre Naples et Portici en 1839), du réseau routier et celui du télégraphe, les progrès de l’agriculture et de la santé avec la bonification des marécages, la modernisation des marines militaire et marchande, le roi était avant tout un militaire. Il tenait à ce que ses fils fassent carrière dans l’armée, même Gaétan, qui souffrait d’épilepsie. Ainsi, comme tous ses frères, celle du Comte de Girgenti fut aussi rapide que précoce. Il fut destiné par son père à servir dans le 3ème Régiment d’Infanterie. Il en devint soldat à l’âge de deux ans, fut promu caporal à sept et, le 10 Mars 1858, le Roi signa le décret lui donnant le grade de Lieutenant. Il avait alors douze ans.

Le Roi des Deux-Siciles était heureux dans son mariage. La Reine était une femme aux goûts simples, souvent habillée modestement, une mère affectueuse, qui préférait aux mondanités de la cour, l’intimité de ses appartements, la couture et s’occuper de ses petits. Les bambins royaux grandissaient dans une atmosphère profondément religieuse, imprégnée de dévotion mariale. Lorsqu’il visitait les provinces de son royaume et allait à la rencontre de ses neuf millions de sujets, le roi préférait loger dans les maisons des Ordres mendiants.

Les ménages des petits frères du Roi, les Comtes de L’Aquila et de Trapani demeuraient également auprès d’eux, avec leurs enfants. La Princesse Amélie de Bourbon, sœur du Roi et son époux l’Infant d’Espagne et de Portugal Sébastien vivaient également à la Cour de Naples et c’était toujours avec joie que le Roi accueillait ses sœurs aînées Caroline, Duchesse de Berry, la Reine-mère d’Espagne Christine ou l’Infante d’Espagne Louise Charlotte lorsqu’elles venaient en vacances.

Dans les années 1840-1850, affluaient dans le doux royaume méridional, de nombreux souverains et princes étrangers incognito. Les Bourbons des Deux-Siciles les accompagnaient souvent dans leurs visites touristiques. Ils leur servaient de guides dans les monuments et musées de Naples et de ses environs, particulièrement à Herculanum et Pompéi, qui étaient l’objet d’une grande fascination, tout comme la Côte amalfitaine et le Vésuve. On peut citer parmi les plus illustres hôtes de la Cour sicilienne : les Archiducs Albert, Charles, Frédéric et Guillaume d’Autriche, frères de la Reine, plusieurs Grands Ducs de Russie, Princes de Prusse, de Wurtemberg, de Mecklenburg, de Bavière, des Pays-Bas, de Belgique, les Infants de Portugal et même des Princes Reuss.

Le tournant des années 1850-1860 fut semés d’épreuves pour les Bourbons. Le Roi Ferdinand II tomba gravement malade et mourut à Caserte le 22 Mai 1859 à l’âge de quarante-neuf ans.

 

On voit le sur la photo le Roi sur son lit de mort, depuis lequel il avait entendu diriger son royaume jusqu’à son dernier soupir.

Le Duc de Calabre, monta alors sur le trône et prit le nom de Roi François II. Thérèse d’Autriche, sa belle-mère, prit alors l’appellation de Reine douairière pour se distinguer de sa belle-fille la nouvelle Reine Marie, une Duchesse en Bavière sœur cadette de l’Impératrice d’Autriche. François II ne put conserver bien longtemps ses Etats puisque les partisans de l’unité italienne, menés par Garibaldi, s’en emparèrent dès 1861.

Réfugiés à Gaète, la Reine douairière, dut fuir avec ses sept plus jeunes enfants sur un navire espagnol, l’Alava. Ils se réfugièrent à Rome, dans les Etats pontificaux, sous la protection de Pie IX, tandis que ses fils premiers nés tentaient vainement de défendre l’indépendance de leur royaume.

Le Comte de Girgenti, qui avait alors quatorze ans, et tous ses frères et sœurs furent très affectés par cette nouvelle épreuve, car ils perdaient encore un de leurs points de repère. Les Bourbons s’installèrent d’abord au Palais du Quirinal puis déménagèrent pour le Palais Farnèse. Des seigneurs napolitains et siciliens fidèles les accompagnèrent et une petite Cour se reforma.

