21 Camille de Malaret en 1857

 

 

1859 est l’année du changement pour les petites filles. Après un long été passé aux Nouettes, ennuyées par leur gouvernante qu’elles n’aiment pas, mais choyées par leur grand-mère qui les aime tant, elles doivent entrer au couvent. (ici les deux filles immortalisées en 1857)

22 Madeleine de Malaret

Il y a quelques maisons où les petites filles de l’aristocratie se doivent d’aller et parmi elles le Sacré-Coeur ou les Oiseaux. Les Oiseux étaient à l’angle de la rue de Sèvres et du boulevard des Invalides. La pension y était de 1800 francs par an.

23 Le Couvent des Oiseaux

Le Couvent des Oiseaux

Aux vacances, elles rejoignent leurs parents soit dans les différentes capitales où ils sont en poste, mais bien plus volontiers à Malaret ou aux Nouettes. Elles y retrouvent à nouveau leurs cousins et leurs cousines. Ils sont vingt en tout et toutes les chambres des Nouettes sont occupées.

24 Les Nouettes par Naudet

Les Nouettes par Naudet – Le lieu des vacances éternelles

La mort d’Eugène de Ségur en 1863 n’affecte pas vraiment la famille. Eugène avait choisi de vivre loin de sa femme et de ses enfants. Il mourut toutefois chez son fils Edgar de Ségur-Lamoignon, au château de Méry.

Camille et Madeleine sont toutes deux de belles jeunes filles mais Camille attire plus que Madeleine.

25 Camille et Madeleine, jeunes femmes

Camille et Madeleine, jeunes femmes

Ce ne sont plus les petites filles modèles, ce sont des jeunes filles à marier. A la mort de leur grand-père Ségur, Camille a 15 ans et Madeleine presque 14.

Camille de Malaret voit souvent un jeune homme dit “de bonne famille”,  Léon Ladureau, marquis de Belot. Elle le présente même à sa famille et il les séduit tous, à commencer par la comtesse de Ségur, comme il a séduit Camille. Léon était né à Paris en 1841 et avait donc sept ans de plus que Camille.

Le mariage est célébré à Paris le 14 mai 1868. Ce fut une belle fête, comme le Second Empire savait en donner. La comtesse de Ségur ne pouvait pas ne pas assister au mariage de la préférée de ses petits-enfants.

 

26 Annuaire noblesse 2

27 Acte de mariage Ladureau-Malaret

Acte de mariage de Léon Ladureau de Belot et de Camille de Malaret

Le lendemain, le couple partit en voyage de noces à Arcachon, ville récemment mise à la mode par le couple impérial. Il est surprenant de voir ce mariage a été si aisément accepté dans la famille de Camille de Malaret, à commencer par sa grand-mère.

Qui est Paul Léon Ladureau de Belot  ? Tout d’abord, il n’est marquis que de fraîche date. Son père s’appelle Hyppolite Ladureau et est déclaré propriétaire, ce qui en soi ne veut pas dire grand-chose dans le monde de la comtesse de Ségur. Sa mère est née Elisabeth Pauline de Fussey, fille de Jean-Baptiste de Fussey, Veneur émérite, et d’Antoinette Roux de Bellerue. Elle est de famille noble. En effet, les Fussey de Serigny avaient été admis aux honneurs de la cour en 1787. Sa grand-mère est Jeanne François de Belot de Chevigney épouse de Charles François, comte puis marquis de Fussey de Serigny.

Par décret Impérial du 2 février 1865, Paul Léon Ladureau est autorisé  à ajouter à son nom celui de son arrière grand-mère Jeanne Françoise de Belot de Chevigny (1768-1826), dame de Chevigney (Doubs), épouse de Charles François, comte puis marquis de Fussey (1734-1791).

Le titre porté par le marié est plus que contestable car il n’y a sur le plan généalogique aucun droit, les titres ne se transmettant en France que dans la ligne agnatique, même s’il peut ajouter le nom de Belot de façon légale. Le titre ne figure d’ailleurs pas sur l’acte de mariage, à la différence de celui du père de la mariée et des témoins, marquis de Fussey, marquis d’Ayguesvives, comte de Ségur.

La comtesse de Ségur qui, dans certains de ses ouvrages, ne cesse de fustiger les parvenus qui ajoutent des particule et des noms ronflants et ridicules comme “de Tourneboule” ou “de Castelot” à d’insupportables parvenus, semble n’y avoir vu que du feu ou bien n’a pas voulu voir, cédant au caprice amoureux de Camille.

