La Bataille de Leipzig

La bataille de Leipzig, dite “La Bataille des Nations”, le 18 octobre 1813, qui opposa 180 000 soldats des armées de l’Empire français, composé des Provinces illyriennes, de la République des Sept-Îles, du Royaume d’Italie, du Duché de Varsovie, du Royaume de Naples, du Royaume de Danemark et Norvège, de la Confédération suisse, de la Légion hollandaise, de la Légion portugaise, de la Légion irlandaise, de la Légion belge, du Royaume d’Espagne, de la Confédération du Rhin Confédération du Rhin (Royaumes de Bavière, de Saxe, de Westphalie, de Wurtemberg, des Grands-duchés de Bade Grand-duché de Bade, de Berg, de Hesse, de Francfort et de Wurtzbourg) aux 300 000 soldats des armées de la Sixième Coalition, composée d’Autrichiens, Russes, Prussiens, Anglais, Portugais, Suédois et Siciliens, constitua la première grande défaite de Napoléon, venant juste après la catastrophique Campagne de Russie.

Cette victoire des Armées Alliées leur permit d’envahir la France, à la suite du repli des troupes impériales.

La Septième Coalition, composée du Royaume-Uni, du Royaume de Prusse et des Empires russes et autrichiens, malgré quelques victoires de Napoléon, permit à ses armées d’entrer dans Paris le 31 mars 1814.

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Entrée des souverains alliés dans Paris

Napoléon fut contraint d’abdiquer par ses maréchaux, abdication inconditionnelle, exigée par les Alliés, c’est-à-dire sans la possibilité de mettre son fils sur le trône, sous le nom de Napoléon II, sous la régence de sa mère, l’impératrice Marie-Louise, fille de l’empereur François Ier. Elle fut signée le 6 avril 1814.

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Napoléon après l’entrée des Alliés dans Paris

Le 1er avril, dès avant l’abdication donc, le Sénat avait nommé un gouvernement provisoire composé de Talleyrand, prince de Bénévent, que l’on ne saurait présenter, des sénateurs, le général comte de Beurnonville (1752-1821) qui deviendra marquis sous Louis XVIII, le comte François de Jaucourt (1757-1852) futur ministre d’Etat, marquis et pair de France sous Louis XVIII, du Conseiller d’Etat duc de Dalberg (1773-1833), duc de l’Empire puis duc de Louis XVIII et pair de France, et de l’Abbé de Montesquieu, duc de Fezensac, Ministre d’Etat et pair de France sous Louis XVIII.

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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent

L’article 3 du projet de constitution élaboré par le gouvernement provisoire, le 6 avril, est ainsi conçu : “La noblesse ancienne reprend ses titres. La nouvelle conserve les siens héréditairement. La Légion d’Honneur est maintenue dans ses prérogatives ; le roi déterminera la décoration. “

Dans la Charte octroyée le 4 juin 1814, l’article 72 est rédigé ainsi : “La Légion d’Honneur est maintenue. Le roi déterminera les règlements intérieurs et la décoration.”

Par ordonnance royale du 19 juillet 1814, Louis XVIII précise les conditions de ce maintien :

“Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre,

Dès que la Providence nous eut replacé sur le trône de nos ancêtres, au milieu des acclamations d’unpeupleque notre coeur a toujours chéri, nous nous fîmes un devoir de maintenircette Légion-d’Honneur,qui récompense d’une manière analogue aux moeurs des Français tous les genres de services rendus à lapatrie.

Pouvions-nousvoir avec indifférence une institutionqui donne à l’autorité souveraine le plus noble motifd’influence sur le caractère national, multiplieparmi les guerriers ces prodiges dont les armes françaises ont reçu tant d’éclat, et produit dans toutes les classes de citoyens une émulation qui ne peut qu’ajouter à la gloire de la monarchie ? En adoptant cette institution pour nous et nos successeurs,nous en faisons notrepropre ouvrage et nous sommes persuadés que le nom de Henri IV , qu’aucunFrançais ne prononce sansattendrissement,la rendra plus chère à la nation que ce prince a si glorieusementgouvernée.

En confirmant l’institution de la Légion-d’Honneur, nous nous sommes plu a donner à nos sujets unenouvelle marque de notre affection royale.

Nous avons en conséquence ordonné et ordonnonsce qui suit :

Art. 1. Nous avons approuvé et confirmé,approuvonset confirmons l’institution de la Légion d’Honneur,dont nous nous déclarons, pour nous et nos successeurs, chef souverain et grand-maître.

  1. Toutes les prérogatives honorifiques attribuées à la Légiond’Honneur et à ses membressont maintenues.
  2. Le droit attribué aux membres de la Légion-d’Honneur, de faire partie des collèges électoraux,cessera d’être exercé, comme contraire à la charte constitutionnelle.
  3. Les traitements affectés à chaque grade de la Légiond’Honneur sont maintenus, et les titulairesactuels continuerontd’en jouir dans la proportion de la rente des revenus dont la Légion-d’Honneur a lajouissance.

A l’avenir, et jusqu’à ce qu’il en soit autrement ordonné, les nominationsou promotions dans la Légionne donneront aucun droit à traitement.

  1. Les membres actuelsde la Légion-d’Honneur qui seront promus à un grade supérieur à celui qu’ilsoccupent dans la Légion, conserverontle traitement dont ils jouissaient avant leur promotion.
  2. La décorationde la Légion-d’Honneur portera à l’avenir, d’un côté, l’effigie de notre aïeul Henri IV de glorieuse mémoire, avec cet exergue Henri , roi de France et de Navarre; et de l’autre côté, trois fleurs de lys avec cet exergue : Honneur et Patrie…”

Puis suit la description des décorations affectées à chaque grade : Grand Cordon, Grands-Officiers, Commandants, Officiers et Légionnaires.

