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Les bijoux d’acier au XVIIIe et au XIXe siècle sont rares, peu connus du grand public mais ils sont très prisés des collectionneurs. Cette mode qui date de la moitié du XVIIIe siècle, nous vient d’Angleterre. Nation passée maitre dans l’art de travailler ce métal, au XVIe siècle une ville comme Birmingham avait des forges uniques au monde.

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A la totale maîtrise de l’acier, vint s’ajouter ce petit grain d’originalité si propre à nos amis d’Outre-Manche. Des siècles avant la mini-jupe de Mary Quant, les forgerons anglais se firent orfèvres et l’engouement fut tout aussi démesuré.

Le raz de marée des bijoux d’acier va balayer la France, reléguant pour un bon bout de temps les somptueuses parures d’or et d’argent au fond des coffres.

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A Paris en 1776, un certain Dauffe fait figure de pionnier. En 1787 il fera publier dans le Journal de Paris ses dernières créations. Il est de bon ton de se parer de broche, colliers, bagues, boutons pour habits, boucles en acier poli, délicatement ornés de facettes ou de perles d’une brillance si éclatante qu’on les croirait sertis de marcassites.

Chose étonnante, en 1789 nos bijoux se politisent les opinions s’affichent notamment sur les boucles de ceinture et de chaussures. « Vive le Roy » se voit remplacé par « Vive la Nation », « au Tiers État ». Sous la terreur une loi est promulguée interdisant d’arborer le moindre objet pouvant laisser deviner le rang social de son propriétaire. L’acier tant prisé est remplacé par du cuivre uni.Exit les facettes, les perles et autres fantaisies.

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Après la première République, tel le phénix cette mode va renaitre de ses cendres. Superbe, se parant d’émail aux trois couleurs et portant devise. Cette avancée technique et esthétique est due en grande partie au Maitre Frichot. D’autres suivront comme Madame Schey, Cordier ou Boquet. Leurs boutiquesses trouvaient dans des lieux prestigieux comme le Palais Royal.

La frénésie est si grande au début du XIXe, que l’on peut lire dans le Journal des Dames et des Modes du 20 Messidor An XII (référence absolue en matière d’élégance) l’article suivant: « En costume d’étiquette l’acier reprend la plus grande faveur et c’est d’avoir que mise recherchée que de porter une épée, une chaine de montre et une agrafe de chapeau en acier taillé en pointe de diamant. »

Les Incroyables et les Merveilleuse rutilent de mille feux. La passementerie et les petites bourses joliment accrochées à la taille, sont faites de perles métalliques. Les gens les plus modestes auront leur petit écrin d’acier. Certes de moindre qualité, la ciselure sera plus grossière, qu’importe tous et toutes seront au diapason de cette incontournable folie.

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Cela va aller si loin, que les grandes Expositions comme celle du Louvre en 1819 « dans un rapport d’admission du jury » remarque et félicite le Sieur Frichot qui présente une marqueterie faite au découpoir, un grand tableau de broderies en acier poli et bien d’autres objets. Madame Schey mais aussi des orfèvres venus de Province comme Henry Stammler le Strasbourgeois y proposeront leurs plus belles créations. Cependant le maitre incontesté de cette curieuse joaillerie est Provent qui inonda de ses créations toutes les Cours d’Europe.

Etrange et fantasque vogue, disparue comme elle est venue, caprice d’un temps un peu fou. Ces bijoux sont d’une grande fragilité.Leur conservation a toujours été précaire car contrairement à l’or ou à l’argent, ils ont un redoutable ennemi l’humidité : ils rouillent. (merci à Qiou pour cet article – Bibliographie :HR d’Allemagne – un grand merci à MR Fonquernie Perpignan – Copyright photos : Digital Image Resources – Museum of Fine Arts, Boston – 465 Huntington Avenue – Boston, MA 02115- mfaimages@mfa.org)