A sa majorité, Léon Ladureau avait hérité de la fortune de son père, qui avait été fournisseur aux armées, soit selon les rumeurs, six millions de francs-or, en liquidités, titres et immeubles à Paris boulevard Montmartre.

Voilà ce qu’écrit une des cousines germaines de Camille : « Le nom et le titre étaient authentiques, la fortune très enviable (40.000 F de rentes) mais le personnage bien peu sympathique. Mal de sa personne, éducation tout à fait relative, air faux, regard fuyant, élégance d’aventurier, tout aurait dû ouvrir les yeux de mon oncle, mais ma tante Nathalie, sa femme, insatiable d’argent, peu scrupuleuse, avide de toutes les facilités de la vie, ne comprenant du reste que la grande vie, s’emballa à fond sur la fortune de M. de Belot, et arriva à convaincre mon oncle que leur fille ne retrouverait jamais semblable occasion… Son existence scandaleuse, et son immoralité notoire était connue du « tout Paris qui s’amuse », au point que dans ce milieu-là apprit avec stupeur qu’il épousait la fille du baron de Malaret, ambassadeur de France à Florence. On sut plus tard que c’était le résultat d’un pari entre camarades de débauche, M. de Belot ayant soutenu qu’il se faisait fort, malgré sa détestable réputation, d’épouser une des plus jolies jeunes filles et des mieux nées de la société parisienne. Et sachant qu’elle était la nièce de Monseigneur de Ségur, prélat naïf et mondain, il intrigua si bien auprès de lui par l’intermédiaire d’un prêtre, que ce pauvre Gaston de Ségur, qui par ailleurs était un saint homme, fût persuadé qu’on ne trouverait pas mieux pour sa nièce. Il avait suffi que M. de Belot fût présenté sous ses auspices pour être accepté d’emblée.« 

Le manque de naissance n’était rien au regard de l’absence de moralité de Paul Léon Ladureau “marquis de Belot”. Il est possible qu’au moment du mariage la majeure partie de la fortune Ladureau ait fondu.

Dès les premiers mois du mariage, Camille étant enceinte, il découche plusieurs nuits de suite et quand il rentre à la maison, il est ivre et il la bat. La petite fille modèle est une femme trompée et battue mais qui tente dans un sursaut de fierté de faire face à ce qui arrive. Elle se tait et dissimule la situation à ses parents et surtout à sa grand-mère. Son fils Paul nait le 3 mars 1869.

Aux Nouettes ou à Kermadio, la vie continue entre gestion de plus en plus difficile du domaine et écriture des petits chefs d’oeuvre de la littérature française. Les droits d’auteur sont désormais bien utiles à la comtesse de Ségur pour fair face à ses dépenses personnelles, qui en sont pas bien grandes, mais pour aider sa famille et gâter ses petits-enfants. A l’inverse de ce qui se passe de nos jours, il n’y avait pas de droits liés au nombre d’ouvrages vendus. Chaque livre était vendu une bonne fois pour toutes, en général mille ou deux mille francs par ouvrage (Flaubert avait vendu Madame Bovary pour huit cents francs et Dickens touché onze mille francs pour la publication de onze de ses ouvrages)  et tous les bénéfices allaient à l’éditeur, la Maison Hachette, qui à l’occasion du succès de son auteur, créa la Bibliothèque Rose, qui fut désormais vendue dans les gares. La comtesse de Ségur a vendu plus de 29 millions de livres à ce jour.

28 Grand-Maman Ségur

 

Grand-Maman Ségur vers la fin de sa vie

Camille cherche à fuir la compagnie de son mari et quand elle vient aux Nouettes ou à Kermadio, c’est seule avec son fils. Lui-même ne tient pas à la vie de campagne menée chez la grand-mère, à qui rien n’échappe. Nathalie de Malaret et Sophie de Ségur se rendent bien compte que Camille n’est pas heureuse mais que peuvent-elles faire pour l’aider ?

La guerre de 1870 met fin à l’empire et toute la société qui en dépendait se disloque. Paul de Malaret doit quitter la diplomatie. Il n’a d’ailleurs aucune envie de servir el nouveau régime. Ses revenus diminuent considérablement et le château qu’il faisait construire à Malaret pour abriter sa famille ne sera jamais achevé faute d’argent.

