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Si 2015 est l’année François 1er, elle est également l’année du bicentenaire de la chute du Premier Empire. Du 24 avril au 27 juillet, le château de Compiègne propose l’exposition « Napoléon Ier ou la légende des arts » consacrée à la production artistique de la période 1799-1815.

Loin de réduire l’art sous Napoléon Ier à la personnalité et au goût de l’empereur, l’exposition cherche à montrer l’originalité du « style Empire », style riche de multiples influences et à l’intérieur duquel plusieurs courants ont coexisté. Près de cent quatre-vingt œuvres – peintures, sculptures, pièces de mobilier, orfèvrerie, porcelaines et textiles – invitent le visiteur à appréhender l’extraordinaire moment de création artistique et de l’histoire du goût qu’était le Premier Empire.

La première partie de l’exposition analyse l’héritage du XVIIIème siècle dans la formation du « style Empire ». Dans le domaine de la peinture, le paysage s’inscrit toujours dans la tradition classique tandis que le thème floral perdure dans les décors textiles et la porcelaine avec la même légèreté qu’au XVIIIème siècle. En orfèvrerie, les artistes – formés sous l’ancien régime – utilisent et adaptent des modèles anciens.

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Pot à oille du service Grand Vermeil offert par la Ville de Paris à l’occasion du sacre de Napoléon, en 1804 par Henri Auguste (1759-1816). Réalisé vers 1789, ajout postérieur de la statuette sur le couvercle, plateau de 1804, argent doré, musée national du Château de Fontainebleau

L’antiquité, que l’on redécouvre au XVIIIème siècle avec les fouilles de Pompéi et d’Herculanum, reste la principale source d’inspiration des artistes. Les architectes Percier et Fontaine jouent un rôle décisif dans la mise au goût du jour de l’antiquité en publiant le Recueil de décoration intérieure qui sera une référence pour les artistes. L’exposition évoque la personnalité de Juliette Récamier, la première à s’habiller à la grecque et à se meubler en style « étrusque ».

La campagne d’Égypte (1798-1801) favorise la redécouverte de l’Orient méditerranéen. Le répertoire ornemental égyptien occupe une place de plus en plus grande dans les arts décoratifs. Les figures de femmes égyptiennes, de cariatides et de sphinx sont transposées à l’envi dans le mobilier et les bronzes d’ameublement, souvent sans souci de la vérité archéologique.

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A droite, portrait d’Un indien, d’Anne-Louis Girodet De Roussy-Trioson (1767- 1824) réalisé en 1807, huile sur toile, Musée Girodet de Montargis. A gauche, une paire de candélabres avec figures d’égyptiennes agenouillées réalisée par Lucien-François Feuchère en 1804 , bronze doré et patiné , Paris, Mobilier national ; Pendule en temple égyptien à huit colonnes de Bailly, 1809, bronze et cuivre doré, palais de Compiègne ; deux chenets à sphinx et scènes nilotiques, par Feuchère et Thomire, vers 1804, bronze vert antique, ornements de bronze doré, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau

La deuxième partie de l’exposition est consacrée à la production artistique sous le Consulat et à l’apogée du style Empire. Avec la politique de remeublement des résidences impériales, les commandes de plus en plus nombreuses contribuent à soutenir l’industrie et le commerce. Dans le domaine du mobilier, le souci de somptuosité incite à créer des lignes imposantes et massives, à utiliser l’acajou associé à une riche ornementation de bronze doré, et à intégrer des figures monumentales.

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Fauteuil, chaise, guéridon, console-jardinière de Jacob-Desmalter et psyché de Marcion, deux des ébénistes les plus prolifiques du règne de Napoléon Ier et les principaux fournisseurs de la cour. (Musée du château de Fontainbleau, palais de Compiègne et Mobilier National)

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Chaise à dossier crosse provenant du salon bleu de l’Impératrice à Compiègne, réalisée par Pierre-Benoit Marcion (1769-1840) en 1811, bois sculpté et doré ; écran et chaise du salon-boudoir de l’Impératrice, réalisés en 1808 par Pierre-Benoit Marcion, palais de Compiègne.

Sous l’Empire, les métiers d’art portent le luxe à son apogée : Thomire et Claude Galle sont les maîtres du bronze d’ameublement, tandis que Biennais et Odiot incarnent l’excellence de l’orfèvrerie avec Nitot pour la joaillerie.

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Miroir à double-face de Martin-Guillaume Biennais (1764-1843), bronze ciselé et doré, palais de Compiègne. Ce miroir portatif a été réalisé en plusieurs exemplaires pour les princesses de la famille impériale. Celui-ci a été acheté aux héritiers de Biennais pour l’impératrice Eugénie dont le chiffre est inscrit dans l’écu supérieur.

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Diadème aux épis de blé réalisé par le joailler de la cour Marie-Etienne Nitot or, argent, diamants, collection privée. Ce diadème a probablement été commandé pour Marie-Louise en 1811. Le motif des épis de blé balayés par le vent est résolument moderne et se retrouvera dans la joaillerie de la Belle Epoque.

Enfin, une troisième partie présente le caractère moderne de certaines créations. De nouveaux meubles et de nouvelles formes naissent sous l’Empire. L’apparition du somno ou du lavabo témoignent d’une recherche de confort et de fonctionnalité. Les ébénistes emploient de nouveaux matériaux, comme des bois plus clairs, qui seront toujours à l’honneur sous la Restauration. L’exposition se termine par l’évocation des mouvements artistiques qui transcendent l’époque du Premier Empire comme le style troubadour (encouragé par l’impératrice Joséphine) ou le pré-romantisme qui se développeront dans les décennies à venir.

Puisant pour une grande partie dans les remarquables collections du musée du palais de Compiègne, l’exposition a bénéficié des prêts du château de Versailles, du musée du Louvre, du musée des Arts décoratifs, du Mobilier national et d’autres musées de province (Lyon, Nantes Montpellier…)

L’exposition sera également présentée au château royal de Varsovie du 11 septembre au 13 décembre 2015. Pour cette étape, des œuvres conservées dans les collections nationales polonaises viendront enrichir le propos.

Le commissariat général est assuré par Emmanuel Starcky, directeur des musées et domaine de Compiègne et Blérancourt et Andrzej Rottermund, directeur du Château royal de Varsovie. Le commissariat scientifique est assuré par Anne Dion-Tennebaum, conservateur en chef au département des Objets d’art du musée du Louvre et Hélène Meyer, conservateur en chef au musée national du palais de Compiègne.

« Napoléon Ier et la légende des arts », au musée national du palais de Compiègne du 24 avril au 27 juillet 2015. Catalogue de l’exposition publié par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 200 pages. (Article et photos d’Alexandre Cousin. – Image de présentation © RMN-Grand Palais)