“ Art.13. Le serment des membres de la Légion d’Honneur est conçu ainsi qu’il suit. “ Je jure d’être fidèle au Roi, à l’Honneur et à la Patrie.”

 Louis XVIII

Louis XVIII portant les Ordres royaux dont la Légion d’Honneur

Pour Louis XVIII, il était clair que la réconciliation des Français passait par le maintien des institutions créées par son prédécesseur et en premier la Légion d’Honneur, dont on peut constater qu’elle a constitué une préoccupation majeure, ne serait-ce que par la rapidité avec laquelle intervient son maintien. A peine sur le trône, Louis XVIII en a fait une priorité majeure.

Et dès le 5 août 1814, le roi procède à une série de nominations, par une nouvelle ordonnance royale, dans la Garde Nationale de Paris, pour services rendu lors des évènements de fin mars 1814, ayant permis la transition de l’Empire à la Monarchie sans désordre.

“Art.3. Nous accordons la décoration de la Légion-d’Honneuraux officiersgénéraux, adjudants-commandants et chefs de légion qui ne l’auraient pas obtenue pour d’autres services, nous réservant, à l’égard de ces derniers, de nous faire rendre un compte particulier des services qui peuvent leur donner des droits àl’avancement dans la Légiond’Honneur ou a d’autres récompenses.

Nous accordons, en outre, cinq décorations à l’état-major-général, et huit décorations par légion,pour être distribuées à ceux qui l’auront le plusmérité par leur service dans la Garde Nationale, et par leurs autres services civils et militaires.

Cette distribution aura lieu, dans les légions, d’après les règles suivantes, savoir

Une aux chefs de bataillon, une aux capitaines, une aux lieutenants, une aux sous-lieutenants,une aux sous-officiers et caporaux, deux aux grenadiers et chasseurs.

La huitième sera distribuée aux officiers de la légion et des bataillons.

Les candidats seront choisis dans l’état-major des légions, d’après les règles qui seront déterminéesparnotre bien-aimé frère, Monsieur, comte d’Artois, colonel-général.

  1. Nous voulons que la garde nationale de Paris ait des drapeaux, et nous nous réservons de les lui donnernous-même, après la bénédiction solennelle qui sera faite en notre présence.

Nous réservons à notre bien-aimée fille, Madame, duchesse d’Angoulême, d’y attacher de ses mains les cravates brodées par ses soins.

  1. Nos ministres Secrétaires d’État aux départements de l’intérieur et de notre maison, et le chancelier de la Légion-d’Honneur, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution des présentes.

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Brevet de la Légion d’Honneur sous Louis XVIII

Si l’ordre de la Légion d’Honneur subsistait, il n’en fallait pas moins procéder à de nouvelles nomination dans son administration et mettre tout d’abord à le retraite les employés de la Chancellerie ayant servi sous Napoléon. Cela fut fait le 8 août. Mais il faut rendre hommage à Louis XVIII de l’avoir fait dans des conditions financières convenables, sans avoir oublié les veuves des anciens employés.

Il fut également pourvu au remplacement des Dames des Maisons de la Légion d’Honneur à Saint-Denis et à Ecouen. Mais l’histoire de ces maisons sera vue dans l’article suivant.

Le 8 octobre 1814, Louis XVIII faisait un geste de plus, en faveur de la Légion d’Honneur et de ses membres.

En 1808, Napoléon avait statué que les membres de la Légion d’Honneur porteraient le titre de chevalier, titre transmissible à la descendance directe dans la primogéniture de mâle en mâle, à la condition de justifier d’un revenu annuel de 3000 francs, au moins. Mais en 1810, cette condition avait été restreinte à l’aîné qui aurait obtenu une dotation au titre de chevalier.

Il faut noter que le port d’un titre ne conférait en rien la noblesse, car Napoléon s’il avait créé des titres, n’avait pas créé de noblesse, au sens de l’Ancien Régime, c’est-à-dire un corps bénéficiant de privilèges particuliers.

Louis XVIII, “voulant réparer l’insuffisance de ces dispositions à cet égard, fixer les prérogatives d’une institution destinée à perpétuer dans les familles le zèle pour le bien de l’Etat par d’honorables souvenirs, et y attacher un mode d’hérédité plus conformes aux anciennes lois et usages qui régissent la noblesse de notre royaume, et déjà établi pour l’Ordre de Saint-Louis;…

“Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. Il continuerad’être expédié des lettres-patentes conférant le titre personnelde chevalieret des armories aux membresde la Légiond’Honneur, qui se retireront à cet effet devant le Chancelierde Franceet qui justifieront qu’ils possèdent un revenu net de trois mille francs au moins en biens immeublessituésen France.

  1. Lorsque l’aïeul, le fils et le petit-fils auront été successivement membres de la Légiond’Honneur,et auront obtenu des lettres-patentes conformémentà l’article précédent, le petit-fils sera noble de droit, et transmettra la noblesse à toute sa descendance…”

Le 17 février 1815, les conditions d’admission et d’avancement dans l’Ordre sont fixées :

Art. ler. En temps de paix, nul ne pourra être admis dans la Légion-d’Honneur s’il n’a exercé pendant vingt-cinq ans des fonctions civiles ou militaires avec la distinction requise.

  1. Nul ne pourra être admis dans la Légion avec un autre grade que celui de simple chevalier.

Pour être susceptible de monter a un grade supérieur, il sera d’obligation d’avoir passé au moins,dans le grade inférieur, savoir

Pour le grade d’officier, quatre ans dans celui de chevalier;

Pour le grade de commandant, quatre ans dans celui d’officier;

Pour le grade de grand-officier, six ans dans celui de commandant;

Enfin, pour le grand-cordon, huit ans dans le grade de grand-officier.

  1. Les campagnes seront comptées aux militaires dans l’évaluation des années exigées par les articles 1et 2; mais on ne pourra compter qu’une campagne par année, hors les cas d’exception, qui devrontêtre déterminés par une ordonnance spéciale.

