Michiko Shoda est née le 20 octobre 1934 à l’hôpital de l’université de Tokyo. Elle est la fille aînée de Hidesaburo Shoda (qui possède une minoterie) et de Fumiko Soejima. Michiko a grandi au sein d’une famille aisée et très cultivée. Elle suit des cours à l’école élémentaire de Futaba mais quitte la capitale japonaise lors de la Deuxième Guerre Mondiale. La fillette est alors scolarisée à Kanagawa, Gunma et Nagano où la famille Shoda possède une résidence secondaire.

En 1946, elle intègre le Sacré Coeur de Minato. Elle suit par après de brillantes études à la faculté de Lettres de l’université privée pour filles du Sacré Coeur de Tokyo et décroche un Bachelor of arts. Elle étudie ensuite à Harvard et à Oxford, ce qui lui permet de parler couramment l’anglais.

En août 1957, Michiko Shoda rencontre le prince héritier Akihito du Japon sur un cours de tennis de la station touristique de Karuizawa près de Nagano. Le prince perd d’ailleurs le match face à Michiko. L’Agence impériale avait choisi avec soin des jeunes filles dans les établissements les plus renommés en vue de les faire rencontrer le prince héritier. C’est ainsi que Michiko appartenant à al bonne bourgeoisie nippone fut aussi conviée.

Quelques jours plus tard, le prince héritier invite des amis dans sa villa de Karuizawa et s’assure de la présence de Michiko. C’est le prince Akihito qui a personnellement choisi Michiko comme future épouse, étant bien décidé à ne pas subir un mariage arrangé. Toutefois n’étant pas issue de l’ancienne aristocratie, peu de membres de l’Agence impériale approuve ce choix. Le Grand intendant de l’Agence impériale va cependant défendre le choix du prince héritier devant l’assemblée et arrivera à les convaincre. Mais Michiko refuse, craignant probablement le poids du protocole et déclare « J‘ai eu l’honneur d’être en compagnie de Son Altesse envers lequel j’ai manifesté tout mon respect mais je suis loin de mériter d’être son épouse« . Il faudra un long appel téléphonique du prince Akihito pour que Michiko accepte de l’épouser.

Michiko Shoda est alors présentée à l’empereur et l’impératrice du Japon puis en compagnie de son fiancé, est participe à une conférence de presse diffusée à la télévision. Très rapidement, Michiko bénéfice d’une grande popularité parmi la population japonaise mais les bassesses au sein-même de la Cour impériale ne font que débuter, notamment à l’instigation de sa future-belle mère l’impératrice.

Le mariage est célébré le 10 avril 1959 en présence d’un demi million d’habitants de Tokyo dans les rues en liesse. Le carrosse nuptial est tiré par 6 chevaux blancs, ce qui exaspère l’impératrice qui n’eut droit qu’à 4 chevaux…

Michiko Shoda est la première roturière à entrer dans la famille impériale. Comme le veut la tradition, elle reçoit un emblème personnel qui est le bouleau blanc du Japon. Le couple héritier s’installe alors au Palais du Togu où il vivra d’ailleurs jusqu’à son accession au trône en 1989.

Le 23 février 1960,  la princesse Michiko donne naissance à son premier enfant l’actuel prince héritier Naruhito. A nouveau, le couple héritier sous l’impulsion de la princesse bouscule les traditions.  Ainsi, la princesse décide d’allaiter personnellement le bébé et de l’élever elle-même, écartant de ce fait la tradition des nourrices et précepteurs privés. Mais malgré ce bonheur familial, la santé de la princesse se détériore. Ses dames d’honneur sont des proches de l’impératrice et cette dernière supporte très mal la présence de Michiko, considérée comme une « parvenue » et dont la grâce et la prestance éclipsent les autres dames de la Cour y compris les soeurs du prince Akihito.

En 1963, sur ordre médical, Michiko prend un repos de 8 mois dans une villa loin de Tokyo. Les efforts du prince héritier pour se débarrasser de la présence des dames de la Cour restent malheureusement vains. Pour la soutenir publiquement, Akihito n’hésite alors pas à avoir recours à des gestes simples mais très significatifs pour le peuple japonais : en public, il donne la main à son épouse, ce geste anodin est en fait un acte fort et totalement inhabituel pour un couple de la famille impériale.

Le 30 novembre 1965, la princesse Michiko donne naissance à son deuxième fils le prince Akishino. La princesse Nori (Sayako) complète la famille le 18 avril 1969.

En 1971, l’empereur Hirohito et l’impératrice Nagako (appelés tous deux depuis leur mort l’empereur Showa et l’impératrice Kojun) partent en voyage officiel en Grande-Bretagne. Sur le tarmak au moment des salutations officielles de départ, l’impératrice ignore complètement sa belle-fille la princesse Michiko. Au Japon, ceci est considéré comme une des plus graves insultes que l’on puisse subir.

