A l’occasion du week-end du Patrimoine, le samedi 19 septembre prochain entre 16 h 30 et 18 h 30, quatre pianistes lauréats de la Fondation Banque Populaire donneront quatre concerts sur quatre pianos classés du XIXe et du début du XXe siècle, sauvés en 1925 lors de l’incendie du château de Randan, en quatre lieux du Domaine de Randan, ancien Domaine de Madame Adelaïde, soeur bien-aimée du Roi Louis-Philippe.
Les passionnés de musique pourront écouter jouer Paolo Rigutto sur un rare piano de la maison « Roller et Blanchet » en placage de bois de rose livré à Madame Adélaïde en 1845. Ce précieux piano droit, décoré de plaques en porcelaine dans le goût de Sèvres à décor polychrome d’amours et de personnages, doté de riches décorations de bronzes ciselés et dorés, est un des premiers pianos droits adapté au goût et au style de l’époque. (Merci à Charles – Copyright photo Domaine Royal de Randan)
laure2
11 septembre 2015 @ 06:30
Une monstruosité dans le gout de l’époque .
Caroline
11 septembre 2015 @ 11:53
Je n’aime pas du tout les pieds de ce piano d’époque!
Denis
11 septembre 2015 @ 14:13
C’est , au contraire , une parfaite réalisation du style composite des années 1830-1880. Nobles matériaux , équilibre des formes , on, est loin , heureusement des formes glaciales du style ligne Roset et canapés Cinna , voire des camelotes Ikea qu’on voudrait nous faire adopter, puisque » contemporains »..Maintenant , on est libre de ne pas aimer , mais trouver ça » monstrueux » est bien excessif !
laure2
11 septembre 2015 @ 21:19
Si si je vous assure que l’on peut trouver cela monstrueux sans pour autant adherer au style Roset et cie . Tout ce qui est ancien n’est pas beau loin de là . Mais c’est bien personnel je vous l’accorde ;
Charles
11 septembre 2015 @ 22:27
Non ce piano n’est pas une monstruosité mais au contraire un piano de belle facture fabriqué au milieu du XIX ème siècle, il correspond a un style hybride surchargé très en vogue à la fin du règne de Louis-Philippe.
Cosmo
11 septembre 2015 @ 09:40
Cela ne vaut pas le piano grec de la Villa Kerylos…Les ébénistes du XIX° ne manquaient pas d’imagination, à défaut de goût.
Danielle
11 septembre 2015 @ 11:47
Quel travail d’artiste pour ce piano ! merci Charles.
Francine du Canada
11 septembre 2015 @ 13:44
Merci Charles; ce piano est très décoré… un peu trop peut-être mais j’aimerais tout de même en entendre le son. FdC
Claude-Patricia
11 septembre 2015 @ 14:33
Bonjour à tous,
Merci Charles
Le château de Randan fait parti évidemment des souvenirs de Madame.
Aussi voici la suite de ses Mémoires.
J’ai toujours aimé Lourdes et toutes nos expéditions là-bas m’ont ravie. Le voyage en train, d’abord, dans lequel nous disposions de plusieurs compartiments où l’on accrochait des hamacs pour les plus petits. Mon frère Dom Pedro et moi-même nous dormions dans les filets à bagages, qui, à cette époque étaient vraiment du filet en corde et très spacieux. L’arrivée à Lourdes, ensuite, où par la fenêtre du compartiment, on nous faisait regarder de l’autre côté du gave les bougies qui scintillaient dans la grotte.
A l’hôtel nous avions l’impression d’être chez nous. Nous jouions avec les enfants du propriétaire dans le grand jardin et le soir, avec la petite fille du patron, qui nous paraissait fort gâtée et prétentieuse. Elle nous préparait pourtant des dînettes de poupées avec quantité de petites vaisselles remplies de petits gâteaux que nous dévorions bien avant qu’elle n’ait fait semblant de les donner à ses poupées.
Charles
12 septembre 2015 @ 12:11
Merci Claude-Patricia
C’est très aimable de votre part de recopier certains passages des mémoires de Madame pour nous.
Bien à vous
Charles
marie.françois
12 septembre 2015 @ 19:37
Mais Lourdes n’a rien à voir avec Randan.
Charles
13 septembre 2015 @ 11:02
Lourdes n’a rien à voir avec Randan mais Lourdes était un lieu de pèlerinage très aimé de la défunte princesse, qui n’hésitait pas à faire des kilomètres pour se recueillir et pour prier.
Organiser des pèlerinages pour les siens en France, en Espagne, au Portugal ou en Yougoslasvie était un réel bonheur pour cette princesse exceptionnelle qui avait besoin d’être entouré en toute circonstance. Transmettre sa foi à ses petits-enfants a été pour la princesse une priorité.
Je suis aujourd’hui ému lorsque les « 39 » se retrouvent pour des pèlerinages en souvenir d’une grand-mère tant aimée.