Le¦ügion d'Honneur sous la Restauration

Sous la Restauration

  1. Les grands services rendus à l’Etat dans les fonctions civiles, la diplomatie, l’administration, lajustice ou les sciences, seront aussi des titres d’admission.
  2. En campagne, les actions d’éclat et les blessures graves pourront dispenserdes conditionsexigées par les articles ler, 2 et 3, pour l’admission ou l’avancementdans la Légion-d’Honneur.
  3. Tout service extraordinaire rendu à lEtat, dans d’autres fonctions que les fonctions militaires pourra dispenser également de ces conditions…”

Cette obligation de temps minimum dans le grade inférieur avant d’accéder au grade supérieur, n’était pas prévue dans le décret portant création de l’ordre.

Louis XVIII confère à cette institution à la fois un caractère nobiliaire, qu’elle n’avait pas à l’origine, et une organisation plus stricte. Si le nombre de chevaliers est illimité, celui des Grands Cordons est limité à quatre-vingts, celui des Grands Officiers à cent soixante, celui des commandants à autre cents et celui des Officiers à deux mille. Le roi ne laisse rien au hasard quant aux conditions de nomination, de cérémonies de décoration, du ports desdites nominations.

Une loi est promulguée le 15 mars 1815, relative aux paiements des arriérés et à l’expédition des brevets de nomination. Le 16 mars, dans une ordonnance, le roi continue de se préoccuper du sort de la Légion d’Honneur, en ajournant l’application du décret précédent.

LES CENT-JOURS

Mais le 1er mars, Napoléon avait débarqué à Golfe-Juan et le 20 mars, après une marche triomphale en France, il était de retour au Tuileries. Et Louis XVIII était à Gand.

Retour de Napole¦üon et de¦üpart de Louis XVIII

Le retour Napoléon et le départ de Louis XVIII vus par l’imagerie populaire

Le 13 mars, à Lyon, Napoléon promulgue un décret :

“Art. 1er . Toutes les promotions faites dans la Légion d’Honneur par tout autre grand-maître que nous, et tous brevets signés par d’autres personnes que le comte Lacépède, Grand Chancelier de la Légion d’Honneur sont nuls et non avenus.

Art.2. Tous les changements faits dans la décoration de la Légion d’Honneur, non conformes aux statuts de l’Ordre, sont nuls et non avenus. Chacun des membres de la Légion d’Honneur reprendra la décoration telle qu’elle était au 1er avril 1814.

Art.3. Néanmoins, comme un grand nombre de promotions, quoique faites illégalement, l’ont été faveur en de personnes qui ont rendu des services réels à la patrie, leurs titres seront envoyés à lagrande-chancellerie, afin que le rapport qui nous en soit fait dans le courant d’avril, et qu’il soit statué à cet égard avant le 15 mai.

Art.4. Les droits politiques dont jouissaient les membres de la Légion d’Honneur en vertu des statuts de création sont rétablis…”

Si Napoléon semble se montrer moins beau joueur en annulant les dispositions prises par Louis XVIII, qui lui avait entériné les décisions impériales. Il faut comprendre que pour le roi il s’agissait de conquérir les bonnes grâces de tous et pour l’empereur de refuser au roi toute légitimité.

Louis XVIII avait supprimé les droits de vote des légionnaires, ce qui pouvait se comprendre car ils étaient probablement tous de tendance bonapartiste, et auraient dérangé les élections à venir. Napoléon les rétablit immédiatement car les légionnaires sont une des clés de voute de son système politique. S’il avait créé un ordre, il n’avait pas créé de noblesse, mais conférés des droits politiques à des citoyens que leur manque de fortune risquait de priver du droit de vote. Louis XVIII en rétablissant la noblesse n’avait aucune intention de favoriser politiquement une classe qu’il savait hostile.

Les deux régimes, Empire et Restauration, connaissaient un suffrage censitaire, où seule la partie la plus fortunée de la population votait. Napoléon avait introduit une exception au cens en faveur des légionnaires, dont certains pouvaient n’être que de pauvres soldats. Simples légionnaires et Officiers pouvaient voter dans les collèges électoraux départementaux ou d’arrondissement. Il ne faut toutefois pas exagérer la portée de telles mesures, qui ressemblaient plus à une récompense qu’à l’octroi d’un véritable droit de vote.

Napoléon n’avait pas non plus mis d’obligation de revenus annuels minimums pour être membre de la Légion d’Honneur, à la différence des majorats obligatoires lors de la constitution des titres. Louis XVIII en établit car si le nouveau chevalier veut prétendre à la noblesse, il doit justifier d’un revenu minimum.

L’empereur, le même jour, par un autre décret abolit la cocarde blanche, l’ordre du lis, les ordres de Saint-Louis, du Saint-Esprit et de Saint-Michel. Il ne perdait pas temps pour effacer les traces de l’Ancien Régime restauré.

Il octroi le droit de mettre l’Aigle de la Légion d’Honneur dans leurs armes à trois communes le 22 mai 1815, Châlons-sur Saône, Tournus et Saint-Jean-de-Losne, pour les récompenser de leur attitude pendant la campagne de 1814.

Dans la tourmente des Cent-Jours on peut constater que la Légion d’Honneur reste un sujet de préoccupation pour celui qui en avait bien d’autres.

La bataille de Waterloo, le 18 juin 1815, mit fin au nouvel ordre impérial, plus libéral que l’ancien, que Napoléon avait tenté d’instaurer.

 Waterloo

DEUXIEME RESTAURATION

A peine rentré à Paris, Louis XVIII s’occupa de nommer un nouveau Grand Chancelier.

