Une des plus formidables histoires d’amour de la littérature naquit comme un jeu une après-midi d’ennui. Les Hanski n’avaient qu’une fille, Anna, née en 1828. La perte de tous autres enfants la rendit plus chère encore à sa mère. Rien n’était trop beau pour Anna. Il lui fallait une éducation parfaite car héritière d’une immense fortune, elle pouvait prétendre à un prince. Elle reçut donc une éducation soignée de sa gouvernante suisse, originaire de Neuchâtel, Henriette Borel.

Il semble que l’idée d’envoyer une lettre à Honoré de Balzac soit venue  durant l’automne 1831 aux deux femmes ne sachant que faire au milieu de cette immense maison au milieu de cet immense domaine bien isolé qu’était Wierzchownia, les trois cents domestiques de maison les dispensant de tout souci.

Château de Wierzchownia en 2016

Le lettre, qui a disparu, fut postée à Odessa le 28 février 1832 et était signée “L’Etrangère”. Elle était adressée à un auteur désormais à la mode, après avoir publié “Les Chouans” en 1829, puis “Scènes de la vie privée” en 1830. Puis il avait écrit “La Peau de chagrin” et les “Contes Philosophiques”.

Eve Hanska était une grande lectrice, la bibliothèque de Wierzchownia comprenait 25 000 volumes. On en sait pas ce qui la poussa à écrire cette lettre anonyme, à laquelle donc Balzac, qui recevait beaucoup de correspondance d’admiratrices, ne pouvait répondre directement

Il publia une annonce dans la Gazette de France le 2 avril 1832 : “M. de  B. reçu la lettre qui  lui était adressée le 28 février; il regrette d’avoir été mis dans l’impossibilité de répondre ; et si ses voeux ne sont pas de nature à être publiés, il espère que son silence sera compris.”

Après avoir lu l’annonce Eve lui répondit toujours de manière anonyme mais avec une adresse où envoyer le courrier. Là non plus, nous n’avons pas cette lettre. Mais nous avons la réponse que fit Balzac : “…malgré la défiance perpétuelle où ( sic) quelques amis me donnent contre certaines lettre semblables à celle que j’ai eu l’honneur de recevoir de vous, j’ai été vivement touché par un accent que les rieurs ne savent point contrefaire.  Si vous daignez excuser la folie d’un coeur jeune, et d’une imagination toute vierge, je vous avouerai que vous avez été pour moi l’objet des plus doux rêves.”

Honoré de Balzac

Les premières lettre envoyées par Eve devaient sans doute être le produit de la grande éducation qu’elle avait reçue, tant sur le plan intellectuel que sur le plan du jeu social. Et Balzac semble avoir été pris tout de suite. Peut-être avait-il besoin d’un amour impossible, permettant de tout imaginer ? N’avait-il pas un an auparavant reçu une lettre anonyme dont la rédactrice se révéla être la marquise de Castries, née Clémence Henriette de Maillé de La Tour-Landry ?

Balzac utilisa le subterfuge de faire répondre à Eve par son amie, Zulma Carraud. Eve ne fut pas dupe de la supercherie et le 7 novembre 1832, elle lui répondit : “ Monsieur, Etrangère, il ne serait pas étonnant que je me servisse d’expressions qui vous parussent peu françaises, amis il me faut vous écrire, vous peindre avec l’enthousiasme dont je suis susceptible les sentiments profonds que me font éprouver vos ouvrages. Votre âme a des siècles…cependant vous êtes jeune encore m’a-t-on assuré; je voudrais vous connaître et crois ne pas en avoir besoin : un instinct d’âme me fait pressentir votre être, je me le figure à ma manière, et je dirais le voilà si je vous voyais…En lisant vos ouvrages mon coeur a tressailli; vous élevez la femme à sa juste dignité; l’amour chez elle est une vertu céleste, une émanation divine; j’admire en vous cette admirable sensibilité d’âme qui vous fait deviner. Vous devez aimer et l’être; l’union des anges doit être votre partage: vos âmes doivent avoir des félicités inconnues; l’Etrangère vous aime tous deux, et veut être votre amie; elle aussi sut aimer mais c’est tout…Pour vous je suis l’Etrangère, et le serai toute ma vie; vous ne me connaîtrez jamais…”

Elle avoir aussi : “Je sus aimer et j’aime encore…J’ai donné mon coeur et mon âme et je suis seule…” Etait-ce vrai ou était une simple formule romantique ? On a du mal à imaginer Eve parler ainsi de Wenceslas Hanski.