Francine du Canada
12 septembre 2015 @ 19:38
Oui, grand merci Claude-Patricia; tout de même incroyable la comtesse de Paris? J’ai toujours eu l’impression que tout le monde l’aimait et j’ai toujours été impressionnée par son élégance et son authenticité. Je commence à comprendre pourquoi « … qui nous paraissait fort gâtée et prétentieuse… pourtant… »; elle ne jugeait pas mais elle observait et je suis convaincue qu’elle pouvait dire les choses avec beaucoup de diplomatie et c’est pour moi une très grande qualité. FdC
Claude-Patricia
13 septembre 2015 @ 14:20
Bonjour à tous,
Pour Charles, Francine, et les autres lecteurs, oui, Madame est un personnage solaire qui doit beaucoup manquer à sa famille et que je fais revivre avec grand plaisir!! Elle fait parti de ces personnes qui effectivement savaient aimer et l’était en retour. Et puis, elle avait cette aura « royale » qui de plus nous a fait tous rêver dans les magazines.
Gustave de Montréal
11 septembre 2015 @ 15:17
J’aimerais bien jouer sur ce vieux piano qui doit sonner le bastringue depuis le temps
Gérard
11 septembre 2015 @ 18:46
En matière de goût cette époque était assez éclectique notamment avec le style cathédrale. Mais avec ces pianos nous sommes à une période postérieure au règne de Louis-Philippe.
flabemont8
11 septembre 2015 @ 21:51
Un style imposant !
marianne
12 septembre 2015 @ 08:25
Je n’ en voudrais pas chez-moi .
marie.françois
12 septembre 2015 @ 19:38
On s’en fout.
bianca
12 septembre 2015 @ 14:20
Un style démodé certes mais j’aimerais entendre son timbre !
Francine du Canada
13 septembre 2015 @ 17:02
Vous savez Bianca, j’ai entendu mon fils jouer sur de multiples instruments (dont plusieurs étaient très anciens)… des clavecins et même un celesta et c’était vraiment étonnant… la sonorité de cet instrument! Bon dimanche, FdC
Claude-Patricia
13 septembre 2015 @ 15:41
Mémoires de Madame.
A Lourdes, Papa et Maman nous ont appris à prier, soit à la basilique, soit devant la grotte. J’aimais entendre derrière moi le bruit du gave qui roulait ses cailloux pendant que nous récitions notre chapelet en famille.
Nous rendions également visite aux demoiselles Rousse qui avaient été des compagnes de Bernadette. Depuis plusieurs générations, elles faisaient partie inévitablement de notre programme. Elles nous parlaient de nos grands-parents et arrière grands-parents, mais surtout de Bernadette et j’étais persuadée qu’elles étaient elles-mêmes des saintes.
Leurs propos, qui passionnaient nos parents, ne nous intéressaient guère, car nous étions fascinés par un petit coq et une poule de Cayenne qui se promenaient sur une grande table recouverte de peluche et qui obéissaient à tous les ordres des demoiselles Rousse.
Nous faisions là-bas de longs séjours, et c’est en hiver que je m’y plaisais le plus, à cause des odeurs de la ville de montagne, avec ses fumées de feu de bois et la fraîcheur de la neige. Nous allions parfois avec Papa voir le grand marché aux bestiaux dans la vieille ville. Il parlait élevage avec ces braves Béarnais dont certains portaient encore le costume du pays. Les femmes étaient toutes coiffées de leur capulet.
Petite, je ne pleurais jamais. Mes frères, soeurs et moi-même étions très durs au mal. J’étais tout le temps couverte de plaies et de bosses et lorsque je saignais trop j’avais découvert qu’en mettant du sel sur mes coupures, cela séchait le sang. Je me mettait dans des colères terribles, ça oui, mais pleurer pour pleurer, ça, non, jamais!
Quand je voyais des grandes personnes pleurer, cela me plongeait dans des abîmes d’étonnement et de crainte. Quatre fois dans ma petite enfance, j’ai eu cette surprise et chaque fois pour des causes bien différentes, ce qui m’étonnait encore davantage.
Une fois en hiver, Maman était au lit, joliment installée dans une chambre qui ressemblait à un salon. C’était à une époque où elle était souvent allongée et je crois qu’elle attendait ma soeur Françoise, la future Duchesse de Bragance. En rentrant de la promenade, je me suis précipitée chez elle pour aller l’embrasser. Elle pleurait! J’ai eu un choc et un sentiment de catastrophe. Que se passait-il donc? Maman me dit « on a dû tuer Roussalka! » Roussalka, qui est le nom d’une fée tchèque, était sa belle jument qu’elle aimait tant. Mais pourquoi l’avait-on tuée? Le cocher, en la promenant, n’avait pas vu une plaque de verglas, elle a glissé et s’est cassé une jambe! Mon Dieu! Maman pleure et Roussalka est morte. Encore aujourd’hui, l’idée de me promener à cheval par temps de neige me glace le coeur…
Nous avions à la maison un personnel international et à la déclaration de la guerre de 1914, Tchèques, Autrichiens et Lituaniens ont dû quitter du jour au lendemain la maison et la France.