“Voulant donner à notre cousin le Maréchal MacDonald, une preuve particulière de notre estime et récompenser sa loyauté et le courage qui a tant contribué à la gloire de nos armées, et nous rappelant avec satisfaction le zèle qu’il a montré pour les établissements de la Légion d’Honneur, dont nous nous sommes déclaré chef et protecteur, et qui a été confirmé par notre charte constitutionnelle;

Nous avons ordonné ce qui suit :

Notre cousin le Maréchal Macdonald est nommé Grand Chancelier de la Légion d’Honneur – Le 2 juillet 1815.”

Et dans la foulée, il annule toutes les nominations faites pendant les Cent-Jours.

Mare¦üchal Macdonald

Maréchal MacDonald, duc de Tarente

Par ordonnance royale du 26 mars 1816, l’ordre de la Légion d’Honneur, désormais ordre royal, est totalement réorganisé.

“TITRE PREMIER. Organisationet composition de la Légion-d’Honneur.

Art. 1er. La Légion-d’Honneur est instituée pour récompenserles services civils et militaires.

  1. Le roi est chef souverain et grand-maître de la Légion-d’Honneur.
  2. La Légionprend le titre d’ordre royal de la Légion-d’Honneur; les commandants,celuide commandeur.deurs, et les grands-cordons,celui de Grand-Croix.
  3. L‘ordre royal de la Légion-d’Honneurest composé de chevaliers, d’officiers, de commandeurset degrand-croix.
  4. Les membres de la Légion sont à vie.
  5. Le nombre des chevaliers est illimité.

Celui des officiers est fixé à deux mille;

Celui des commandeurs, à quatre cents;

Celui des grands-officiers, à cent-soixante;

Celui des grand-croix, à quatre-vingts.

  1. Le nombre des grand-croix, grands-officiers,commandeurset officiers, dépassantcelui fixé par l’article 6, ceux qui sont revêtus de ces grades les conservent; mais par les extinctionsnous pourrons les réduire.
  2. Les princesde la famille royale et de notre sang, et les étrangers auxquels nous conféreronsla grandecoration, ne sont point compris dans le nombre fixé par l’article 6.
  3. Les étrangers sont admis et non reçus, et ne prêtent aucun serment.

TITRE Il. Forme de la décoration, et manière de la porter.

  1. La décorationde l’ordre royal de la Légion-d’Honneurconsiste dansune étoile à cinq rayons doubles,surmontée de la couronne royale. Le centre de l’étoile, entouré d’une couronne de chêne et de laurier,présente d’un côté l’effigie de Henri tv, avec cet exergue Henri IV, roi de France et de Navarre, et del’autre, trois fleurs-de-lis avec cet exergue Honneur et Patrie.
  2. Létoile émaillée de blanc est en argent pour les chevaliers, et en or pour les grand-croix, les grands-officiers,les commandeurset les officiers.

  1. Les membresde l’ordre royal de la Légion-d’Honneur portent toujours la décoration.

…..

TITRE -Admissionet avancement dansla Légion.

  1. En temps de paix, pour être admis dans la Légion-d’Honneur, il faut avoir exercé pendant vingtcinqans des fonctions civiles ou militaires avec la distinction requise…”

Sont reprises les mêmes conditions d’admission et d’avancement qu’en 1814.

Rien n’est laissé au hasard et cette minutie dans l’organisation montre toute l’importance que le souverain attachait à un ordre qu’il n’avait pas créé mais qu’il avait repris dans son esprit et à modifié dans la forme. Mais dans le fond rien ne changeait. La reconnaissance des mérites et de la valeur, que ce soit dans le domaine civil ou militaire, était la base de l’ordre.

Louis XVIII n’en oublia pas pour autant les ordres anciens et rétablit celui de Saint-Louis. Les Chevaliers de l’Ordre de Saint-Louis prennent préséance dans les cérémonies sur les Chevaliers de l’Ordre de la Légion d’Honneur mais pour les grades supérieurs, seule l’ancienneté dans les ordres vaut préséance. Il y a là aussi une volonté de réconcilier tout le monde. Certes les chevaliers de Saint Louis ont une préséance mais comme beaucoup de chevaliers de la Légion d’Honneur ont aussi été créés chevaliers de Saint-Louis, comme le montrent les registres de la Légion d’Honneur, cela ne fait pas une grande différence pour la plupart d’entr’eux. Pour les autres grades, le roi n’effarouche personne en respectant l’ancienneté.
Par ordonnance du 3 juillet 1816, le roi confère un éclat supplémentaire à l’ordre de la Légion d’Honneur, en attribuant la Grand-Croix aux membres de sa famille : “ A notre bien-aimé frère, Monsieur, à notre bien-aimé neveu, le duc d’Angoulême, à notre bien-aimé neveu, le duc de Berry, et à nos cousins, le duc d’Orléans, le prince de Condé, le duc de Bourbon.”

 

duc d'Angoule¦éme portant les Ordres royaux, y compris la Le¦ügion d'Honneur

Le duc d’Angoulême portant les Ordres royaux,y compris la Légion d’Honneur

 

Mais, par manque de fonds, ou pour tout autre motif moins avouable, les traitements des membres de la Légion d’Honneur sont réduits de moitié fin décembre 1816. Cela n’est pas sans faire penser aux “demi-soldes”.

L’ordonnance du 12 mai 1814, avait décidé la suppression de cent régiments d’infanterie sur plus de deux centset de trente-huit de cavalerie sur cent deux.

Douze mille officiers avaient été mis à la retraite ou en position de demi-solde et trois cent mille soldats, licenciés. Ces officiers déclassés, privés de commandement et d’affectation, retournèrent à la vie civile. Ils ne touchent qu’une solde réduite, permettant tout juste de vivre décemment. Ces militaires à la demi-solde sont tenus de s’installer dans le département de leur lieu de naissance et touchent chaque mois leur demi indemnité au chef-lieu d’arrondissement.

La situation des demi-soldes a été exagérée par la littérature et par l’historiographie bonapartiste car beaucoup d’entre eux en ont profité pour se marier et revenir à une vie normale, après plus de vingt ans de guerres, commencées en 1792 et terminées en 1815.