 

29 Château de Malaret

Le château de Malaret – grande coquille vide

Mais sur le pire n’est pas là pour la famille. Juste avant le déclenchement de la guerre, en juin 1870, soit deux ans à peine après le mariage de Camille, la comtesse de Ségur écrit à Madeleine : “Toi, tu es heureuse et gaie, toi, heureuse fille qui n’a pas traîné la lourde chaîne d’un fatal mariage. Ma pauvre Camille n’est plus ce qu’elle était : gaie, heureuse comme toi, un sort plus malheureux que la plupart des femmes a été son partage : peut-être que le bon Dieu lui a-t-il donné ce triste lot pour lui éviter les fautes de l’enivrement du monde : jeune, jolie, bien née, riche, charmante, spirituelle, excellente, elle eût peut-être été trop adulée partout et par tous…ce qui ne m’empêche pas que je m’afflige constamment de sa position et que je me désole de ne pouvoir y porter remède.”  ( Sources : L’indomptable Camille de Malaret par Marie-Chantal Guilmin – Queyssac Editions 2015)

Sophie sait de quoi elle parle. Son mariage a été un échec, sa fille Nathalie et son gendre Paul se sont perdus dans la vie mondaine. On ne peut pas dire qu’ils n’aient pas été de bons parents, ils ont tout simplement été absents quand il leur fallait être là.

Et Madeleine ? Madeleine, la sage, la pieuse continue d’être sage et pieuse. Son amour pour sa soeur ne se dément pas. Elle est près d’elle à Paris, même si le plus souvent elle vit à Malaret où ses parents se sont retirés.

La guerre est finie, la famille reprend ses habitudes mais les Nouettes sont délaissées au profit de Kermadio, chez les Fresneau, où Camille se réfugie le temps des vacances…Mais tout n’est plus en l’air au château de Fleurville, comme le décrit si bien la comtesse au début du dernier ouvrage de la trilogie. On n’attend plus les cousins dans l’impatience des parties de pêche et de pique-nique organisées par des mamans bienveillantes et une armée de domestiques toujours présents pour servir leur maîtres avec amour et bonne humeur. Le château de Fleurville est un bateau qui tangue et on s’y donne encore l’illusion du bonheur. Mais chacun sait que ce n’est plus qu’une illusion.

Camille subit tous les outrages d’une femme trompée. Le comte Eugène de Ségur, lui, était discret dans ses aventures et respectait se femme. Le “marquis de Belot” impose ses maitresses. Lors de leur voyage de noces à Arcachon n’a-t-il pas loué la villa voisine afin d’y abriter sa maitresse du moment ? Il tente d’entrainer sa femme dans la débauche. C’en est trop pour elle et lors d’une visite de son père, elle lui demander de l’emmener avec lui à Malaret.

Le “marquis de Belot” tente de reprendre sa femme et devant le refus de Paul de Malaret de permettre à Camille de partir avec lui, il exige cent mille francs, pour prix de la séparation. Le divorce n’existant pas, Camille est liée à Paul pour la vie.

A l’automne 1871, la comtesse de Ségur débarque à Malaret pour y passer l’hiver. Elle y retrouve ses ”amourets”, Camille et Madeleine, leurs deux frères Louis et Gaston, mais aussi son arrière-petit-fils, Paul de Belot, le seul qu’elle connaîtra et auquel elle dédie son ouvrage “Après la pluie, le beau temps”. Il y a en effet, un peu de beau temps dans la vie de Camille entourée de l’affection des siens.

Mais une terrible nouvelle tombe. Les Nouettes sont vendues en mai 1872. C’est un crève-coeur pour toute la famille. On ne connaît pas bien les raisons de cette vente. Il ne semble pas que ce soit par manque d’argent pour son entretien – même si elle prétend dans une lettre à sa petite-fille Elisabeth Fresneau que le domaine rapporte quatre mille francs et en coute neuf –   mais plutôt une dissension entre la comtesse et son fils Anatole de Ségur sur la gestion du domaine. Mais quelle qu’en aient été les raisons, le domaine des petites filles modèles n’existe plus. Le château de Fleurville n’existe plus. Les Nouettes appartiennent désormais à un de ces “horribles parvenus”. Il les défigurera en donnant à la charmante demeure de campagne un air prétentieux, en ajoutant un étage et des toits extravagants.

