La Guerre de 19142

Voici la suite de l’article de Philippe Gain d’Enquin consacrée au duc de Guise et l’armée. « L’une des constantes de l’Histoire des monarchies et des peuples, hors le cours normal d’une vie de travail, de famille, de sociabilité et d’alliances, c’est naturellement, et quoi que l’on en pense : la guerre ! Celle que l’on suscite, subit, contient, perd ou gagne. L’un des soutiens du trône après l’Eglise demeure dans la plupart des cas : l’Armée.

Dés lors se pose la question du statut des « membres des familles ayant régné sur la France » et contraints à l’exil. Cette question cruciale domine les XIXe et XXe siècles. Le XXe, qui verra au bénéfice de son fils, la levée de cette iniquité concerne naturellement le duc de Guise. Jean ne peut prétendre à participer à la Guerre (américaine) de Sécession à laquelle le comte de Paris a lui-même participé quelques années plus tôt. Les Etats-Unis ont tourné cette page. Il ne lui est pas possible de réitérer le coup de bluff de son cousin et futur beau-frère, Philippe (duc d’Orléans) qui avec panache et, comme l’on disait alors, « crânerie » revendique d’être soumis aux mêmes obligations militaires que tous les conscrits de sa classe d’âge.

Ce qui devait le conduire, symbole fort, à la Conciergerie, puis à Clairvaux. Incarcération douce, diront les détracteurs et opposants à la cause royale. L’honnêteté commande de reconnaitre que leur appréciation n’est pas dénuée de pertinence ; nous en reparlerons dans une autre intervention… Quoi qu’il en soit, la leçon est retenue : Jean fait ses armes au Danemark. L’épisode est indirectement relaté dans l’échange entre le vainqueur d’Abdelkader, son oncle Aumale, et lui. Passons de fait au conflit fossoyeur de bien des monarchies : la Guerre de 1914-1918. Là encore la logique propagandiste de notre document met en exergue les offres de services du prince. La suite est connue : le refus est catégorique, le motif tout autant… Il est hors de question d’offrir un martyr à la cause royale contre laquelle la République quelques années plus tôt s’est fondée. L’action du duc de Guise, de ce fait, s’inscrit dans la seule hagiographie et la geste royaliste mais aussi dans la banalité de discours. Cependant, le revers d’une carte postale (reproduite ici) éditée par le Comité Royaliste de la Seine, mentionne en une métaphore religieuse, voire « christique » que : « Mgr le duc de Guise se fit volontairement serviteur » Serviteur ? Oui, de Poilus…

La Guerre de 19141

L’autre action du prince en cette période troublée, bien moins médiatisée, confine elle, à la diplomatie parallèle de la République Française encore unique (si l’on compte pour peu la République de Saint Marin et la Confédération Helvétique) dans ce qui est, pour quelques mois encore : l’Europe des empereurs, rois, princes, grands-ducs etc. Une mission est officieusement confiée au duc de Guise, en 1915, qui est de s’assurer de la fidélité de la Bulgarie à ses engagements auprès des Alliés, lors même qu’elle se rapproche de l’Allemagne et de l’Autriche. Jean et Ferdinand de Bulgarie sont cousins. Raymond Poincaré la relatera dans ses mémoires. Fin de la carrière militaire du futur prétendant (et roi de droit). Il n’en demeure pas moins qu’une Croix de Guerre lui est décernée. A titre indicatif, durant le conflit, le château du Nouvion est pillé par les troupes allemandes… (A suivre)