La Restauration, mis à part l’expédition d’Espagne, fut une période de non-guerre, dont la France avait besoin.

Un ordonnance du 24 avril 1824 rappelle quels sont les ordres royaux avoués :

1° Saint-Esprit,

2° Saint-Michel,

3° Saint-Louis,

4° Mérite militaire,

5° Légion-d’Honneur,

6° Saint-Lazarreet Notre-Damedu Mont-Carmel réunis.

Il est difficile de savoir si ce classement vaut réellement préséance entre les ordres mais il est probable que, pour la noblesse d’Ancien Régime, la Légion d’Honneur avait moins de valeur à leurs yeux que les ordres anciens. D’ordre premier, voire unique, sous l’Empire la Légion d’Honneur se trouve perdue à la suite des autres ordres. Il semble que les premiers moments de réconciliation nécessaire passés, le souverain en soit venu à favoriser ceux qui constituaient la base de l’Ancien Régime. Louis XVIII n’était toutefois pas un ultra, et la Chambre Introuvable, comme la Terreur Blanche, ne furent pas de son goût.

Charles X fit une avancée en faveur de l’ordre en 1829. Il réduisit de 25 à 20 ans le temps nécessaire passé dans un emploi, civil ou militaire, pour pouvoir être nommé dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.

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Charles X remettant la Légion d’Honneur

 

LA MONARCHIE DE JUILLET ET LE SECOND EMPIRE

Après les Trois Glorieuses – 27, 28 et 29 juillet 1830 – qui virent la fin de la Restauration, deux cent dix neuf députés, le 7 août, déclarèrent le trône vacant à la suite de l’abdication de Charles X, et proclamèrent Louis-Philippe, duc d’Orléans, “Roi des Français”. La Chambre des Pairs l’accepta le même jour. Le 9 août, Louis-Philippe Ier acceptait le trône et prêtait serment. Le 14 août, la Charte est promulguée, avec en son article 63 : La Légiond’Honneur est maintenue. Le roi déterminera les règlements intérieurs et la décoration. La veille une ordonnance royale avait maintenu l’effigie de Henri IV et la devise Honneur et Patrie, sur la médaille.

La Monarchie de Juillet ne changea pratiquement rien dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Elle lui rendit toutefois la première place après la suppression des ordres de l’Ancien Régime. Le décret du 7 août 1830 fit donc de la Légion d’honneur le seul ordre national. Elle le restera jusqu’en 1963, année où l’ordre National du Mérite est créé. L’ordre du Saint-Esprit fut aboli en 1830. Il en fut de même pour l’ordre de Saint-Louis.

Louis-Philippe rétablit dans leurs droits les légionnaires nommés durant la période des Cent-Jours.

Louis-Philippe arborant la Le¦ügion d'Honneur

Louis-Philippe arborant la Légion d’Honneur

Des statistiques établies en 1840 montrent quelle était au milieu du XIXe siècle la composition de l’ordre, dans le domaine militaire.

L’armée comprenait 16 155 officiers, tous grades confondus, de Maréchal de France à sous-lieutenant, dont 6244 décorés de la Légion d’Honneur et 9911 non décorés. Les Grands-Croix étaient tous Maréchaux ou Lieutenants-Généraux ( Généraux de corps d’armée ou de division) ), les Grands-Officiers étaient tous Maréchaux de Camp (Généraux de Brigade), les Commandeurs étaient tous au moins colonels ou commandants de place, les Officiers allaient jusqu’au grade de capitaine, les chevaliers de Maréchaux de Camp à sous-lieutenant.

Napoléon III ne changea rien et il fallut attendre 1962 pour voir de nouveaux statuts de l’Ordre de la Légion d’Honneur.

En 1802, la Légion d’Honneur comprenait 6105 membres, en 1814 32000, en 1848 47000, en 1878 60 000, en 1914 48000, en 1960 300 000 et en 2010 93000.

 

LES DIFFERENTS SERMENTS sous les différents régimes

Il est intéressant de comparer les différentes formules du serment sous les différents régimes. Ils reflètent l’état d’esprit du souverain et l’évolution politique de la France.

Sous le Consulat, le serment était un engagement à défendre la République, son territoire et ses principes : « Je jure sur mon honneur de me dévouer au service de la République, à la conservation de son territoire et de son intégrité, à la défense de son Gouvernement, de ses lois et des propriétés qu’elles ont consacrées, de combattre par tous les moyens que la Justice, la raison et les lois autorisent, toute entreprise tendant à tablir le régime féodal, à reproduire les titres et qualités qui en étaient l’attribut ; enfin de concourir de tout mon pouvoir au maintien de la Liberté et de l’Égalité. »

Sous l’Empire, de 1804 à 1811, ce serment est prononcé en faveur du nouveau souverain.

Du 20 mars 1811, naissance du Roi de Rome, au 11 avril 1814 et pendant les Cent-Jours, le serment devient un véritable acte de sujétion politique à la nouvelle dynastie : « Je jure d’être fidèle à l’Empereur et à sa dynastie : je promets sur mon honneur de me dévouer à son service, à la défense de sa personne et à la conservation du territoire de l’Empire dans son intégrité, de nassister à aucun conseil ou réunion contraire à la tranquillité de l’État ; de prévenir Sa Majesté de tout ce qui se tramerait, à ma connaissance, contre son honneur, sa sûreté ou le bien de l’Empire .»

