On doit à l’épouse de Louis XIII l’édification d’un des plus beaux exemples d’architecture religieuse du XVIIème, mêlant classicisme français et influence baroque, que l’on puisse voir à Paris : l’église et l’abbaye du Val de Grâce, dans le Vème arrondissement.

La très pieuse Anne d’Autriche a, depuis son mariage en 1615 avec le jeune roi de France Louis XIII, pris l’habitude de visiter les communautés religieuses proches de la capitale. A Bièvres, village situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, elle se rend au couvent du Bénédictines du Val de la Crèche, qui se trouve alors en grande difficulté financière. Impressionnée par la personnalité de la prieure, Marguerite de Vény d’Arbouze, la reine lui propose d’installer une abbaye sur un terrain dont la Couronne dispose dans le Faubourg St Jacques alors situé hors des murs de la capitale.

La première pierre de la nouvelle abbaye est posée en 1624. Mais les travaux en sont rapidement freinés, car Anne d’Autriche, qui a fait une fausse-couche, est tombée en disgrâce, subissant à la fois l’éloignement et la froideur de son époux et la surveillance étroite, pour des raisons politiques, de Richelieu. Sous la pression du Cardinal, Louis XIII en vient même à interdire à la reine de se réfugier au Val de Grâce, qui demeure alors modeste et inachevé.

Trois évènements vont finir par débloquer la situation : d’abord, la grossesse, quasiment inespérée de la reine, qui accouche du futur Louis XIV en septembre 1638. Ensuite, la mort de Richelieu en décembre 1642, suivie, en mai 1643, par celle du roi.

Devenue régente, Anne d’Autriche peut alors réaliser son vœu de faire bâtir, pour remercier Dieu de lui avoir donné un fils, un ensemble conventuel monumental, abbaye, église et palais, travaux qui nécessitent l’acquisition de terrains environnants.

C’est à François Mansart qu’elle fait appel pour l’édification de l’église, une église que la reine régente souhaite dédier à la Nativité, comme en témoigne l’inscription du fronton : Jesu nascenti virginique matri (A Jésus naissant et à la Vierge mère)

Au bout d’un an, Mansart est remercié, sans doute en raison du coût élevé des travaux. Cependant, ses plans en forme de croix latine sont conservés et, en grande partie, suivis par l’équipe qui lui succède (Jacques Lemercier, puis Pierre Le Muet et Gabriel Leduc). L’église telle que nous la connaissons aujourd’hui est achevée en 1667.

Elle est précédée d’une avant-cour où trône la statue du baron Larrey, érigée en 1850 par David d’Angers. Mais ce qui, de l’extérieur, frappe d’emblée, c’est le dôme qui abrite une coupole, décorée par le peintre Mignard et un baldaquin inspiré par celui de St Pierre de Rome.

L’intérieur est également remarquable, entre autres par son maître autel, son pavage et son orgue, construit au milieu du XIXème par le célèbre facteur Cavaillé Col.

En 1793, l’abbaye est réaffectée en hôpital militaire, lequel est dans les années 70 déplacé dans une nouvelle construction bâtie sur l’ancien potager des bénédictines. Les anciens bâtiments conventuels abritent le musée et la bibliothèque du service central des armées (Merci à Pierre-Yves pour ce reportage)