Voici le témoignage de Philippe Gain d’Enquin sur la cérémonie du 21 janvier 1993 qui commémorait le bicentenaire de la mort du roi Louis XVI. « 21 Janvier 1993, à l’occasion de la Commémoration Officielle du Bicentenaire de la mort de Louis XVI, je fus l’un des délégués provinciaux du comité créé, délégué pour ma région et mon arrondissement.

Une tâche exaltante s’inscrivant dans la logique de mes choix philosophiques et universitaires – j’étais alors engagé dans mes travaux de thèse de IIIe cycle en Histoire des Mentalités Politiques et Religieuses à l’Université de Lille III, à Villeneuve d’Asq. Bref, toujours est-il qu’au-delà de l’ « officiel » de la mission il me reste en mémoire quelques scènes amusantes, des rencontres curieuses et quelques amitiés.

Au delà des querelles – bien vaines – de « chapelles » royalistes, une atmosphère particulières – curieux mélange de dolorisme pour certains, de fidélité pour la plupart à des idéaux hors du temps et par là même remarquables, de gaîté , mais oui de gaîté : le défunt roi, « Le Roi Martyr« , le Dernier de France et Premier des Français était honoré mettant un terme à un discrédit qui ne se justifiait plus, l’Histoire et le temps ayant positivement fait leur oeuvre.

Tous les âges se mélangeaient attestant qu’une transmission s’était faite. Bref, non loin de là à la même heure (10h10) et le même jour sur ladite place de La Concorde ex… ci-devant… etc., à quelques mètres à peine de l’emplacement présumé de la guillotine, une agréable odeur de soupe aux nez les plus fins révéla que l’on cuisait dans la meilleure et manifestement toujours vivace tradition « ultra républicaine », « la Tête à Gros Cochon ». Ceci prenant une saveur particulière quand la plupart la gorge serrée, pour beaucoup la larme à l’oeil, raidis dans le silence d’un respect anachronique, étaient figés et que ceux les plus éloignés n’en sentirent strictement rien. Cela m’amusa car je n’étais pas si loin de la marmite, qu’il ne faisait pas chaud et que mon petit-dej’ était déjà bien loin.

Les exclus de la cérémonie car il y en eut : les « Naundorffistes« , princes de la « Tradition », « descendants du Roi Martyr » souvent évoqués ici pour être les loosers de la prison du Temple. Impossible pour eux de faire passer leur gerbe, quant à accéder au « périmètre » officiel, mieux valait pour eux n’y point penser. Je laisserai à votre sagacité de trouver qui se chargea de l’opération…

Je fréquentais ce petit cercle et aime « à rendre service », voire pour rester dans la note « à obliger ». Les cérémonies s’enchainèrent qui me firent retrouver « mes princes » et côtoyer les autres et toujours avec la même satisfaction de l’ historien qui met ses travaux et choix en adéquation de l’événement.

Une petite déception, j’ai en vain attendu l’ « odeur de sainteté » – pour mémoire ou info il s’agit d’une exhalaison de rose (s) accompagnant tout martyr pour la foi, dit-on. Rien, en revanche mon émotion fut grande quand à l’occasion d’une messe dans ma province, j’eus à lire le testament du feu roi à une assistance autant larmoyante que convaincue et recueillie.

Ma consoeur déléguée et moi avons eu au cours des mois qui ont suivi – le bicentenaire de l’éxecution de Marie-Antoinette ne tardant à se profiler, le projet qui hélas avorta assez vite, d’une exposition consacrée au couple royal le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale était partant, les coûts d’assurance et autres « menus détails administratifs » raccourcirent – en toute bonne logique » notre propos, personne ne vit la très fine et encore fraîche paire de souliers », l’ouvrage relié aux armes qui sous un nom banal et gentillet s’attachait au divorce. Bref exit…

Aux registres des cérémonies résolument religieuses et mémorielles, je fus à  Saint Germain l’Auxerrois paroisse de nos rois résidant à Paris, avec « mes » princes…

A Saint Denis -le trajet en métro pour y aller offrit aux usagers qui n’avaient rien à faire de ces commémorations quelques gros plans rapprochés, scènes de « comédie », « de pantomime » er de dramatique théâtrale et/ou cinématographiques : des braves gens – au nombre desquels j’étais – vêtus de noir la mine défaite etc. veillant à ne pas se tromper de station, l’office présidé par SAR Mgr le Prince Louis de Bourbon commencerait à l’heure puisque la politesse est l’apanage des rois et des princes, et tant pis pour les retardataires…

L’Office, il n’y a pas à dire, fut grandiose, les ors, les bannières, le clergé tridentin, la jeunesse etc. accompagnaient le collier de l’ordre du Saint-Esprit que le Haut Seigneur et Noble Prince au sourire ravageur avait veillé à voir figurer au « choeur » même de la basilique.

Au sortir de l’office, quand au latin de la messe succéda pour plus de pratique et de logistique l’usuel langue du peuple de France, sous une pluie battante – les anges pleuraient sans pouvoir ou vouloir se retenir  – l’on vit s’affairer les jeunes gens et jeunes religieux, soutane mouillée à trouver des parapluies, les ouvrir et courir au devant des membres de l’Illustre maison de Bourbon. Ainsi j’ai pu, comme beaucoup d’autres sans doute, vivre l’angoisse de l’un d’entre eux cherchant désespérément « le Prince Axel« , muni d’un parapluie aussi grand que soin désarroi… Une noria de voiture smit la société hors des précipitations; C’en était fini de cet hommage. Il y eut ensuite, pour la reine, une messe beaucoup plus « intime », du seul fait de l’exiguité des lieux, à La Conciergerie, mon souvenir me laisse à penser que nous devions être une trentaine d’invités entourant, ce me semble des princes de Bourbon de Parme. Et puis, et puis, le temps a passé et Noblesse et Royautés s’est crée et développé, ce pourquoi sur le ton d’un badinage narquois je voulais, en complément ces photos vous faire partager ces heures qui m’émerveillèrent, m’amusèrent, et en définitive : me passionnèrent » (Merci à Philippe Gain d’Enquin)