La première Restauration, prolifique en nomination, réduisit le serment à sa plus simple expression : « Je jure d’être fidèle au Roi, à l’Honneur et à la Patrie. »

La deuxième Restauration (1815-1830) sera beaucoup plus disserte et se calque sur le dernier serment de période impériale, où l’on étend les devoirs envers l’Etat et le souverain jusqu’à la délation : « Je jure d’être fidèle au Roi, à l’honneur et à la Patrie, de révéler à l’instant tout ce qui pourrait venir à ma connaissance, et qui serait contraire au service de Sa Majesté et au bien de l’État ; de ne prendre aucun service et de ne recevoir aucune pension, ni traitement d’un Prince étranger, sans le consentement exprès de Sa Majesté ; d’observer les Lois, ordonnances et règlements, et généralement faire tout ce qui est du devoir d’un brave et loyal Chevalier de la Légion d’honneur. »

 Serment pre¦éte¦ü par Etienne d'Orle¦üans, sans rapport a¦Ç la famille royale

Serment prêté par Etienne d’Orléans,sans rapport avec le Famille Royale

Sous Louis-Philippe (1830-1848), le serment redevient beaucoup plus simple, adaptation voulue par le roi bourgeois : « Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume. »

Le serment sous la Deuxième République (1848-1852) se calque sur la Monarchie de Juillet : « Je jure obéissance à la Constitution et fidélité au président de la République. »

Le Prince-Président enrichit le texte : « Je jure fidélité au président de la République, à l’honneur et à la Patrie ; je jure de me consacrer au bien de l’État et de remplir les devoirs d’un brave et loyal chevalier de la Légion d’honneur. »Sous le Second Empire, on substitue “ »Empereur » à « président de la République.

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Croix en diamants de Napoléon III

La Troisième République, dans son décret du 5 septembre 1870, abolit tout serment à caractère national.

EVOLUTION DU RECRUTEMENT

Par suite de la destruction des archives de la Légion d’honneur lors de l’incendie de l’hôtel de Salm durant la Commune de Paris en 1870, il ne reste plus le détail des nominations antérieures à 1870.

On peut cependant retracer l’évolution de l’ordre et son ouverture progressive aux cours des deux derniers siècles.

Les catégories sociales

Sur le plan social, Napoléon, Louis XVIII et Charles X, comprirent dans la partie civile de l’ordre des parlementaire, des hauts fonctionnaires, des dignitaires de l’Église, des savants, des artistes, sculpteurs, peintres, architectes, musiciens. La Légion d’honneur ne fut octroyée que rarement aux industriels, écrivains et universitaires.Pas un acteur, un artisan ou un négociant ne la reçut. Inutile de dire qu’elle fut exclusivement réservée aux hommes.

Louis-Philippe ajouta aux catégories traditionnelle la Garde nationale, c’est-à-dire l’armée de civils à qui il devait pouvoir. Il n’oublia pas les négociants, artisans et industriels qui constituaient la base de son régime.

Napoléon III fut beaucoup généreux et plus large d’esprit. Il fit considérablement évoluer les nominations dans le sens de l’éclectisme. Industrie, science, aventure coloniale, écriture, théâtre purent bénéficier de nominations. Il admit enfin des femmes.

A titre militaire la première femme décorée le 15 août 1851 fut Angélique-Marie-Angélique Duchemin (1772-1859) veuve d’André Brulon. Elle fut caporal, sergent-major et enfin sous-lieutenant avec sept ans de service, sept campagnes, trois blessures. Elle fut admise aux Invalides en 1804. Le Maréchal Serurier avait sollicité pour elle la Légion d’Honneur. Cela fut refusée. Le prince-président y rémédia.

A titre civil, ce fut Madame Marie-Amélie Abicot de Ragis, née Boisseau des Epinettes (1817-1883) décorée à titre civil le 14 juillet 1852. Agressée à son domicile par trois hommes qui la menacent avec des poignards, exigeant qu’elle leur donne l’argent qui est en sa possession, blessée elle ne peut empêcher les voleurs de s’emparer d’un certain nombre de choses, dont la légion d’honneur de son beau-père, un objet cher entre tous. Malgré ses blessures, la jeune femme se lance à la poursuite de ses agresseurs, armée d’un pistolet, et réussit à récupérer la précieuse relique. Pour cet acte héroïque, elle recevra la légion d’honneur des mains de Napoléon III, qui décrochera sa propre médaille de sa poitrine pour la donner à Marie.

 Marie-Ame¦ülie Abicot

Marie-Amélie Abicot de Ragis

Rosa Bonheur fut la première femme élevée au grade d’Officier, en 1894. Nommée chevalier de la Légion d’Honneur par Napoléon III, en 1865, l’Impératrice Eugénie en personne vint la décorer.

 

Rosa Bonheur

Rosa Bonheur

Comme il a été vu, Napoléon, pendant les Cent-Jours, décora trois villes qui s’étaient particulièrement distinguées pendant la campagne de France. Napoléon III ajouta Roanne. Les trois guerres 1870, 14-18 et 39-45 permirent de décorer soixante cinq villes, héroïques ou martyrs, dont cinq pour le seul Pas-de-Calais : Arras, Bapaume, Béthune, Lens, Boulogne et Calais.

Trente-huit drapeaux de Régiments, cinq formations militaires, sept unités de Sapeurs-pompiers, vingt-quatre écoles militaires dont trois étrangères ont été décorés entre 1880 et 1960.

De même, 21 écoles civiles ont été décorées. Il faut ajouter des collectivités telle que la Croix-Rouge française, la SNCF, le réseau Résistance PTT. L’abbaye Notre-Dame des Dombes fut décorée de la Légion d’Honneur et de la Croix de Guerre en 1946. Les moines, trappistes à l’époque, soutinrent activement le maquis et abritèrent Juifs et Résistants.

Grands-Chanceliers depuis la création de l’Ordre

Le comte de Lacépède, premier Grand-Chancelier, nommé en 1803, n’était pas militaire. Pas plus que ne l’était le premier Grand Chancelier nommé par Louis XVIII le 6 avril 1814, Monseigneur Dominique Dufour, baron de Pradt, entr’autres archevêque de Malines (1809) Premier Aumônier de l’Empereur, rallié aux Bourbons, puis dans l’opposition libérale. Tous les autres grands-chanceliers furent des militaires et une part belle fut faite au XIXe, aux maréchaux et généraux de l’Empire, même sous la monarchie.