 

Photos suivantes : La Reine douairière des Deux-Siciles avec ses trois plus jeunes enfants : le Comte de Bari (à droite), la Princesse Louise (debout à gauche) et le Comte de Caltagirone (sur ses genoux). Ensuite, les princesses Annonciade, Marie Immaculée et Louise.

 

 Ci-dessous, le comte de Girgenti.

 

La Reine Thérèse (assise) et les cinq princes, ses fils : Gaétan (debout contre la chaise), Alphonse (attablé), Janvier, Louis (debout) et Pascal (assis).

L’avenir de ces Bourbons semblait compromis avec la perte de leur royaume mais c’était sans compter sur le soutien indéfectible du pontife romain et de la Maison de Lorraine. La Reine douairière des Deux-Siciles eut le soulagement de pouvoir marier ses deux filles aînées à des Archiducs en 1861 et 1862. Le Prince Louis, Comte de Trani, eut quant à lui l’honneur de s’allier à la propre sœur de l’Impératrice (et sœur de la Reine des Deux-Siciles).

Le Comte de Girgenti fut nommé Capitaine dans le 1er Régiment d’Infanterie « Empereur François Joseph I. » en 1863 puis intégra le 9ème Régiment d’Uhlans « Comte de Mensdorff ». Avec ses camarades, il participa à la sanglante bataille de Sadowa en 1866, ce qui fut certainement une expérience terrible.

La famille du Prince Gaétan n’en finissait pas avec les malheurs. En 1867, une grave épidémie de choléra se déclara en Italie. Le Comte de Caltagirone, le prince dernier né, adoré de la famille (sur la photo suivante en uniforme des gardes suisses) succomba en quelques jours à cette maladie, dans une villa près d’Albano, où la famille s’était réfugiée pour échapper à la contagion. Sa mère, qui l’avait veillé et soigné jusqu’à la fin, fut atteinte du même mal et en mourut quelques jours plus tard.

Leur tante maternelle l’Archiduchesse Marie (1825-1915) et de son époux l’Archiduc Rainier (1827-1913) furent de grands soutiens dans cette épreuve pour les orphelins siciliens.

Le Comte de Girgenti demeurait souvent dans leur foyer et était devenu particulièrement proche d’eux. La bonté de ce couple, qui n’avait pu hélas avoir d’enfant, faisait l’unanimité dans leur famille. La solidarité entre les Princes de la Maison de Bourbon se manifesta alors dans les mois qui suivirent le décès de la Reine douairière.

Une heureuse nouvelle arriva en effet de Madrid. La Reine et le Roi d’Espagne, qui désiraient marier leur fille aînée l’Infante Isabelle de Bourbon (née en 1851, photo suivante), venaient de jeter leurs yeux pleins de compassion sur la malheureuse famille de leur oncle Ferdinand et élirent dans leurs cœurs leur cousin Gaétan comme leur gendre idéal.

Le Prince, cadet, orphelin, exilé, ne pouvait refuser une alliance et un établissement aussi inespéré. Après des pourparlers, le Roi des Deux-Siciles demanda officiellement la main de l’Infante pour son frère bien aimé, ce qui fut évidemment une formalité.

L’Infante Isabelle avait alors 16 ans. Elle était, semble-t-il, depuis très jeune, consciente au plus haut point de son rang et pénétrée de ses devoirs. L’Infante Eulalie confiera d’ailleurs plus tard dans ses souvenirs au sujet de sa sœur aînée : « Elle [Isabelle] a toujours vécu dans les formes et les traditions de la monarchie, et elle était sincèrement dévouée à les maintenir. »

Le Roi Alphonse XII (1857-1887) aimait résumer ainsi ses quatre sœurs : Pour lui, Isabelle représentait l’honneur, Maria del Pilar la douceur, Maria de la Paz le calme et Eulalie le bonheur.

 

L’Infante Isabelle avait été somptueusement dotée par ses parents. La Reine Isabelle II, dont la générosité était proverbiale, lui offrit la somme de trente-six millions de réaux (près de dix millions de Francs de l’époque) dont huit pour la construction d’un palais à Madrid. La Reine-mère, marraine, lui offrit 3 millions en diamants. Le Roi-consort François Ier lui donna un million deux cent mille réaux. Une dotation de deux cent mille réaux avait été également ajoutée sur la liste civile pour les jeunes mariés.