30 Les Nouettes

Le château des Nouettes après qu’il eût été vendu et modifié

Elles deviendront ensuite un préventorium puis un institut médico-éducatif, ce qu’elles sont encore aujourd’hui. Les enfants restent malgré tout le coeur de la demeure comme du temps de la comtesse, mais il n’y a plus de cuisiniers, plus de bonnes, plus de jardiniers, il n’y a plus que des employés payés par l’Etat. Il n’y a plus de parterres, de jardins d’enfants ni de fermes mais tout un complexe de bâtiments utiles certes, mais sans grande poésie.

Il reste encore en Normandie, le château de Livet qui appartient à Olga et à son mari, proche des Nouettes. La comtesse de Ségur y séjournera parfois.

Mais le pire est encore à venir pour les Malaret. Camille décide de reprendre la vie commune avec Léon Ladureau de Belot. Le prétexte qu’elle donne à sa famille est qu’elle ne peut priver un enfant de l’affection de son père. Mais de quel père s’agit-il ? Un être qui n’a pas une seule fois mis en balance sa famille et sa vie de débauche. La décision de Camille n’est pas comprise par sa famille et par sa grand-mère encore moins que par ses parents. Peut-être est-elle amoureuse de son mari ? Peut-être n’accepte-t-elle pas l’échec de sa vie de femme ?

Mais la famille, grand-mère en tête, comprend et pardonne. Camille peut revenir à Malaret avec son fils, mais sans son mari. Elle les retrouve tous et oublie le temps des vacances la vie affreuse qu’elle mène à Paris. Elle ne se plaint pas mais il est probable qu’elle manque d’argent car sa dot a été dépensée par son mari et celui-ci n’a pas peur des dettes.

La France apprend avec indifférence la mort de Napoléon III, qui n’est qu’une tristesse de plus pour ceux qui ont vécu la gloire et la vie facile du Second Empire. Elle apprend avec satisfaction la nomination du Maréchal de Mac Mahon, et comme l’ensemble de la noblesse, les Malaret s’en réjouissent. Après tout, il est si peu républicain et n’est-il pas des leurs ?

La tentative de restauration monarchique a échoué le 20 novembre 1873. Mais ce n’est pas ce qui afflige les enfants et les petits-enfants de la comtesse de Ségur. Tout au long de l’automne et au début de l’hiver, elle est malade. Elle ne quitte plus son appartement de la rue Casimir-Perrier, à l’ombre de Sainte-Clotilde. En 1869, elle avait eu une attaque dont elle s’était remise mais en cette fin d’année 1873, tous comprennent que la fin est proche. Nathalie est venue à Paris pour la soigner. L’agonie de sa mère est longue, terrible. Gaston, le fils aîné, Monseigneur de Ségur, est là. Il lui administre les sacrements.

Le 9 février 1874, Sophie Rostopchine, comtesse Eugène de Ségur, s’éteint. Camille et Madeleine l’ont veillée. Elle a pu porter son dernier regard sur ses petites filles modèles, ses “Amourets”.

 

31 Dernier domicile de la comtesse de Ségur à Paris, 27 rue Casimir Perier

 

27 rue Casimir Perier – Dernier domicile de la comtesse de Ségur

La famille est dévastée par le chagrin. Mais Camille n’a pas pu être auprès de sa grand-mère autant qu’elle l’aurait voulu car elle-même n’est pas bien vaillante. La maladie rode dans la famille. Jacques de Pitray, l’autre petit-enfant favori de la comtesse de Ségur, meurt à 19 ans, de consomption.

Le 9 juin 1881, Monseigneur de Ségur, le fils aîné et préféré de Sophie, s’éteint. Sur son faire-part de décès, on peut lire les noms de toute la parenté immédiate des petites filles modèles.

 

32 Faire part de décès de Gaston de Ségur

Faire-part de décès de Monseigneur de Ségur

Camille tousse de plus en plus, elle s’affaiblit et aucun séjour au soleil de Malaret, pas plus que la présence aimante de Madeleine, ne peut la guérir. Les accès de fièvre sont de plus en plus fréquents, elle ne peut plus se lever ni s’alimenter. Elle n’a que 34 ans et meurt de la tuberculose. Avant sa mort, Camille a pu prendre connaissance de l’infamie de son mari, condamné à la prison pour vol.