2 juillet 1815 – Maréchal Jacques MacDonald, duc de Tarente – 11 septembre 1831, Maréchal Edouard Mortier, duc de Trévise – 7 mars 1839, Maréchal Charles Oudinot, duc de Reggio – 22 octobre 1842, Maréchal, comte Maurice Gérard – 19 mars 1848, Général de division, baron Jacques Subervie – 23 décembre 1848, Maréchal, comte Gabriel Molitor – 15 août 1849, Maréchal, comte Rémy Exelmans – 13 août 1852, Général de division, comte Philippe d’Ornano – 26 mars 1853, Général de division Charles Lebrun, duc de Plaisance, fils du Troisième Consul- 27 janvier 1864, Général de division, comte Auguste de Flahaut de la Billarderie, ardent bonapartiste – 5 décembre 1895, Général de division Léopold Davout, duc d’Auerstaedt, petit-fils de maréchal.

Depuis 9 juin 2010, le Général d’armée Jean-Louis Georgelin est l’actuel Grand Chancelier de la Légion d’Honneur.

LES AFFAIRES

Symbole de tant de gloire et de dévouement, décoration enviée, la Légion d’Honneur fut hélas, aussi parfois en difficultés.

Si elle avait parfois été distribuée de façon abusive sous la Première Restauration, récompense d’une fidélité aux Bourbons, plus que de hauts faits d’armes et de bravoure, et ce au grand dam des anciens légionnaires, elle fut à la fin du XIXe au coeur de scandales.

Le premier fut l’affaire dite des Décorations. Daniel Wilson, possédant une immense fortune personnelle héritée de sa famille, avec hôtel particulier rue de Varennes, puis avenue d’Iéna et deux châteaux, épousa le 2 octobre 1881, Alice Grévy, fille du président de la République. Député d’Indre et Loire, installé dans un bureau du palais de l’Elysée, il se mit à vendre décorations et médailles pour financer des journaux de province. Une Légion d’Honneur, obtenue par ses bons soins, pouvait coûter jusqu’à l’équivalent de 300 000€. Dénoncé par la presse en 1887, il ne fut que moyennement atteint pas le scandale. Siégeant à la Chambre, grâce à son immunité parlementaire, il fut enfin condamné à deux ans de prison, mais relaxé en appel. Il fut réélu deux fois encore par la suite. Son beau-père, Jules Grévy, eut plus de dignité en démissionnant. Les légionnaires qui avaient obtenu leur décoration en payant furent rayés de l’ordre.

 

Daniel Wilson

Daniel Wilson ( 1840-1919) gendre de Jules Grévy

Le scandale de Panama atteint aussi l’Ordre de la Légion d’Honneur de façon indirecte. Beaucoup de personnalités politiques et de journalistes, ayant accepté des pots-de-vin pour permettre la levée frauduleuse des fonds destinés à creuser le canal, suivant les plans de Ferdinand de Lesseps, étaient membres de la Légion d’Honneur. L’ordre n’était bien sûr pas mis en cause mais cela porta un préjudice à son image. Les condamnés furent radiés respectant ainsi les statuts.

A la suite de l’Affaire Dreyfus, Emile Zola, Officier de la Légion d’Honneur, fut radié pour avoir porté atteinte à l’honneur de l’armée, avec son “J’accuse”. En même temps l’attaché militaire allemand Schwartzkoppen, destinataire du tristement célèbre bordereau, fut fait officier de la Légion d’honneur. Si ce dernier n’était pas responsable de l’Affaire Dreyfus, telle que se développa ensuite, il n’en était pas moins au coeur.

La République étant établie de façon définitive, la Légion d’Honneur continua à en être la décoration principale. Les Français ne démentirent pas leur attachement à cette récompense malgré les scandales de la fin du XIXe siècle. Ils eurent pour effet de rendre plus vigilants ceux qui étaient chargés d’attribuer cette décoration prestigieuse. Le nombre de légionnaires connut une baisse vers 1900, baisse que les deux guerres enrayèrent, hélas. Seront nommés ou promus 54 600 combattants de la Grande Guerre et 21 300 de 1939-45.

En 1962, le Général de Gaulle modifia un certain nombres d’éléments, sans modifier l’esprit de l’ordre, bien au contraire.

Palais de la Légion d’Honneur

Depuis 1804, date de son acquisition, l’Ordre de la Légion d’Honneur est installé en l’Hôtel de Salm, à l’angle de la rue de Solférino et de la rue de Lille, donnant sur la Seine. C’est un superbe édifice néo-classique, dont la construction fut achevée en 1787 qui dont l’architecte fut Pierre Rousseau, construit pour le prince de Salm-Kybourg qui fut guillotiné en 1794.

 Hotel de Salm sous l'Empire

Hôtel de Salm sous l’Empire

  Salon de la Rotonde

Salon de la Rotonde

 

AUJOURD’HUI

Selon la Grande-Chancellerie, voici l’état actuel des principes et des attributions : L’attribution de la Légion d’honneur repose sur des principes clairs, des procédures bien établies. Pourtant, elle récompense une notion abstraite, hautement subjective, multiforme et toujours fédératrice : les « rites éminents».

Les conditions d’attribution

Pour entrer dans l’ordre de la Légion d’honneur, il faut remplir deux conditions préalables :

   La nationalité : seuls les citoyens français peuvent être admis dans l’ordre.

   Les étrangers peuvent être distingués dans l’ordre de la Légion d’honneur mais n’en sont pas membres.

   Lhonorabilité : le futur légionnaire doit avoir un casier judiciaire vierge et une bonne moralité. Une enquête est effectuée pour s’assurer de la recevabilité des dossiers sur ces deux points.

Les mérites éminents

   Selon le code, « la Légion d’honneur est la récompense des mérites éminents acquis au service de la nation soit à titre civil, soit sous les armes ».

