La Croix de Baugé

Comme chacun sait, ici, la vraie croix du Christ avait été trouvée par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, grâce à l’inscription INRI gravée sur la travée.

De retour de croisade, le chevalier angevin Jean d’Alluye reçoit, en 1241, de l’évêque de Hiérapétra un fragment de la Vraie Croix, donation authentifiée par une charte.

En 1244, il remet la relique à l’Abbaye cistercienne de la Boissière, à Denezé-sous-le-Lude.

Durant la guerre de Cent Ans la parcelle de bois noirci devenu crucifix à double travée de 27 cm de haut est caché dans la chapelle du château d’Angers, par Louis 1^er d’Anjou, roi de Jérusalem.

En 1337, il le pare d’une somptueuse monture d’orfèvrerie composée, sur ses deux faces, de pierres précieuses et de perles dont l’orient n’a jamais terni.

Par le mariage de René d’Anjou avec Isabelle de Lorraine, la Vraie Croix d’Anjou est prise comme emblème héraldique de la Lorraine après la victoire de René II d’Anjou sur Charles le Téméraire à la bataille de Nancy, le 5 janvier 1477. La Croix d’Anjou devient, alors, Croix de Lorraine. La relique est, à nouveau, confiée à l’abbaye de La Boissière.

La Sainte Croix est mise en vente comme bien national, le 30 septembre 1790. Anne de la Girouardière qui avait fondé, en 1784, avec le Père René Bérault, la Congrégation des Filles du Cœur de Marie et l’hospice des Incurables, l’acquiert, le 2 octobre 1790, et la transfère, le 17 octobre, à la Chapelle des Incurables où elle est toujours restée depuis.

La Mère Anne meurt en 1827 après avoir écrit : « La Croix et les Pauvres sont les deux trésors qu’en mourant je lègue à mes filles ».

C’est le vice-amiral Émile Muselier, le 1^er juillet 1940, sur une idée du capitaine de corvette Georges Thierry d’Argenlieu (en religion, Père Louis de la Trinité) qui propose d’employer la croix de Lorraine comme emblème de la France libre en opposition à la croix gammée nazie. Le 2 juillet 1940, la croix de Lorraine devient ainsi par décret du général de Gaulle, le signe officiel des Forces navales françaises libres, puis des forces aériennes libres.

Le souhait des religieuses de Baugé qui, par ailleurs, ont des responsabilités dans un Ehpad, est de rendre la Croix accessible à tous (croyants ou incroyants), tout en garantissant des conditions de mise en sécurité optimales de la relique en l’exposant dans la chapelle rénovée. Elle se trouvait, précédemment, dans la sacristie, avec horaires de visite restreints, et était peu connue des Angevins qui visitent, quelques mètres plus loin, le palais du roi René et l’apothicairerie de l’hôtel-Dieu du XVIIe siècle. Grâce aux « Amis et Ambassadeurs de la Vraie Croix d’Anjou » le projet a pu être concrétisé. La congrégation espère vivement faire de Baugé-en-Anjou un lieu de pèlerinage comme à Sainte-Anne d’Auray ». (merci à Passiflore)