Le 8 janvier 1833, elle écrit à nouveau en signant toujours “l’Etrangère”.

Quelques lettres s’en suivirent où elle révélait un peu d’elle-même sans dire qui elle était mais Honoré pouvait déjà penser qu’il s’agissait d’une grande dame, d’une très grande dame. Elle accepte enfin l’idée d’une rencontre.

Les Hanski avaient décidé de voyager en Europe centrale et occidentale à la fin de 1832 ou au début 1833. Anna les accompagnait, ainsi qu’Henriette Borel et ses cousines Denise et Séverine Wylezynska, les petites-nièces de Venceslas Hanski. Tout d’abord ce fut Vienne puis Neuchâtel, pays d’origine d’Henriette ravie de retrouver sa famille. Et c’est là qu’elle lui fixe rendez-vous. Et c’est là qu’ils se rencontrent le 25 septembre 1833.

Maison Andrié à Neuchâtel

Balzac, n’ayant pas hésité un instant à accepter le rendez-vous, était arrivé tard la veille et lui avait écrit, probablement avec Henriette Borel, comme intermédiaire, car il ne savait toujours pas qui il allait rencontrer : “ J’irai à la Promenade du faubourg de 1h à 4h J’y resterai tout ce temps-là à voir le lac que je ne connais pas. Je puis rester ici tout le temps que vous y serez. Ecrivez-moi un petit mot pour me dire si je puis vous écrire en toute sécurité, icic poste restante. Car j’ai peur de vous causer le moindre déplaisir, et donnez-moi par grâce exactement votre nom. Mille tendresses. Il n’y a pas depuis Paris jusqu’ici une parcelle de temps qui n’ait été pleine de vous…”

Il semble l’avoir aperçue à la fenêtre d’un hôtel, ce qui était impossible puisque les Hanski avaient loué une maison dans un quartier élégant de la ville la Maison Andrié aujourd’hui disparue. Puis il y eut la rencontre. Elle devait pouvoir le reconnaître car il devait y avoir des gravures de lui déjà parues. Elle portait une robe couleur “pensée” peut-être un signe de reconnaissance. De son côté il est descendu à l’Hôtel du Faucon, en plein coeur de la vieille ville. La bâtisse existe toujours.

Hôtel du Faucon à Neuchâtel

Après la rencontre à laquelle est présent le mari, ils se rendent sur les pas de Jean-Jacques Rousseau au milieu du lac de Bienne : “ C’est là que nous avons envoyé le mari s’occuper du déjeuner. mais nous étions en vue, et, alors à l’ombre d’un grand chêne, s’est donné le furtif baiser premier de l’amour. Puis, comme notre mari s’achemine vers la soixantaine, j’ai juré d’attendre et elle de me réserver sa main, son coeur.” C’est ainsi que Balzac raconte la rencontre dans une lettre à sa soeur Laure Surville le 12 octobre 1833.

Durant ces cinq jours, le couple se vit plusieurs fois. Wenceslas Hanski semblait heureux de cette rencontre “fortuite” et appréciait Balzac qu’il invita à la table familiale. Ils convinrent de se tous se retrouver plus tard à Genève. Selon André Maurois dans son ouvrage “Prométhée: La vie de Balzac”, elle lui écrivit avant qu’il ne quitte Neuchâtel : “Vilain… N’avez-vous pas vu à mes yeux tout ce que je désirais? … Mais n’ayez pas peur, j’ai ressenti tout le désir qu’une femme amoureuse cherche à provoquer”.

