Probablement peu de gens savent que l’ultime demeure d’une soeur du dernier tsar de Russie Nicolas II, la grande-duchesse Xenia Alexandrovna de Russie se trouve en France à Roquebrune-Cap-Martin, station balnéaire voisine de la principauté de Monaco.

La vie de la princesse se scinde en deux parties bien distinctes : la période grandiose à la Cour impériale et l’obscur temps de l’exil. La grande-duchesse Xénia de Russie naît le 25 mars 1875 à Saint Pétersbourg. Elle est le quatrième enfant du futur tsar Alexandre III et de la princesse Dagmar de Danemark. Adolescente, elle tombe amoureuse d’un jeune cousin de son père de 9 ans son aîné, le grand-duc Alexandre Michaïlovitch, petit-fils du tsar Nicolas I, issue de la lignée cadette des Michaïlovitch. Elle l’épouse à 19 ans et lui donnera 7 enfants mais le caractère volage du grand-duc Alexandre anéantira l’harmonie du couple. L’exil en 1919, entérinera la sépartion des époux sans heurt ni tapage.

De fait, la grande-duchesse se retire du monde, bénéficiant de la parcimonieuse hospitalité de ses cousins royaux anglais qui mettent à sa disposition un petit et fort modeste cottage Wilderness House dans le parc du château de Hampton Court. C’est là qu’elle vivra jusqu’à la fin de ses jours à 85 ans. Xénia de Russie accepta ce que le destin lui avait réservé sans se plaindre, comme touchée par le fatalisme slave. Il existe peu de photos d’elle au cours de l’exil. Pendant toute cette période, elle s’est tenue éloignée des querelles qui agitent l’immigration russe, a fuit les mondanités et les cérémonies du Gotha qui lui est pourtant largement apparenté. Son existence était centrée sur ses enfants (dont Irina, épouse du prince Félix Youssoupov) et ses petits-enfants. La grande-duchesse Xénia est décédée à Wilderness House le 20 avril 1960, loin de sa Russie natale qu’elle n’avait jamais revue, recluse dans ses souvenirs et la douleur du grand malheur qui avait frappé les Romanov. sa tombe est bien à l’image de cette seconde partie de vie : loin du monde…

Pour accéder au cimetière où repose la grande-duchesse, voici l’itinéaire. Vous quittez la plage de Roquebrune-Cap-Marrin, pleine de vie et de baigneurs en cette période estivale. On se dirige vers le village tout proche mais si vous y cherchez le cimetière, vous ne le trouverez pas. C’est au vieux village qu’il faut aller.

Prenez alors la route qui monte dans la montagne et au bout de quelques kilomètres, vous atteindrez le village médiéval. On y voit une petite église mais pas encore le cimetière. Il faut aller plus loin et continuer le chemin qui serpente à tarvers la forêt et prendre encore un peu d’altitude.

Vous passez devant une station d’épuration et ensuite vous arriverez au cimetière. Descendez les marches et les rangées où s’alignent tombes et tombeaux (vous verrez celle de Le Corbusier). Dans l’ultime alignement, au fond du cimetière, au pied du mur d’enceinte, se trouve la sépulture impériale. Sur la croix, en caractères cyrilliques, l’inscription « Grand-Duc Alexandre Michaïlovitch 1866-1933« . Sur le plat de la tombe blanche, toujours en russe, on lit « Grande-duchesse Xania Alexandrovna 1875-1960« .

Dessous sont mentionnés un des fils du couple qui les a rejoints ici en 1974 Nikita Alexandrovitch de Russie et son épouse Marie, née comtesse Vorontzov-Dachkova, décédée en 1997. Tout est d’une simplicité absolue qui confine au dépouillement. On est bien loin de l’opulence et du faste de la cour de Saint Petersbourg ou même de la solennité de la nécropole impériale de la forteresse Pierre et Paul. (Un grand merci à Jean-Luc pour ses photos et ses recherches pour le texte)