Ma nurse était alors Katti Mayer. Maman l’avait fait venir de Vienne à ma naissance et elle sortait tout juste de son école de nurses. J’étais le premier bébé qu’elle allait soigner. Est-ce pour cela que je suis toujours restée sa préférée? J’en avais un peu peur car toutes les bonnes françaises disaient qu’elle était méchante avec moi. Je savais bien que ce n’était pas vrai. certes, elle était très stricte, mais je l’aimais beaucoup et elle me le rendait bien. Je la trouvait très belle avec ses cheveux noirs relevés très haut, et perché sur cette luisante masse, son petit bonnet blanc. Elle est toujours restée dans le fond de mon coeur, et tout le long de ma vie, j’ai reçu d’elle de nombreuses lettres et images pieuses pour toutes mes fêtes. Elle est morte en 1970, et lors de tous mes séjours à vienne, j’étais heureuse d’aller la retrouver. Son sourire radieux et sa tendresse me donnaient chaque fois une grande et belle émotion.
Pendant la guerre de 1914, nous sommes allés plusieurs fois en Suisse pour revoir Grand-Maman Dobrensky qui venait de Bohême pour nous rendre visite dans ce pays neutre. Au cours d’un de ces séjours, Katti nous avait rejoints pour s’occuper de nous, car nous étions trois, je crois. Mon frère et moi-même étions très fiers de la naissance récente de notre soeur Françoise, qui et née le jour de la bataille de la marne, tout comme Didine, ma petite chienne teckel du reste!
Je revois si bien ce petit hôtel suisse tout propre, et si clair et blanc. Il sentait le lait chaud et la panade que l’on nous faisais ingurgiter tous les matins dans notre chambre. Katti me donnait à la cuillère cet horrible brouet helvétique.
Un soir, après le dîner, elle nous a fait présent d’un jeu de construction suisse. Les cubes, les colonnes et les balustres étaient en bois vernis blanc et rouge, et c’était là un jeu tellement appétissant et net que de ma vie je n’en ai eu de si ravissant. pour m’apprendre à m’en servir, Katti m’a prise sur ses genoux et m’a fait jouer avec tous ces morceaux de bois rutilants. Nous avons construit une villa affreusement tarabiscottée, mais qui me parut superbe. Ensuite, nous avons rangé le jeu, placé la boîte sur une étagère près de mon lit et je me suis couchée. J’étais si bien installée sous mon édredon rouge! D’ailleurs tout était rouge et blanc dans cet hôtel!
Lorsque katti est venue me border et m’embrasser, j’ai vu qu’elle pleurait. Le lendemain matin elle n’était plus là et je me suis dit « c’est la guerre » Mais chaque fois que je reprenais mon jeu de construction, je la revoyais avec ses cheveux si noirs et si brillants sous la lampe à abat-jour rouge dans la petite chambre douillette où ses larmes étaient apparues.
Les larmes des grandes personnes dont je parle sont les premières que j’ai remarquées au début de ma vie. Par la suite, Dieu sait combien de larmes j’ai pu voir et combien de fois j’ai fait des efforts désespérés pour tenter de les changer en sourires, même tristes! Pour un anniversaire de la comtesse d’Eu, on m’avait fait apprendre en portugais un sonnet que l’Empereur Pedro II, père de la comtesse, avait composé.
Dans ce poème, il était question des palmiers et des fleurs de l’exil, certes beaux, mais tellement moins beaux que ceux de sa patrie. D’oiseaux qui chantaient bien, aussi, mais tellement moins bien que ceux du Brésil.
Après la messe dite à la chapelle du château d’Eu, nous sommes donc tous réunis dans le grand hall pour la fêter. Maman me pousse contre les genoux de ma grand-mère qui est assise dans un grand fauteuil et je commence ma récitation. La comtesse d’Eu me regarde avec ses bons yeux bleus, si clairs et si souriants, d’abord si encourageants, et puis soudain, pleins de larmes…J’étais consternée car je croyais lui avoir fait de la peine. Je ne savais pas que le mal du pays peut faire pleurer.
Un peu plus tard, je découvris aussi que l’on pouvait pleurer de bonheur et de joie. C’était à Eu le jour de l’Armistice. Nous étions allés en ville avec mme Pelletier qui promenait ses grands voiles de crêpe. Soudain, toutes les cloches se sont mises à sonner, aussitôt tout le monde s’est embrassé dans la rue, en riant et en pleurant dans le même temps et en agitant de petits drapeaux. Nos grands-parents et nos parents sont sortis du château et nous avons couru à leur rencontre. Bon Papa nous a également donné des petits drapeaux tricolores, ma grand-mère pleurait, et maman était toute pâle.