Elle écrivit aussi à Henri Rzewuski, le frère bien-aimé, : “Nous avons fait en Suisse une connaissance dont nous sommes charmés, c’est celle de M. de Balzac, l’auteur de la Peau de Chagrin et de tant d’ouvrages délicieux. Cette connaissance est devenue une véritable liaison et j’espère qu’elle durera toute notre vie. Balzac vous rappelle beaucoup, mon cher Henri, il est gai, rieur, aimable comme vous, il a même dans l’extérieur quelque chose de vous et tous les deux vous ressemblez à Napoléon.”

Ce fut un coup de foudre, peut-être préparé par l’imagination débordante des protagonistes. Mais il n’est pas moins vrai que leur amour fut éternel.

A peine de retour à Paris, il lui écrivit le 6 octobre, “ Mon amour chéri..”

Il lui écrivit tout au long de leur histoire 414 lettres, auxquelles elle répondit. Ses lettres à elle ont été brulées par Balzac à sa demande.  Tout au long de leur correspondance Balzac emploiera des dizaines de noms pour appeler sa bien-aimée : Ma chère âme – Chère ange aimé – Mon amour chérie – Mon Éva chérie – Ma Line chérie – Mon Evelette chérie – lplp (= Loup-loup) – Âme de ma vie – Linette – Mon chérie lplp – Ma minette – et bien d’autres encore.

Mais si la mari n’avait pas encore la soixantaine annoncée par l’amant, il avait encore quelques années à vivre et elle mit quelques années de plus avant de se décider à être Madame Honoré de Balzac. Dix-sept années passeront entre la première rencontre et le mariage. Cette longue période fut meublée de quelques rencontres mais aussi et surtout de longues absences.

Ils se virent donc à nouveau à Genève où les Hanski avaient pris leurs quartiers d’hiver, le 26 décembre 1833, dans la Maison Mirabaud.

Maison Mirabaud à Genève

Balzac apportait avec lui le manuscrit relié d’Eugènie Grandet avec la dédicace : “Offert par l’auteur à Madame de Hanska comme un témoignage de son respectueux attachement – 24 décembre 1833 – Genève. H. de Balzac.” Et ce n’était pas n’importe quel ouvrage qu’il lui offrait !

Le couple passa alors de véritables moments en amoureux, avec promenade en ville, au bord du lac, visite de Ferney et de Coppet. Balzac n’égala-t-il pas Voltaire et fut supérieur à Madame de Stael. Il sembla qu’elle se soit donnée à lui à la Villa Diodati qui avait occupée auparavant par Lord Byron. Elle est aussi célèbre pour avoir été habitée par Mary Shelley, Percy Shelley, et d’autres de leurs amis durant l’été de 1816. C’est lors de ce séjour que furent rédigées les bases des classiques récits d’horreur Frankenstein et The Vampyre. Cette maison superbe existe toujours.

Villa Diodati à Genève

Mais Balzac était déjà une célébrité et la colonie polonaise de Genève fort nombreuse. Une cousine d’Eveline, Marie Rzewuska, comtesse Jaroslav Potocki, était également là cherchant à attirer l’écrivain dans son salon. Les amabilités, purement mondaines, que lui fit Honoré lui attirèrent les foudres d’Eveline.

C’est durant ce séjour qu’il commença à écrire Seraphita, personnage hermaphrodite, qui semble étrangement avoir été inspiré par Eveline. C’est du moins ce qu’affirma Balzac. La santé de Vencesla Hanski se détériorait et Eve commença à songer à un autre futur.

Mais Balzac repartir et un autre rendez-vous fut pris. Entre-temps, les Hanski prirent la route de l’Italie, où à Florence fut sculpté le buste d’Eve par Lorenzo Bartolini (1777-1850) qui avait à son actif les bustes de Germaine de Stael, Lord Byron, Franz Liszt et Marie d’Agoult,  la princesse Mathilde Bonaparte, entre autres.

Buste d’Eve Hanska par Bartolini

Puis les Hanski partirent à Vienne où comme toutes les familles de l’aristocratie d’Europe centrale et orientale, ils se sentaient chez eux, beaucoup de Polonais étant beaucoup plus favorables à l’empire d’Autriche que l’empire russe. L’occupation autrichienne de la partie sud de la Pologne comprenant Cracovie et L’vov était bien plus douce que pour le reste du pays sous domination russe.