Voici ce que rapporte le journal “Le Temps” dans ses éditions : Le 29 mars 1881 : Arrêté pour vol à la tire “l’enquête immédiatement ouverte démontra pourtant que l’on tenait le marquis Paul-Léon Ladureau de Belot, chevalier d’Isabelle la Catholique, commandeur du Saint-Sépulchre, de Saint-Grégoire et plusieurs autres saints. Un noeud vivement détaché de la boutonnière du marquis au moment de son arrestation…c’était le ruban de la Légion d’Honneur auquel Mr de Belot n’avait aucune espèce de droit. Comment ce gentilhomme était-il tombé assez bas pour se faire du même coup portent de fausses décorations et voleur à la tire ? Mr de Belot avait épousé en 1868 la fille d’un ambassadeur de Napoléon III. Il avait 28 ans et Mademoiselle de Malaret 19. Toutes les conditions de la félicité terrestre semblaient réunies autour d’eux : amour, honneur, santé, richesse, avenir souriant. En 1872, il ne restait plus rien de ces splendeurs. Mr de Belot avait décoré ses économies, ses immeubles du Boulevard Montmarte, et il était pourvu d’un conseil judiciaire à la demande de la marquise qui le voyait sur le pointt de compromettre le peu qu’elle possédait encore. Bientôt une séparation de corps intervenait. Un enfant né du mariage était confié à la mère. Le père s’en allait à travers le monde on ne sait où. En 1877 on le retrouve à Nice vivant avec une ancienne actrice et s’adonnant aux liqueurs fortes. On le perd de vue encore. Il prétend avoir vécu aux Etats-Unis…D’après la prévention, la pelisse du marquis était spécialement machinée pour le vol. Les poches étaient percées de faon à permettre au mains en apparence immobiles d’attirer sous le vêtement les objets convoités…Hier la 8ème chambre du tribunal…a condamné Paul Léon Ladureau de Belot à six mois d’emprisonnement pour vol et port illégal de décorations.”

Le 22 janvier 1882 : “ Nous avons revu Ladureau de Belot devant la 8ème chambre. Quelle figure ravagée que ce descendant de preux qui à 45 ans en parait plus de 60 et a épuisé déjà tous les plaisirs et toutes les souffrances de la vie. Le marquis a occupé dans le monde parisien une situation enviée. Il a été à la tête d’une fortune qui se chiffrait non par centaines de mille francs mais par millions. Il fût un des hôtes de Compiègne. On l’avait décoré chevalier du Saint-Sépulcre. Ayant décoré une partie de ce patrimoine…Ladureau ignorait le travail ; il n’entrevit qu’une ressource, le vol…Paul Léon Ladureau est condamné à un mois de prison. Mardi prochain, il sera jugé de nouveau pour l’affaire des pantoufles et des couverts.”

Rien ne pouvait arriver de pire dans une famille que ces condamnations. Mais hélas, les Malaret eurent encore malheur plus grand.

 

 

33 224 Boulevard Saint-Germain

 

224 Boulevard Saint-Germain (7ème), dernier domicile de Camille de Malaret

Le 8 février 1883, Camille, leur chère Camille, rendait l’âme, entourée des siens. Elle fut enterrée dans le cimetière de Saint-Sernin des Rais, l’église de Malaret.

 

34 Acte de décès de Camille de Malaret

Acte de décès de Camille de Malaret

Son fils Paul la suivit de quelques années, mourant de tuberculose en 1887. Paul de Malaret mourut en 1886, Nathalie en 1910. Léon Ladureau de Belot se remaria le 17 mai 1890 avec Marie Deniau, couturière. Les témoins au mariage furent un charron, un marchand de vin, un menuisier et un horloger.

Madeleine ne se maria pas et entra comme novice chez les Filles de Saint-François de Sales. Elle vécut une vie retirée à Toulouse, s’occupant du domaine de Malaret. Elle mourut le 26 septembre 1930, après une vie d’humilité. Elle repose à côté de sa soeur.

Les Petites Filles Modèles ont continué et continuent à vivre dans le coeur de beaucoup d’enfants car qui ne s’est pas laissé prendre au charme de la vie au château de Fleurville.

 

 

35 Tombes des petites filles modèles

 

Tombe des Petites Filles Modèles à Saint-Sernin de Rais ( Haute-Garonne)

 

Merci à Patrick Germain pour cet article – http://blogpatrickgermain.blogspot.be/