Le Comte de Girgenti reçut le 5 Mai 1868 de ses beaux-parents la qualité et les honneurs d’Infant d’Espagne, la Toison d’Or, la Grand’Croix de l’Ordre de Charles III ainsi que le grade de colonel du Régiment des Hussards dont il porte l’uniforme sur la photo suivante.

 

Le jour du mariage fut choisi en l’honneur de l’anniversaire du Roi-consort, le 13 Mai. Voici le compte rendu rédigé par Louis Ricard dans l’écho de la France : « La Cour d’Espagne présentait hier, 12 Mai [1868, veille du mariage religieux], un beau spectacle (…) Dans la Camara se trouvaient réunis les Grands d’Espagne, les dames et les gentilshommes de la reine, les grands dignitaires de la Cour, les ministres de la couronne, les principales autorités civiles et militaires, ainsi que tous les personnages officiels, ainsi que tous les personnages qui avaient été convoqués pour assister à cette cérémonie et la signature du contrat de mariage. A quatre heures, ont paru Leurs Majestés, Sa Majesté la Reine mère, les fiancés, S.A.R. Le Prince des Asturies, L.L.A.A. Le Duc et la Duchesse de Montpensier [L’infante Louise de Bourbon, sœur de la Reine et son époux l’Infant Antoine d’Orléans], venus exprès de Séville, S.A. l’Infant don Sébastien [oncle et beau-frère du Roi et de la Reine], et les Infantes sœurs du Roi [probablement Louise, Joséphine et Christine]. Alors a commencé la lecture de l’acte, qui a été faite par le marquis de Moncali, ministre de la Justice, en qualité de notaire de la Couronne, agissant au nom de L.L. M.M. catholiques ; tandis que le Roi des Deux-Siciles, comme frère aîné et chef de famille du fiancé, était représenté par l’Infant Sébastien. (…) On lisait sur le visage de la Reine Isabelle et de son auguste époux, le plaisir qu’ils éprouvaient en voyant leur fille bien aimée, s’unir à un prince que leur rendent cher, non seulement les brillantes qualités dont il est doué, mais aussi ses liens de parenté avec leur propre famille. C’est en effet par un sentiment naturel et délicat que ces souverains ont choisi un époux pour leur fille dans la Maison de Bourbon de Naples, dans cette famille si éprouvée et qui supporte si noblement l’infortune. La reine-mère est surtout heureuse de cet évènement, gage de l’affection que portent au roi de Naples, ses parents d’Espagne. »

 

Le mariage ne reposait pas sur l’amour mais sur la raison d’Etat. Le choix de Gaétan était le signe du maintien de l’orientation sicilienne et bourbonienne de la politique étrangère des souverains espagnols, en vigueur depuis la Restauration. Le gouvernement avait été obligé de reconnaître l’unité italienne mais les souverains souhaitaient montrer qu’ils étaient partisans d’une monarchie indépendante dans le sud.

Ils entendaient afficher la solidarité entre les Bourbons, mais aussi leur dédain vis-à-vis de la Maison de Savoie, en éconduisant Victor Emmanuel II, Roi de l’Italie unifiée, qui avait demandé la main de l’Infante pour son fils le Prince de Piémont (futur roi Humbert Ier).

De plus, dans le cas où le Prince des Asturies mourrait, la couronne d’Espagne demeurerait en possession des Bourbons. La même stratégie fut adoptée à la génération précédente avec le mariage d’Isabelle et de François puis à la génération suivante avec le mariage de la Princesse des Asturies, sœur aînée du Roi Alphonse XIII, avec un autre Prince des Deux-Siciles (le futur Infant Charles).

Le destin du Comte de Girgenti ressemblait à celui de son oncle le Comte de L’Aquila, qui avait épousé l’héritière de l’Empereur Pierre II du Brésil, la Princesse impériale Janvière.