Qu’est-ce qu’un « mérite éminent » ? Il n’en existe pas de définition théorique ou de liste exhaustive. C’est la mission du conseil de l’ordre de juger, à partir des éléments de carrière qui lui sont donnés et selon la jurisprudence de l’ordre, s’il y a ou non mérites éminents.

Ces mérites prennent les formes les plus diverses puisqu’il sagit à chaque fois d’apprécier l’action d’un être humain, la richesse d’un parcours de vie, un acte de courage ou de générosité, une action en faveur des idéaux nationaux.

Chacun est donc évalué à lintérieur de son champ d’activité.

anmoins, une série de critères communément admis sont pris en compte, étayés par une jurisprudence de deux siècles :

   L’éminence des services : pouvoir justifier de qualité de services, d’actions ou d’engagements à la fois exigeants et mesurables.

   Le bénéfice commun : avoir œuvré pour le bien de la nation et non en fonction d’un intérêt propre exclusif (création d’emplois, développement de l’éducation, soutien aux personnes défavorisées, innovation technologique, médicale, création artistique, par exemple)

   La notoriété des mérites : avoir été reconnu pour ses mérites, faire figure de modèle de civisme pour ses concitoyens, participer au rayonnement de la France à l’étranger (quil s’agisse d’interventions militaires, de prouesses sportives ou encore d’une influence économique).

   La durée des services : un minimum de 20 ans d’activité est requis pour entrer dans l’ordre de la Légion d’honneur.

 

Les promotions à un grade supérieur sont accordées si le légionnaire fait la preuve de nouveaux mérites et selon des délais minimum :Du grade de chevalier à celui dofficier : huit ansDu grade dofficier à celui de commandeur : cinq ans – Du grade de commandeur à la dignité de grand officier : trois ans – De la dignité de grand officier à celle de grand-croix : trois ans

Les propositions exceptionnelles

Chaque année, une vingtaine de remises de Légion d’honneur dérogent à ces règles générales. Ces propositions, dites à titre exceptionnel, interviennent dans des limites très strictes pour récompenser sans attendre la personne concernée.

Il s’agit notamment de personnes ayant exposé leur vie dans l’exercice de leurs fonctions : militaires tués ou blessés en opérations, pompiers et sauveteurs, officiers de police

Certaines carrières se déroulent sur des durées très courtes et, lorsqu’il y a une action exceptionnelle, peuvent conduire à une dérogation à la règle des 20 années de service. C’est le cas par exemple des médaillés d’or aux Jeux olympiques qui sont récompensés pour avoir fait rayonner la France dans le monde.

Les décorés étrangers

   Les étrangers peuvent être décorés de la Légion d’honneur s’ils ont rendu des services (culturels, économiques…) à la France ou encouragé des causes qu’elle défend (défense des droits de l’Homme, liberté de la presse, causes humanitaires…).

   Les visites d’Etat sont également l’occasion d’attributions de la Légion d’honneur aux personnalités officielles, faites au titre de la réciprocité diplomatique et soutenant ainsi la politique étrangère de la France.”

Le Grand-Maître est le Président de la République, ès qualité.

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Le conseil de l’ordre de la Légion d’honneur

 Par ses attributions et son fonctionnement, le conseil de la Légion d’honneur exerce le rôle de conseil d’administration de l’ordre.

Le conseil de l’ordre délibère puis confirme ou rejette les dossiers de nominations ou de promotions qui lui sont transmis par les ministres. Il donne son avis, avant proposition au grand maître, sur les éventuelles sanctions disciplinaires à prendre contre un décoré. Il examine les questions relatives aux statuts de la Légion d’honneur. Il veille à l’observation des règlements de l’ordre et des établissements associés (maisons d’éducation et musée). Il approuve le budget de l’institution et suit son exécution. Il étudie environ 3.700 dossiers par an pour la Légion d’honneur. Les membres siègent pendant un mandat de quatre ans renouvelable

Sa composition :

Le grand chancelier, président, 17 personnalités, nommées par le grand maître sur proposition du grand chancelier, soit quinze dignitaires ou commandeurs de l’ordre, un officier et un chevalier. Les membres sont choisis de façon à refléter la diversité de la société française dans tous les secteurs d’activité, industrie, culture, enseignement, médecine, administration, armée, syndicalisme…

Conseil de l’Ordre actuel

Tous les détails relatifs à son organisation et à ses membres se trouvent sur le site web de la Grande Chancellerie : www.legiondhonneur.fr/

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Principaux modèles des différentes médailles depuis 1802

S’il est de bon ton de dire qu’on est pas intéressé par l’attribution de cette décoration et qu’elle est attribuée à n’importe qui, rares sont ceux qui la refusent.

Parmi les personnalités qui l’ont refusé, on peut citer Marcel Aymé qui le fit avec un humour grinçant : « Pour ne plus me trouver dans le cas d’avoir à refuser d’aussi désirables faveurs, ce qui me cause nécessairement une grande peine, je les prierais qu’ils voulussent bien, leur Légion d’honneur, se la carrer dans le train, comme aussi leurs plaisirs élyséens »

La Légion d’Honneur reste l’ordre le plus prestigieux en France et compte parmi les plus prestigieux au monde. Il continue de récompenser militaires et civils pour leur courage et leur dévouement à la Nation française.

Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe avaient bien compris que cette décoration instituée par Napoléon Ier était dès son origine liée à l’idée même de la valeur du peuple français. Nul n’a jamais songé à la remettre en cause.

Les légionnaires ont eu des filles dont beaucoup ont été élevées dans les Maisons de la Légion d’Honneur. Leur histoire est l’objet du troisième article. (Un grand merci à Cosmo pour cet article)

Grand Cordon de la Le¦ügion d'Honneur sous Napole¦üon Ier

Grand Cordon sous Napoléon Ier