Balzac fit le projet de les rejoindre à Florence ou à Rome mais il ne put le réaliser. Il faut dire que durant cette période, il écrivit : “La Femme de trente ans” , “Ferragus », “La Duchesse de Langeais”, “La Recherche de l’absolu », “Les Marana », “Un drame au bord de la mer”, “Séraphîta” “Le Contrat de mariage”, “Le Père Goriot », “La Fille aux yeux d’or”. Tous des chef d’oeuvre de la littérature mondiale qui ont du occuper tout son espace intellectuel même si son coeur était à Eve et à deux autres.

En effet en 1833, Balzac fit la connaissance de Marie du Fesnay, née Daminois (1809-1892), qui lui donnera une fille Caroline du Fresnay (1834-1930). Mariée à un homme bien plus âgé qu’elle Marie du Fresnay, sera l’inspiratrice et la dédicataire d’Eugènie Grandet. Elle sera amoureuse de Balzac toute sa vie. Caroline épouse à Sartrouville le 30 juin 1859 Louis Sabard de Pierrelaye, dont elle se séparera. Elle est morte à Nice en 1930. N’ayant pas d’enfants, elle transmet les biens qu’elle avait hérités d’Honoré de Balzac aux enfants de son frère utérin Ange du Fresnay.

Caroline du Fresnay (1834-1930) fille de Balzac

Puis ce fut la comtesse Guidoboni-Visconti, née Frances-Sarah Lovell, rencontrée en 1835 lors d’un bal à l’ambassade d’Autriche. Une aristocrate anglaise mariée à un aristocrate italien que Balzac décrira ainsi “une des plus aimables femmes, et d’une infinie, d’une exquise bonté, d’une beauté fine, élégante (…) douce et pleine de fermeté”. Le couple Guidoboni-Visconti restera ami avec Balzac tout au long de sa vie l’aidant dans toutes ses difficultés financières.

Honoré avoua à Evelyne sa liaison avec Marie du Fresnay. Mais Marie n’était pas libre, Sarah Guidoni-Visconti non plus. Eveline avait toutes les chances de l’être.

Balzac aimait les femmes et il eut bien des maîtresses, dont certaines avec des noms prestigieux, mais il avait besoin de se sentir aimé, sentiment que comblera Eveline, elle-même en mal d’amour au fond de son Ukraine.

Pour se sentir plus proche d’elle, il fréquenta assidûment l’ambassade d’Autriche et sa colonie polonaise où il est probable que les cancans allaient bon train, permettant à Eve d’être informée par sa nombreuse parentèle de ce qu’il faisait à Paris. Et Honoré n’était pas un homme discret.

En mai 1835, il se décide à la rejoindre à Vienne. Il part le 9 et rentrera le 13 juin. Cette fois c’est en calèche louée 400 Francs, qu’il voyagera accompagné de son valet de chambre, un voyage de sept jours à travers l’Europe aristocratique.

Un incident toutefois avait failli compromettre ces retrouvailles. Monsieur Hanski avait mis la main sur une lettre écrite par Honoré à Eve et en avait conçu des soupçons sur leur relation. Balzac répondit à la demande d’explication, furieuse, qu’il reçut que les deux lettres envoyées à sa femme n’étaient qu’un jeu car la jeune femme lui avait demandé ce qu’était une lettre d’amour. Bien que l’explication fût bancale, et fort peu flatteuse pour un mari, ce dernier s’en contenta et invita Balzac à les visiter à Vienne. Hanski n’était probablement pas dupe de ce qui se passait mais était suffisamment intelligent pour ne pas faire de scandale et était malgré tout flatté d’être l’ami d’un écrivain de renom.

A Vienne, il ne fut pas fêté que par Eveline. La société le reçut à bras ouvert à commencer par les Metternich, lui, Clément, étant chancelier de l’empire, vainqueur de Napoléon et elle, Mélanie, tenant le salon le plus également de la ville. Elle dit de lui : “Balzac me fait l’effet d’un homme simple et bon, abstraction faite de son costume qui est fantastique. Il est petit et corpulent, mais ses yeux et sa physionomie annoncent beaucoup d’esprit.” La princesse Metternich lui servit de guide pour visiter les trésor des Habsbourg à la Hofburg. Honoré put même un jour dire “ C’est du vin de Johannesburg que m’envoie mon ami Monsieur de Metternich”. Difficile de faire mieux pour le snob et le légitimiste qu’il était !