Malgré le harcèlement de l’Agence impériale, les vexations à répétitions de l’impératrice et de son entourage, Michiko tente de garder le contrôle, puisant toute sa force et son courage dans l’heureuse vie familiale qu’elle mène auprès de son époux et de leurs 3 enfants. La princesse s’engage aux côtés de son époux afin de soutenir les personnes handicapées et assiste aux compétions des jeux paralympiques. Le couple décide aussi de visiter toutes les préfectures du pays afin de rapprocher la famille impériale du peuple et réparer les erreurs de la Deuxième Guerre Mondiale.

En 1975, en visite à Okinawa, lieu d’une terrible bataille de la Deuxième Guerre Mondiale, Michiko effectue une visite dans la plus grance discrétion. Elle va rendre visite à des lépreux. Ce sera le début d’un long combat qu’elle mènera pour la réhabilitation de ces personnes.

En 1986, elle co-publie avec le prince héritier un recueil de waka « ‘Tomoshibi ».

En 1989, l’empereur Hirohito décède. Akihito et Michkio deviennent empereur et impératrice du Japon au cours de cérémonies en présence de nombreuses personnalités et de membres du Gotha. Les activités officielles de Michiko prennent encore de l’ampleur : plus de 350 par an.

Devenue impératrice, Michiko du Japon poursuit plus activement que jamais son investissement à la cause des lépreux. En 1991, elle visite Tama-Zenshoen un centre médical pour lépreux et 10 autres centres répartis dans le pays.

L’impératrice a vendu certains de ses poèmes en vue de récolter des fonds pour ses oeuvres de charités. L’un de ses plus célèbres poèmes est « La montée » . Elle publie la même année un livre pour enfants illustré par Wako Takea « Hajimete no Yamanbori » (« ma première ascension »).

Le couple qu’elle forme avec l’empereur Akihito est resté très uni et soudé au fil des ans. En 1992, lors d’une compétition sportive à Yamagat, un fumigène est lancé en direction de l’empereur, Michiko tend alors sa main droite pour le protéger. Un geste qui a beaucoup ému au Japon.

En 1993, l’empereur et l’impératrice se rendent en Europe et visitent l’Italie. L’impératrice reçoit une ovation lorsqu’elle interprète à l’improviste « L’Ave Maria » à la demande de l’ensemble Mabelini.

Le 20 octobre 1993, le jour de son anniversaire, Michiko s’effondre dans les jardins du palais impérial et perd la voix en raison d’un choc psychologique. La pression de l’Agence impériale et de nouvelles rumeurs malveillantes ayant eu raison de sa santé.

Le 12 février 1994, l’impératrice est à Iwo-Jima où des écoliers remettent des tortues à l’eau. Elle parle à nouveau.

Depuis le début de leur règne, Michiko et son époux ont visité toutes les préfectures du Japon (47) et effectué 18 voyages officiels à l’étranger. Lors du décès de sa belle-mère en 2000, elle est devenue présidente d’honneur de la Croix-Rouge japonaise.

Côté loisirs, l’impératrice est une grande mélomane et joue du piano. La famille impériale constitue même de temps en temps un petit orchestre : l’empereur au violoncelle, l’impératrice au piano, le prince héritier Naruhito au violon.

En 1995, la ville de Kobe est frappée par un violent séisme qui fait environ 6.400 morts et des milliers de blessés et sans-abris. Akihito et Michiko se rendent dans les différentes zones du sinistre par bus ou hélicoptères de l’armée. Ils visitent les différents centres d’accueil, n’hésitant pas à se mettre par terre ou à genou pour parler aux blessés et les réconforter. L’impératrice organisera plusieurs concerts de bienfaisance pour récolter des fonds.

En 1997, l’impératrice publie un nouveau recueil de Tanka intitulé « Sé-Oto ». Lors des jeux de Nagano, Michiko se joint plusieurs fois à la foule pour faire la « vague ». Elle déclare ensuite qu’elle avait été étonnée de voir la « vague », celle-ci s’est d’ailleurs arrêtée à côté de la tribune impériale. Voyant que des enfants se trouvaient dans la tribune suivante et étaient dans l’attente, l’impératrice poursuivit le mouvement, faisant fi du protocole.

En 2001, grande victoire pour Michiko puisque la loi de prévention des lépreux est abolie. l’impératrice qualifiera ce moment de « preuve de la réhabilitation de l’humanité ».

Ces dernières années, l’impératrice Michiko a multiplié les gestes spontanés en public que ce soit à l’égard de l’empereur que de ses hôtes. On se souvient de sa grande familiarité avec la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton ou encore de ses éclats de rire en compagnie de l’actrice Meryll Streep. Lors d’une visite au Canada, elle n’hésite pas non plus à chanter une berceuse traditionnelle japonaise dans un hôpital pour enfants handicapés.

Aujourd’hui, Michiko cultive aussi l’art d’être grand-mère de 4 petits-enfants : Mako, Kako, Aiko et Hisahito du Japon.(Un énorme merci à Landry pour toutes ses recherches pour la rédaction du texte et à Patricio pour les images)