Le premier château médiéval d’Azay fut construit aux alentours de 1119 par l’un des premiers seigneurs du lieu, Ridel (ou Rideau) d’Azay, chevalier de Philippe-Auguste, qui édifia une forteresse défensive censée protéger la route entre Tours et Chinon. Mais il fut brûlé par Charles VII en 1418 lorsque le roi de séjour à Azay sur la route de Chinon est provoqué par les troupes bourguignonnes qui occupent la place forte. Le capitaine et 350 soldats sont exécutés. Le village gardera d’ailleurs jusqu’au XVIIIème siècle le nom d’Azay-le-Brûlé. Le domaine est acquis à la fin du XVème siècle par Martin Berthelot, maître de la chambre aux deniers du roi qui le cède à son fils Gilles.

Le château actuel fut bâti par son fils Gilles Berthelot, maire de Tours et trésorier du roi François I entre 1518 et 1523. En juin 1523, le roi confisque le château inachevé et l’offre à l’un de ses compagnons d’armes, Antoine Raffin, capitaine des gardes qui l’a accompagné à Pavie.La petite-fille d’Antoine Raffin, Antoinette, ancienne dame d’honneur de Marguerite de Valois, s’y installe en 1583 et entreprend d’actualiser les décors de l’édifice avec l’aide de son époux, Guy de Saint-Gelais. Leurs descendants en seront propriétaires jusqu’à la Révolution. 

En 1791, le château est vendu pour 300 000 livres par Henry de Courtemanche au marquis Charles de Biencourt (1747-1824), page des Ecuries de la reine en 1761, maréchal des camps et armées royales, député de la noblesse des Etats généraux de 1789, puis de la Constituante dont les descendants le conserveront un siècle. En 1898, des revers de fortune l’empêchant d’assurer l’entretien du domaine, Charles-Marie Christian (1826-1914), propriétaire depuis 1862, est contraint de vendre le château, son mobilier et 540 hectares de terres. Le domaine est acquis par l’homme d’affaires Achille Arteau, ancien avocat de Tours, qui veut démembrer l’ensemble avec profit.

Le mobilier, les oeuvres et objets d’art sont alors dispersés en plusieurs ventes où certaines pièces de la collection de portraits purent être achetés par la famille, ce qui permit à la vicomtesse de Montaigne de Poncins, arrière-petite-fille du marquis d’offrir en 1939 au musée Condé de Chantilly, 52 portraits dessinés par les Clouet, Corneille de Lyon, Holbein, Memling, Pourbus, Cranach, Rubens, Stella,…don qui devint effectif le 8 septembre 1946. Le château resta vide jusqu’à son rachat par l’Etat en 1905 pour 250 000 francs, grâce à un legs de l’industriel Léon Dru et fut aussitôt classé Monument Historique. Depuis 1907, il fait l’objet de profondes restaurations.

En partie construit sur l’Indre, le château est bâti d’après des calculs précis et semble posé en équilibre sur un miroir liquide. Il se compose d’un grand corps de logis et d’une aile en équerre.

La partie la plus remarquable du logis est l’escalier d’honneur avec, sur la cour, ses trois étages de baies jumelées, formant loggias et son fronton richement ouvragé. Il est composé de plusieurs ornements à la mode italienne : colonnes, pilastres, coquilles, médaillons,… il desert salles d’apparat et appartements privés.

L’intérieur est notamment constitué de plusieurs salons et appartements d’apparat dont la plupart ont été redécorés dans le style néo-Renaissance au XIXème siècle. La grande salle du premier étage est ornée de tapisseries des XVIeme et XVIIeme siècles. Sa cheminée porte la salamandre de François Ier et une frise de feuillages.

La « chambre bleue » au deuxième étage, fut occupée par le roi Louis XIII. Elle est notamment meublée d’un cabinet en poirier noirci orné de scènes gravées sur ivoire, représentant la guerre de Trente Ans.

La chambre du maître de maison est meublée et tapissée à la mode du XVIème siècle.

Un remarquable ensemble de tapisseries des XVIème et XVIIème siècles est conservé au château : des verdures d’Anvers et de Tournai, compositions tissées à audenarde ou Bruxelles et reproduisant des scènes de l’Ancien Testament et de l’histoire de psyché et de renaud et Armide. (Un grand merci à Francky pour ses recherches et cet article)