 

Le Chef de la Maison de Bourbon, Henri V de France de Navarre, Comte de Chambord, avait également trouvé dans la malheureuse fratrie la perle rare qu’il recherchait pour le Duc de Parme, son neveu dont il était le tuteur, en la personne de la Princesse Marie. On peut aisément imaginer que cette union entre son petit-fils et sa nièce devait enchanter la Duchesse de Berry. Ce mariage eut lieu un mois avant celui de Gaétan et d’Isabelle.

Le nouvel Infant d’Espagne apprit donc à mieux connaître ses cousins-beaux parents, et leur famille un peu spéciale mais attachante.

Il fut sans nul doute impressionné par la personnalité unique de sa belle-mère, une femme passionnée, sincère et loyale, qui ressentait une grande dévotion envers ses ancêtres et ses peuples. Elle avait la royauté dans le sang et était douée d’une autorité innée. Extrêmement généreuse envers ceux qu’elle aimait, elle n’en était pas moins naïve par certains aspects, ne connaissant, par exemple, pas la valeur de l’argent, ce qui la mit souvent dans l’embarras.

Le beau-père de Gaétan, quant à lui, était un homme solitaire, taciturne et cultivé, qui aurait préféré vivre loin des intrigues qu’ourdissaient les politiciens et des courtisans.

S’ils devinrent bons amis lorsqu’ils vivaient en France, la Reine pleura même beaucoup le Roi lorsqu’il mourut en 1902, leurs années de vie commune en Espagne furent orageuses. Isabelle et François devaient leur malheur à l’ingérence dans les affaires espagnoles du monarque de Juillet Louis Philippe et de l’Angleterre au cours des années 1840. C’était un mariage forcé, et il semble que la fidélité exigée par leur état, fut un devoir inhumain pour chacun des époux.

Après les noces, l’Infant Gaétan et l’Infante Isabelle partirent en voyage dans les Etats pontificaux. Ils furent accueillis à la gare de Rome par les Princes des Deux-Siciles au grand complet. Le Roi François II donna une grande réception en leur honneur au Palais Farnèse le 24 mai 1868.

M. de Sartiges qui représentait la France écrivit dans une dépêche : « L’infante, pas belle mais gracieuse, affable et assez vive, était habillée en robe montante, le comte de Girgenti, revêtu de l’uniforme espagnol des hussards de Pavie, dont il a été nommé colonel effectif. L’infante a parlé avec bonne grâce et un grand naturel … En me parlant, elle m’a dit qu’elle se faisait une véritable fête d’aller à Paris et d’être présentée à l’empereur et l’impératrice. Le prince n’avait peut-être pas la même aisance que sa jeune femme, surtout en s’exprimant en français, mais j’ai vu à son animation, lorsqu’il parlait au ministre de Prusse ou au chargé d’affaires autrichien qu’il était plus à son aise en parlant allemand … ».

L’Infante Isabelle et l’Infant Gaétan se rendirent ensuite en Autriche où ils furent les hôtes de l’Archiduc et de l’Archiduchesse Rainier. L’Infant put ainsi présenter à sa jeune épouse les membres de sa famille maternelle lors des nombreux bals auxquels ils participèrent.

L’insouciance de Gaétan et d’Isabelle ne dura hélas pas puisque leur famille fut chassée du pouvoir en Espagne quelques mois après leur mariage.

La famille royale trouva naturellement refuge en France, hôte de l’Empereur Napoléon III. La Comtesse de Tolède (la Reine) s’installa avec ses enfants au Palais de Castille à Paris, Avenue Kléber, où elle maintint le cérémonial de la Cour, tandis que le Duc de Cadix (le Roi-consort) emménagea dans un hôtel particulier à Paris, Rue Lesueur puis au château d’Epinay-sur-Seine. Le Prince des Asturies et les plus jeunes Infantes devinrent les amis du Prince impérial lorsque les Empereurs leur rendaient visite.

La Duchesse de Ségovie (titre qu’avait pris l’Infante Isabelle) et son époux firent quant à eux l’acquisition d’une villa construite vers 1850 à Rueil-Malmaison, sur la route reliant Paris à Saint-Germain–en-Laye (aujourd’hui encore appelée « villa de la Duchesse de Ségovie », siège d’IFP, au numéro 228 de l’Avenue Paul-Doumer)

Elle sera transmise à son petit-neveu et filleul le futur Chef de la Maison de Bourbon et Duc d’Anjou, l’Infant Jacques pour lequel avait été recréé le titre de Duc de Ségovie. La villa devint sa résidence durant les années 1950.

