Cet imposant diadème d’émeraudes et diamants en forme de couronne à décor de d’entrelacs et de nœuds de diamants d’Afrique du Sud montés sur or est orné en son centre d’un exceptionnel cabochon d’émeraude de Colombie pesant 23 carats. Ce diadème, dont les parties étaient démontables, faisait partie d’une parure comportant un collier et une broche devant de corsage ornée de 5 cabochons d’émeraude.

Il était un des diadèmes favoris de l’impératrice Alexandra Feodorovna qui le porta notamment pour le grand portrait en pied que réalisa le peintre Bodarewsky en 1908. L’ensemble avait été commandé  en 1900 par l’impératrice aux joaillers Bolin et Fabergé qui s’étaient exceptionnellement associés pour sa réalisation.

Cette autre tiare de diamants d’inspiration naturaliste datant du début XIXe et mélangeant feuillages et épis de blés en diamants montés sur or était ornée en son centre d’un important saphir blanc. Elle fut ajoutée dans les collections du Cabinet impérial après la mort de l’impératrice Maria Féodorovna, née Sophie-Dorothée de Wurtemberg, épouse de l’empereur Paul 1er. Il n’existe hélas aucune photo ou portrait figurant une impératrice de Russie portant ce bijou.

C’est du début du XIXe que date une autre tiare kokochnik également créée pour l’impératrice Elisabeth Alexievna, épouse de l’empereur Alexandre 1er , par le joailler de la Cour d’origine helvétique, Jérémie Pauzié.

Faite de diamants du Brésil pour un poids total de 275 carats, montée sur or et argent, elle apparait ici portée par l’impératrice Alexandra Feodorovna au début du XXe siècle sur un cliché pris dans ses appartements privés du palais Alexandre.

Depuis Nicolas 1er, toutes les impératrices de Russie avaient également l’habitude de porter un diadème kokochnik fait d’aiguillettes pavées de diamants et appelé « tiare russe » ainsi qu’on la voit sur cette photo de l’impératrice Alexandra prise peu de temps après son mariage avec Nicolas II en 1894. Une tiare russe de ce type était offerte à chacune des grandes duchesses à l’occasion de leur mariage. Elle venait attester de leur appartenance à la maison impériale.

D’autres diadèmes plus légers reprenaient simplement la forme d’un kokochnik ajouré tel celui-ci ajouré dans lequel se trouvait placé un simple rang de perles poires dans un réseau d’arcades en brillants. Ce diadème avait été commandé au joailler de la Cour Carl Edvrard Bolin en 1841 par l’impératrice Alexandra Feodorovna, née Charlotte de Prusse, épouse de l’empereur Nicolas 1er. Très apprécié de l’impératrice douairière Maria Feodorovna, veuve de l’empereur Alexandre III et mère de Nicolas II, celle-ci le conservait dans son écrin personnel de sa résidence du palais Anitchkov. Il n’existe hélas aucun portrait de l’impératrice le portant.

Enfin un autre diadème fait de perles poires dans des entrelacs de diamants et sans doute contemporain du précédent figurait dans le Cabinet des Diamants du palais d’Hiver. Là encore, on ne connait pas de portrait d’impératrice le portant.

Après la révolution d’Octobre 1917, ces fabuleuses collections de joyaux des Romanoff  furent transportées du Cabinet des Diamants du palais d’Hiver jusqu’au palais des Armures à Moscou où elles allèrent rejoindre sous bonne garde les regalia du couronnement.

En septembre 1922, le gouvernement de Lénine demanda qu’un inventaire photographique précis et complet des anciennes collections impériales de diamants et pierre précieuses soit dressé par une commission d’experts ayant à sa tête le professeur Fersman, un éminent minéralogiste russe, en vue d’une vente éventuelle.

Une photo de l’ensemble de ces collections où s’étalaient pêle-même, couronnes, colliers, tiares, diadèmes, broches, bracelets, pendants d’oreille et autres bijoux ou pierres précieuses sur une immense table fut alors prise par les bolchéviques tandis qu’une évaluation de toutes ces pièces exceptionnelles était demandée au petit-fils du joailler Fabergé. Ce dernier, compte-tenu de la quantité et de la rareté des pièces, arriva alors à la somme astronomique de 60 millions de dollars !

En 1925, un catalogue intitulé « Le Trésor de diamants et de pierres précieuses de Russie » fut publié sous l’égide du professeur Fersman. Il recensait les 406 joyaux de la collection qu’avaient constituée les Romanoff entre 1613 et 1917.

L’année suivante, afin de financer la très coûteuse Nouvelle Economie Politique (NEP) voulue par Lénine, le gouvernement bolchévique décida l’organisation d’une grande vente des joyaux accumulés depuis trois siècles par les Romanoff. Après avoir envisagé dans un premier temps de vendre l’intégralité des collections, il se ravisa et décida finalement que seraient conservées toutes les pièces ayant un caractère historique qui furent dès lors regroupées au sein d’un Fonds diamantaire et que ne seraient vendues que les pièces considérées comme de moindre importance.

127 lots de joyaux furent alors choisis par une commission ad hoc pour être vendus aux enchères. Parmi eux pourtant, figuraient nombre de bracelets, de broches ou de pendants d’oreille en diamants  et pierres précieuses provenant de Catherine II. Par méconnaissance de leur valeur artistique autant que par sectarisme à l’égard du régime qu’ils venaient d’abattre, la plupart des tiares, diadèmes et bijoux provenant des dernières impératrices furent alors irrémédiablement détruits après avoir été dépecés de toutes leurs pierres.

La vente, qui eut lieu chez Christie’s à Londres le 16 mars 1927, vit affluer la foule des grands jours. Grands aristocrates britanniques, magnats de l’industrie américaine, collectionneurs, bijoutiers et joaillers venus de toute l’Europe se disputèrent  âprement les trésors de la cour de Russie. Des onze tiares et diadèmes des impératrices de Russie, seule la tiare nuptiale, en raison de son caractère historique significatif, échappa à la dispersion ou à la destruction.

Conservée dans le Fonds diamantaire qui jouxte le palais des Armures du Kremlin, cette tiare exceptionnelle, ornée du diamant rose de 13 carats de Paul 1er, demeure aujourd’hui l’ultime et prestigieux vestige des tiares et diadèmes que portèrent les  impératrices de Russie. (Merci à Néoclassique pour cette deuxième partie d’article sur les tiares et diadèmes des impératrices de Russie)