Princesse Clément de Metternich, née comtesse Mélanie Zichy

Le prince Schwarzenberg lui fit visiter le champ de bataille de Wagram. Il revit Astolphe de Custine, doublement célèbre, par son récit du voyage en Russie et par le scandale de moeurs autour de son nom. Il présenta à Eveline.

Prince Frédéric Schwarzemberg (1800-1870)

Il vit bien d’autres aristocrates polonais, autrichiens ou hongrois. Mais il ne vit pas Eve dans les mêmes conditions d’intimité qu’à Neuchâtel. A Vienne, l’Europe aristocratique avait les yeux fixés sur eux, notamment à l’opéra. Il assista à ses séances de poses pour le portraitiste et miniaturiste mondain, Daffinger (1790-1849).

En quittant Vienne, il lui écrivit : “Mon Eve adorée, je n’ai jamais été si heureux, je n’ai jamais tant souffert. Un coeur plus ardent que l’imagination est vive est un funeste présent quand le bonheur complet n’étanche pas la soif de tous les jours. Je savais tout ce que je venais chercher de douleurs et je les ai trouvées..Hier encore tu étais à rendre fou. Si je ne savais pas que nous sommes liés à jamais, je mourrais de chagrin ; aussi ne m’abandonne jamais, ce serait un assassinat.”

Honoré était retourné à Paris et les Hanski rentrèrent enfin à Wierzchownia après deux ans d’absence. Ils y mènent une vie retirée malgré les différentes invitations à séjourner qu’ils reçoivent de leur famille, que ce soit à Varsovie, Odessa ou dans leurs châteaux.

En 1837, la santé de Venceslas s’affaiblit. Elle aimerait recevoir Balzac à Wierzchownia et lui aimerait venir dans son royaume. Mais cela semble bien difficile et lui est déconseillé par  sa soeur Caroline Sobanska qu’Eve va visiter malgré sa vie de scandales.

Une longue correspondance avec la cousine Rosalie renseigne sur la vie quotidienne à Wierzchownia. La grande occupation est l’éducation de sa fille, autour de laquelle tout tourne. Eve l’adore et en est adorée. L’échange épistolaire entre les amants continue parfois fourni parfois rare. Le 20 janvier 1840, Balzac écrit : “ Je ne sais plus rien de l’Ukraine depuis trois mois que je n’ai eu de lettre de vous et je n’y comprends rien. Vous ai-je fait de la peine ? Avez-vous pris en mal les silences auxquels j’étais contrant. me punissez-vous de mes misères ? Etes-Vous malade ? Etes-vous au chevet de quelqu’un chez vous? Je m’adresse mille interrogations.”

Hanski était malade, Eve était jalouse de la comtesse Guidoboni-Visconti. Les rapports entre eux se refroidissent. Il faut dire que cela faisait cinq ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Balzac était pris dans le tourbillon de sa production littéraire et ses dettes qui s’accumulaient. Eve était enfermée dans une vie certes aristocratique et opulente mais morne et qui en satisfaisait en rien ses ambitions intellectuelles.

Elle lui envoie un tableau représentant Wierzchownia, qu’il a du mal à placer dans sa nouvelle maison de Passy car il est trop grand. “J’ai eu bien du plaisir à contempler cette toile; mais vous ne m’aviez pas dit que vous eussiez une rivière devant votre pelouse ni que vous aviez un Louvre. Tout cela me semble bien joli, bien beau, bien frais, les fabriques sont élégantes…”

Façade arrière de Wierzchownia

Un évènement, probablement attendu sinon espéré, survient en novembre 1841. Venceslas Hanski meurt. Balzac n’en reçut la nouvelle que le 5 janvier 1842. Les plus grand ennuis allaient commencer pour le couple. (Merci à Patrick Germain pour cette troisième partie de récit)