L’Infant Gaétan décida cependant de repartir combattre en comme nous le raconte E. de Kératry dans un article de la Revue moderne en 1868 : « Au nombre des officiers supérieurs qui rejoignirent alors l’armée d’Andalousie, se trouvait le Comte de Girgenti, gendre de la Reine. Aussitôt qu’il avait appris le soulèvement de Cadix, le Comte de Girgenti avait quitté Paris et sa jeune femme, pour venir partager les dangers de sa nouvelle famille : lors de son mariage avec l’Infante, il avait été nommé colonel, et il réclama, comme un honneur, le droit d’aller se mettre à la tête de son régiment ; arrivé à Madrid, il se mit à la disposition du Maréchal Concha, et il lui demanda, comme faveur, d’être placé dans les premiers rangs de l’armée d’Andalousie. Le 23, après la revue, il partit avec son régiment, et lorsque les deux armées en vinrent aux mains, il se comporta en prince soucieux de soutenir l’honneur de sa race. Bien que le prince de Girgenti n’ait fait qu’accomplir son devoir de soldat, il est cependant d’autant plus juste de rendre justice à sa conduite, qu’il est le seul homme de la famille royale qui ait fait acte de dignité virile ».

De retour en France, Gaétan et Isabelle furent reçus avec tous les honneurs dus à leur rang à la Cour de Napoléon III et d’Eugénie aux Tuileries et à Fontainebleau. La Reine Isabelle II qui passait aussi l’Eté à Biarritz, retrouva l’Empereur et l’Impératrice dont elle était très proche, leur témoigna sa reconnaissance pour l’accueil qu’ils avaient réservé à sa fille et à son gendre.

En 1870, après la victoire de la Prusse, pour échapper au tumulte de la Commune de Paris, Isabelle et Gaétan partirent se réfugier à Genève en Suisse.

L’Infant Gaétan avait perdu petit à petit tous ses points de repères, son père, leur royaume, son petit frère, sa mère, le royaume de sa belle-famille, et enfin leur pays d’origine. Malgré le réconfort qu’essayer de lui prodiguer sa jeune épouse, fatigué par les crises d’épilepsie, désespéré, Il fit une première tentative de suicide, en se jetant par la fenêtre de son hôtel, mais celle-ci échoua grâce à l’intervention d’un serviteur. Mais la seconde, au pistolet, le 26 Novembre 1871, à l’hôtel du Cygne de Lucerne, lui fut fatale, laissant Isabelle veuve à l’âge de vingt ans.

Au moment de la Seconde Restauration des Bourbons en Espagne en 1874, son frère Alphonse XII monta sur le trône. Isabelle rentra en Espagne et redevint la Princesse des Asturies en tant qu’héritière de la Couronne, puis à nouveau Infante au moment de la naissance de sa nièce en 1880

Elle avait de nombreux admirateurs dans la noblesse et parmi les hommes politiques conservateurs comme le Président du Gouvernement Canovas. Le peuple adulait l’Infante Isabelle car il se reconnaissait dans sa piété et dans son amour des traditions.

La Princesse Isabelle usa de son influence auprès de son frère et ses réseaux familiaux et amicaux en Autriche pour le remarier à l’Archiduchesse Christine d’Autriche (Christa), cousine germaine de son défunt époux. Elle voulait ainsi empêcher un nouveau mariage favorable aux intérêts des Orléans que ses parents et elle désapprouvaient à cause des intrigues Duc de Montpensier pour obtenir la couronne, le soutien financier qu’il apporta à la Révolution de 1868 et le meurtre en duel de l’Infant Henri, Duc de Séville, le propre frère du Roi-consort, en 1870.

En 1931, Lorsque son neveu Alphonse XIII fut chassé du pouvoir, elle reprit une dernière fois le chemin de la France. Cette grande dame mourut à Paris quelques jours après son arrivée, soixante ans après la mort de l’Infant Gaétan. (Un grand merci à Jul pour ses recherches – Copyright photos : DR)